A Marseille, Spartan Space développe l’habitat lunaire

Spécialisée dans les habitats en conditions extrêmes, la jeune pousse basée à Marseille développe un module lunaire ayant vocation à servir d’habitat secondaire aux futurs astronautes en mission sur la Lune. Une enveloppe d’un million d’euros a déjà été investie dans ce projet innovant soutenu entre autres par l’ESA, le CNES et Thales Alenia Space, qui multiplie les campagnes de tests. Avec l’objectif d’être opérationnel dès 2030.
(Crédits : Spartan Space)

Il y a quelques jours à peine, tout début mai, une sonde lancée par la Chine se posait sur la face cachée de la Lune afin d'y collecter des échantillons. Quatre mois auparavant, c'est le Japon qui y envoyait un engin spatial, après l'Inde à l'été 2023. Au total, ils sont cinq à former le club très fermé des pays ayant investi notre satellite. Et l'Europe ? « Elle est malheureusement très timide sur ce sujet, sans réelle volonté politique. C'est une hérésie pour ce continent qui a donné naissance à tant d'explorateurs. Il nous faudrait un Kennedy européen pour fixer le cap », estime Peter Weiss.

Ce franco-allemand, originaire de Munich, veut y aller, sur la Lune. Il veut même y construire une maison. C'est tout l'objet de la startup Spartan Space qu'il a fondée il y a trois ans à Marseille avec une équipe d'ingénieurs spécialisés dans l'espace et les abysses, d'astronautes et d'architectes. Un groupe multidisciplinaire et intergénérationnel qui entend bien contribuer aux futures missions lunaires par le biais de l'habitat au travers du projet Eurohab.

Habitat secondaire

Présenté sous forme de prototype lors de l'exposition universelle de Dubaï, au sein du pavillon France, ce module gonflable et mobile se veut un habitat secondaire pour les astronautes. « Autonome, il peut être déployé automatiquement sur le sol lunaire permettant ainsi aux astronautes de s'éloigner de la base de vie principale pour quelques jours afin de mener à bien leurs recherches », explique le dirigeant, soutenu dans ce projet par l'ESA, le CNES, le CEA, Air Liquide, Thalès Alenia Space ou encore Airbus. Un positionnement complémentaire à la mission Artemis portée par la NASA qui vise à maintenir une présence humaine sur la surface lunaire à partir de 2025, au plus tôt.

Lire aussiSpace Pharma EU met en orbite les entreprises de la santé et du skin care

A ce jour, une enveloppe de 1 million d'euros a été investie dans cet habitat spatial qui, fin février 2024, a fait l'objet d'une première campagne de tests à Tignes, en Savoie. D'autres suivront, dans le désert marocain en 2024, dans le froid islandais en 2025. L'idée : tester l'habitat bien sûr mais aussi les sous-systèmes, comprendre les différentes briques technologiques qui composent ce puzzle innovant comme le sas, la partie gonflable ou encore le système de gestion d'énergie. Un ensemble de « technologies matures et maîtrisées », assure Peter Weiss, donc exploitables en condition lunaire « dès 2030 » et sur Terre par la suite. « Notre modèle économique est aussi basé sur le fait que ces technologies de gestion d'énergie, de réduction de CO2, de recyclage d'eau, etc., pourront être appliquées dans les maisons lambda. »

Vases communicants

En attendant, Spartan Space et sa dizaine de collaborateurs mènent des projets en parallèle qui lui permettent de générer du chiffre d'affaires, plus d'un million d'euros en 2023. Parmi eux, le développement d'un scaphandre made in Europe, en collaboration avec le CNES, Décathlon et l'Institut de médecine et de physiologie spatiales (MEDES), ou encore la mise au point du plus grand simulateur lunaire d'Europe, basé au Luxembourg, qui vise à reproduire les conditions de vie sur la Lune.

Lire aussiComment ACRI-ST se renforce dans le New Space

Depuis 2021, Spartan Space a ainsi participé à une bonne trentaine de projets en lien avec l'espace, mais aussi avec les profondeurs marines, l'entreprise du New Space étant spécialisée dans les habitats en conditions extrêmes. « Il y a de nombreux points communs entre les mondes spatial et marin. Or ces deux mondes ne se parlent pas. A nous de créer les vases communicants qui vont bien », insiste Peter Weiss. Lequel exclut à cette heure tout recours à la levée de fonds pour soutenir son développement. « Je veux croire qu'il est encore possible de réussir avec une bonne idée, une bonne équipe, une bonne stratégie, sans faire le tour d'investisseurs bien souvent extra-européens ». Une position « extraterrestre sur la planète startup de France », admet-il, mais nécessaire si « l'on veut garder une souveraineté européenne ».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.