Benjamin Balensi, de l'amour de la musique à l'entrepreneuriat

A la tête de l'école artistique Orchestra Studio à Marseille, ce passionné de musique a diversifié son offre au gré des évolutions sociétales. Proposant d'abord des cours de loisirs puis de la formation professionnelle, il a vu surgir, après le covid-19, une demande croissante d'entreprises souhaitant utiliser la culture pour fédérer leurs équipes ou pour séduire leurs clients. Un public pour qui Orchestre Studio a conçu une offre de prestations sous marque blanche.
(Crédits : DR)

Nichée à l'arrière de l'hôpital Saint-Joseph dans le très chic huitième arrondissement de Marseille, l'école de musique Orchestra se présente aux riverains sous la forme d'une discrète enseigne, coincée entre un garage et un salon de coiffure, écrasée par un immeuble de cinq étages. A l'intérieur pourtant, après avoir longé un couloir orné de photos de films en noir et blanc, on déboule sur une vaste cours recouverte de gazon synthétique, généreusement ombragée par quelques platanes centenaires dont on entend les feuilles onduler sous l'effet du vent.

A ce paysage sonore s'ajoutent quelques notes de musique émanant des diverses salles qui entourent la cours. Puis des chants, qui remontent le long des immeubles attenants. « C'est un cours de chorale », explique Benjamin Balensi, le chef d'orchestre de cette école artistique qui fêtera dans une poignée de jours son dixième anniversaire.

Des notes qui soignent

Chez les mordus de musique, la passion est généralement une affaire de famille. « Chez moi, ça a sauté une génération », observe Benjamin Balensi, assis derrière son bureau sur lequel s'entassent de nombreuses feuilles, une agrafeuse, des travaux manuels d'enfants ou encore une corde à sauter. Sa grand-mère était pianiste. Et lui s'y est mis. A l'âge de quatre ans.

Puis il s'éprend de musiques actuelles : jazz, électronique. Tout en s'imaginant un horizon professionnel dans la médecine. « J'ai toujours voulu soigner les gens, les enfants ». Avant de se dire que la musique peut elle aussi guérir certaines plaies. Et il se fait une promesse : celle de sortir un disque pour ses vingt ans. Une promesse tenue avec la sortie de son album Samba et calypso. « Ce disque a plutôt bien marché. Il m'a permis de payer mes études ».

Après un prix au conservatoire, Benjamin Balensi obtient un master en musicologie à Marseille. Le tout, en donnant quelques leçons de piano pour une structure de cours de musique à domicile. Structure dont il prendra la direction marseillaise quelques années plus tard. S'ouvrant une première porte sur le monde de l'entrepreneuriat auquel il prend vite goût. S'appuyant sur la rigueur à laquelle l'a forgé la musique.

La musique comme école de la rigueur

« La musique demande en amont un travail que l'on pourrait qualifier de militaire, très structurant. Le côté artistique, créatif, n'arrive en bout de chaîne. Cette rigueur extrême m'a beaucoup servi ». Pour gérer l'entreprise qu'il dirige. Puis, deux plus tard, pour créer la sienne : Orchestra musique, qui propose là encore des cours à domicile.

Pour faire résonner cette école auprès du public, Benjamin Balensi s'entoure de figures de renom. Jean-Marc Michelangeli des Bonimenteurs. Richard Cross qui officie à la Star Academy ... « Il n'y a pas vraiment de certifications pour faire reconnaître une école de musique et lui donner du crédit. Ce qui compte, c'est le nom des personnes qui assurent les formations ».

Casser les codes de l'apprentissage de la musique

Fondée sur cette notoriété, l'entreprise prospère. Puis en 2013, l'entrepreneur musicien en crée une seconde : Orchestra Studio, une école artistique dotée de locaux. Façon pour Benjamin Balensi de proposer des disciplines qui lui tiennent à cœur, parmi lesquelles le théâtre ou la danse. Des cours auxquels assiste un public composé à 60 % d'enfants. Face à qui l'entreprise adopte un positionnement différent de celui des conservatoires.

« On cherche à casser les codes avec un format à l'américaine ». Si l'école porte évidemment des exigences pédagogiques - « nous ne sommes pas une garderie »-, elle ne veut pas être élitiste. « On veut être davantage dans l'échange. Pousser les gens vers le haut en les encourageant ». Avec l'idée que les compétences mécaniques ne suffisent pas. D'autant que « les parents n'inscrivent pas leurs enfants pour en faire les futurs Mozart. Ce qu'ils veulent, c'est leur offrir une éducation, musicale et globale ».

En 2017, l'école ajoute à ses cours « loisirs » de la formation professionnelle. Un activité qui se développe bien, jusqu'à représenter un tiers de son activité juste avant l'épidémie de covid-19 et ses confinements. Les vifs questionnements sur le caractère essentiel ou non de la culture. Puis les pass sanitaires. Et les doutes à l'annonce de chaque nouveau variant.

La formation professionnelle se retrouve fortement empêchée. Alors Orchestra Studio se recentre sur ses activités de loisirs. Activités qu'elle ne peut un temps assurer qu'en visio-conférences. « Le théâtre et les activités de bien-être comme les pilates ou le yoga ont bien fonctionné. La musique, c'était pas mal aussi. On a pu jouer à plusieurs. Les visio ont leurs limites bien sûr. Mais elles nous ont permis de survivre ».

Réenchanter les entreprises

En 2022, l'activité d'Orchestra Studio reprend peu à peu son cours habituel. A quelques évolutions près. Les adultes viennent un peu moins. Mais un nouveau marché se dessine spontanément : celui des entreprises.

Pour redonner envie à leurs salariés de revenir au bureau après des mois de télétravail, les entreprises cherchent ainsi à égayer leurs locaux. Et certaines font pour cela appel à Orchestra Studio. « On nous sollicite beaucoup pour du team building avec des activités autour du bien-être ou du théâtre ». Où il peut par exemple être question de jeux de rôles obligeant des salariés à adopter d'autres points de vue, à développer de l'empathie vis-à-vis de leurs collègues. « La chorale est aussi un moyen de travailler sur la synchronisation des équipes ».

Des prestations que l'entreprise peut réaliser sous marque blanche. Ce qui est par ailleurs apprécié par des centres commerciaux qui, eux aussi, ont besoin d'attirer à nouveau des clients que l'épidémie a habitué au commerce en ligne. « La marque blanche nous permet également de répondre à des écoles [privées essentiellement, ndlr] pour proposer à leurs élèves des animations. Ce qu'elles n'auraient pas osé faire sans cela car, dans les esprit, la culture est très liée au monde associatif. Les chefs d'établissement ne sont pas à l'aise avec l'idée de faire venir des entreprises privées ».

Une école de rap

A la veille des dix ans d'Orchestra Studio, Benjamin Balensi ne manque pas de projets pour les années à venir.

En septembre prochain, il prévoit d'ouvrir une école de rap à destination des professionnels. « Cette musique et tous les arts qui y sont liés occupent une place importante à Marseille. Et au-delà du fait que le rap naît souvent de parcours personnels moins faciles que d'autres, je trouve à la fois paradoxal et délicieux de former à cela des gens qui ne sont pas issus de ce monde ». Au programme : cours d'écriture, slam, composition ... Le tout, espère le chef d'entreprise, sous le parrainage d'un célèbre rappeur marseillais.

Mais s'ancrer dans la culture de son territoire n'empêche pas d'essaimer ailleurs. S'inspirant du modèle des Clubs meds dont il loue le sens de l'accueil, Benjamin Balensi aimerait dupliquer le concept d'Orchestra Studio partout en France, selon un système de licences ou de franchises. Ce qui nécessitera de trouver des investisseurs. Des investisseurs sensibles aux liens entre entreprise et culture. « Susceptibles de tomber amoureux de notre histoire ».

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