Energies marines : pour Nautilus Dynamics,“l’expertise de l’Oil and Gas doit servir le renouvelable”

Basé à Nice depuis 2022, le bureau d’études spécialisé dans les énergies marines, expert en hydrodynamique, profite de l’élan donné par les projets éoliens en mer pour verdir son activité offshore, désormais équilibrée entre le renouvelable et l’Oil and Gas.
(Crédits : DR)

En France, l'éolien offshore accélère. Sur le papier d'abord, avec un objectif fixé en février 2022 par le Président de la République, amendé en juin 2023, qui vise à mettre en service une cinquantaine de parcs éoliens au large des côtes françaises pour une capacité installée de 18 GW en 2035 et de 45 GW en 2050. Une trajectoire de développement déterminée par un "Pacte pour l'éolien en mer" signé entre l'Etat et les représentants d'une filière française particulièrement active qui représentait fin 2022 plus de 7.500 emplois directs. Ils devraient être quatre fois plus en 2035.

Sur la table, donc, un cap et des engagements à hauteur de plus de 40 milliards d'euros pour soutenir la réalisation de projets d'éoliennes en mer au cours des quinze prochaines années. A ce jour, selon le site eoliennesenmer.fr porté par la Direction Générale de l'Energie du Climat (DGEC) du ministère de l'Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, douze projets sont en développement dans la Manche et sur la façade atlantique pour une capacité attendue de 7,2 GW, cinq le sont en Méditerranée totalisant, eux, quelque 585 MW. C'est dire le contexte porteur dans lequel s'insère tout un écosystème, dont le bureau d'études Nautilus Dynamics.

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Small is beautiful


Spécialiste de l'énergie marine, l'entreprise est née à Hong-Kong en 2019, avant de poser armes et bagages à Nice en 2022 et d'y installer son siège social. A la fin du mois de février 2024, elle sera aussi présente au Royaume Uni. Un essaimage qui veut à la fois couvrir les différentes zones géographiques du marché de l'énergie offshore, tout en jouant la carte de la proximité pour convaincre les grands donneurs d'ordres - groupes d'ingénierie, opérateurs d'installations offshore, majors de l'Oil and Gas - de faire confiance au savoir-faire du bureau d'études de 5 personnes.

"Les petits bureaux d'études hyper spécialisés comme le nôtre ont un rôle à jouer au sein de l'écosystème, explique son dirigeant fondateur Jocelyn Coulanjon. Ils apportent de la flexibilité, de l'innovation et une souplesse d'exécution pour venir en renfort lors de pics de charge ou pour délivrer une expertise très particulière." En l'occurrence, concernant Nautilus Dynamics, celle-ci se rapporte à tout ce qui a trait à l'hydrodynamique, soit le mouvement des liquides, pour dimensionner les structures à installer et les lignes d'ancrage qui les maintiennent à la bonne position, malgré les courants forts, malgré les tempêtes.

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Des investissements de l'Etat porteurs


Nautilus Dynamics réalise ainsi un chiffre d'affaires d'environ 1 million d'euros, réparti à 50/50 entre les projets renouvelables et l'Oil and Gas. Une première pour la TPE, dont la part des énergies marines renouvelables a clairement été portée par les projets méditerranéens depuis son arrivée à Nice. "Nous profitons pleinement des investissements engagés par l'Etat français dans le renouvelable et, au regard des projets éoliens dans lesquels nous sommes engagés, cet équilibre devrait se maintenir en 2024".

En effet, Nautilus Dynamics participe à deux projets pilotes en Méditerranée où sont expérimentées les éoliennes flottantes : Eolmed et EFGL, deux fermes pilotes de 3 éoliennes situées en Occitanie, à 18 km des côtes de Gruissan pour la première, à 16 km du littoral de Leucate-Le Barcarès pour la seconde, d'une puissance de 30 MW chacune, équivalent à la consommation d'une ville de 50.000 habitants. Privilégié aux structures posées qui garnissent les côtes normandes et bretonnes, ce système est particulièrement adapté aux fonds marins méditerranéens qui excèdent très vite les 60 mètres de profondeur et devrait représenter, selon les prévisions, 35% des projets éoliens hexagonaux en mer d'ici à 2050. Une chance pour la France de se poser en leader mondial du sujet à condition de réussir à réduire les coûts de ces installations sur plateforme.

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L'éolien, mais pas que



L'éolien flottant n'est pas la seule source d'énergies marines renouvelables sur laquelle travaille le bureau d'études niçois. Nautilus dynamics a en effet accompagné en 2023 une startup spécialisée dans le solaire flottant sur les solutions d'ancrage et de stabilité d'une ferme expérimentale en mer, d'une capacité de 1 GW. "Nous nous intéressons également au sujet de l'hydrolienne, qui consiste à utiliser les forces des courants océaniques, très forts par endroit mais surtout très constants à la différence du vent qui dépend de la météo du jour. C'est une voie de développement que nous souhaitons explorer", avance Jocelyn Coulanjon.


Effet de transition


Toutefois, malgré l'accélération des projets décarbonés, l'Oil and Gas garde sa primauté. "On a beau dire, il y a toujours des assets, des développements, des infrastructures à maintenir, d'autant plus dans un milieu aussi éprouvant que la mer", constate le dirigeant dont une partie de l'activité se concentre sur l'étude des navires-usines, ces FPSO ou unités flottantes de production, de stockage et de décharge de pétrole ou de gaz naturel produits en mer, lesquels se multiplient au large du Suriname et de Guyana. Une région du monde qui fait l'actualité géopolitique depuis la découverte de gisements de pétrole importants et que Jocelyn Coulanjon présente comme "le Qatar de demain".

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"Il existe encore des zones très dynamiques en Oil and Gas que nous ne pouvons ignorer, ni opposer aux renouvelables, estime-t-il. Nous sommes dans une phase de transition, où il convient de ne pas rejeter en bloc les premiers pour ne servir que les seconds. Au contraire, l'expertise développée depuis 30 ou 40 ans par l'Oil and Gas offshore doit servir le développement des renouvelables offshore, ne serait-ce que parce que les acteurs sont les mêmes. Un ancrage reste un ancrage. Les usines de fabrication sont les mêmes, les inspecteurs qui vérifient le matériel aussi. Les énergies marines ont un même dénominateur commun qui devrait nous permettre de passer de l'un à l'autre intelligemment". A bon entendeur...

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