Luxe, marque de prêt-à-porter, comment Le Point Français tire son épingle du made in France

Pour l’atelier de confection basé à Nice, l’industrie textile française n’a pas dit son dernier mot. Né en 2019 pour combler un vide, le fabricant de vêtement porté par le made in France prend du galon, aborde le segment luxe et se prépare à lancer sa propre marque de prêt-à-porter.
(Crédits : DR)

L'industrie textile française peut-elle renaître de ses cendres ? Si l'âge d'or d'avant-guerres appartient définitivement à l'Histoire, le dernier tiers du XXe siècle et la délocalisation massive de la production, réduisant l'effectif de deux-tiers entre 1986 et 2004, ont plongé la filière dans une forme d'apathie qu'une nouvelle génération d'entrepreneurs souhaite réveiller. Parmi eux, Alexandre Yao et Serge Oponou, cofondateurs de l'atelier de confection textile Le Point Français à Nice. Il fait partie des 2.150 entreprises recensées en 2021 par l'Union des Industries Textiles (UIT) qui officient sur le territoire national. L'ensemble, composé à 63% de PME, emploie 62.500 personnes pour un chiffre d'affaires de 13,9 milliards d'euros, dont 75,5% sont réalisés à l'export. Un marché actuellement sous tension, après deux années post-Covid encourageantes pour le made in France, désormais bousculé par l'inflation, le coût de l'énergie et des volumes de commande en baisse. « C'est un métier où il faut constamment se réinventer, relève Alexandre Yao. C'est en proposant une offre de services diversifiée et proche du besoin des clients que l'on arrive à trouver une cohérence au fait de produire en France ».

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L'effet du bouche-à-oreille

Retour en 2019. Le Point Français est à l'origine une réponse apportée à la marque-créateur de son co-fondateur Serge Oponou, dont le développement pâtissait de problèmes de production. Suivant l'adage qui veut que l'on soit mieux servi que par soi-même, l'atelier naît dans un garage avec une paire de machines et un couturier. « Nous n'étions alors qu'un outil de production pour accompagner les besoins de nos collections », se souvient le dirigeant. Mais dans ce petit monde, le bouche-à-oreille fait très vite son œuvre, d'autant plus quand nombreuses sont les marques, installées ou émergentes, à faire face à la pénurie de prestations de production « sérieuses et structurées ». De fil en aiguille, le carnet de commandes s'étoffe, au point d'ouvrir un atelier, puis deux, dans le quartier niçois de la Madeleine. Aujourd'hui, le Point Français s'étend sur une surface totale de 600 m², dispose d'un parc de machines complet et varié, emploie une quarantaine de personnes pour un chiffre d'affaires de 1,5 million d'euros pour l'exercice 2023.

Prestations à 360°

Dans sa besace, des griffes renommées comme Eres, Le Slip Français ou encore Oxbow, le groupe ÏDKids avec sa marque pour enfants Absorba ainsi que des designers et créateurs plus ou moins confidentiels. Tous viennent chercher « du savoir-faire », de la « technicité » mais aussi et surtout « une flexibilité permettant un accompagnement depuis l'idée (conception, modélisme, sourcing des matières) jusqu'au produit final (prototypage, têtes de série, production de moyennes et grandes séries), voire sa distribution », précise Alexandre Yao. Fidèle à son postulat de départ, le Point Français, dont le bureau d'études est présenté comme « l'un des plus importants de la région », propose donc une offre de services large dans laquelle chacun vient piocher en fonction de ses besoins, se différenciant ainsi des ateliers surspécialisés qui peuplent la filière.

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Lancement de sa propre marque

En phase de croissance, l'atelier a rejoint le Réseau Entreprendre Côte d'Azur fin 2023 pour l'aider à orchestrer son développement. Celui-ci passe forcément par le luxe, segment abordé l'an passé avec Eres qui, avec le textile technique, porte l'activité hexagonale et justifie un facteur de coût à la minute pouvant aller jusqu'à 10 entre la France et l'Asie. La seconde priorité consiste à développer sa propre marque de prêt-à-porter, afin de capitaliser sur le savoir-faire acquis. La première collection est attendue en 2024.

Pour se faire, Le Point Français cherche à étoffer son effectif. « Dans ce métier, pour grossir, faut embaucher, et c'est ce qui en fait tout son intérêt. Notre industrie embarque de l'humain à grande échelle, elle a un impact local à la fois social, sociétal et économique. » D'où les efforts apportés par l'atelier niçois à la formation, qu'il déploie en continue, aux horaires aménagés de manière à être compatible avec la vie de famille, jusqu'au positionnement même de son site de production, en ville, pour faciliter son accessibilité à une population d'employés pas forcément véhiculés. Et ainsi, pièce par pièces, recoudre une industrie du textile made in France.

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