Blachère Illumination  : derrière la magie de Noël, l'innovation au service de la sobriété

De New York à Dubaï, la PME installée à Apt, dans le Vaucluse, fabrique des décorations qui illuminent rues et centres commerciaux pendant les fêtes de fin d'année. A l'heure des crises énergétiques et environnementales, elle se distingue par d'importants efforts au service de la sobriété énergétique de ses illuminations. Mais aussi par le choix de matières premières recyclées.
(Crédits : Jérémie Pitot)

Noël 2022 sera-t-il aussi lumineux - et magique - que les précédents ? A l'heure des inquiétudes quant aux capacités énergétiques du pays et des appels à la « sobriété », cette question taraude les amoureux de balades illuminées, les collectivités locales... mais aussi une entreprise de 500 salariés dont le siège se trouve à Apt, en Provence Alpes Côte d'Azur.

Son nom : Blachère Illumination. Effectif : 500 salariés répartis entre le siège aptésien et ses 27 filiales internationales. Son savoir-faire : la fabrication en série ou sur-mesure d'illuminations, de Noël pour l'essentiel.

Des illuminations que l'on retrouve aux quatre coins du monde : Europe, États-Unis, Moyen-Orient... L'export représente ainsi la moitié du chiffre d'affaire de l'entreprise, ce qui lui permet d'équilibrer les risques. « Pendant le covid-19, nous nous sommes recentrés sur le marché français. Maintenant, avec la crise énergétique, l'export nous permet de tirer notre épingle du jeu car la crise énergétique ne s'exprime pas autant dans d'autres pays ».

Une crise énergétique tombée comme un couperet

Une crise énergétique qui « est tombée comme un couperet début septembre », relate Johan Hugues, PDG de l'entreprise. « Nous avons enregistré une baisse des commandes en octobre par rapport à l'année précédente. Nous estimons que cela traduit une certaine prudence ». Une prudence politique car alors que l'on incite chaque citoyen à faire des économies d'énergie, certaines collectivités ont peur que les illuminations de Noël soient mal perçues. « Cela pèse très peu sur la consommation totale d'une ville, mais c'est assez symbolique ».

Néanmoins, priver les habitants des illuminations qui contribuent pour beaucoup à l'esprit chaleureux des fêtes de fin d'année est également risqué. D'autant que cela pourrait nuire à l'attractivité des centres villes et de ses commerces, déjà éreintés par les années de confinements successifs. De sorte que beaucoup de communes ont fini par annoncer qu'elles préserveront cette tradition. Ce qui ne les empêche pas de chercher à réduire la consommation d'énergie qu'elles y consacrent. Voilà qui tombe bien : Blachère Illumination s'est toujours sentie concernée par ce sujet.

Illuminer plus, consommer moins

Cela commence dès sa naissance en 1973, en plein choc pétrolier. « Notre ADN a toujours été d'illuminer plus et de consommer moins », résume le chef d'entreprise. C'est ainsi que l'entreprise s'empare de la technologie des leds qui lui permet de diviser par dix la consommation de ses illuminations.

« Puis il y a trois ou quatre ans, dans le courant de la smartcity, nous avons commencé à travailler sur des décors connectés, pilotables à distance. Cela se déploie progressivement et a été boosté par la crise. Les collectivités et les centres commerciaux veulent réduire un peu l'éclairage, le démarrer plus tard et l'arrêter plus tôt comme c'est le cas avec les éclairages publics et architecturaux ».

Mais au-delà de la sobriété énergétique, l'entreprise veut aussi rendre son activité plus durable grâce à l'innovation concernant les matières premières de ses décorations.

Après l'aluminium qui implique des procédés de fabrication assez lourds, elle décide de passer au plastique en s'équipant de machines à impression 3D. Elle choisit d'abord un bio plastique « recyclable à volonté » fabriqué à partir de cannes à sucre. Qui a néanmoins le défaut d'être importé.

L'opportunité du plastique recyclé

Puis par un opportun hasard, elle découvre qu'il est possible de fabriquer des décors composés à 100 % de RPET, autrement dit à partir de bouteilles recyclées. La technologie, baptisée Recyprint, est brevetée. Et l'entreprise travaille à son industrialisation, avec l'intention de fabriquer 100 % de ses décors de cette manière l'an prochain.

Elle veut même aller plus loin et disperser le procédé Recyprint sur d'autres marchés. « Nous avons pour cela créé une startup qui exportera ce savoir-faire auprès d'autres entreprises, par exemple des entreprises qui fabriquent du mobilier urbain. Car nous pensons que plus on fabriquera d'objets à partir de bouteilles recyclées, plus on en captera, et moins on croulera sous les déchets ».

Disposant pour l'heure de neuf machines, elle prévoit d'en acquérir deux supplémentaires l'an prochain afin de répondre au surcroît de demande que pourrait générer cette startup. S'y ajouteront d'autres machines à l'étranger, dans les territoires où elle dispose de filiales, afin de rapprocher la production des bassins de consommation, combinant ainsi réactivité et réduction de l'empreinte carbone.

Le pari de l'engagement environnemental

Des investissements lourds, chronophages, mais qui devraient à terme permettre à Blachère Illumination de réaliser des économies grâce à l'accroissement de ses volumes et à la réduction du coût de ses matières premières puisque le plastique recyclé coûte moins cher que le bio-plastique.

Surtout, pense Johan Hugues, tous ces efforts en matière de RSE sont appelés à être valorisés dans les années à venir. « Pour le moment, les appels à projets reposent surtout sur les critères de prix. Mais demain, nous faisons le pari que l'engagement des entreprises sera clé dans leur attribution. Ce que l'on investit aujourd'hui, c'est une avance que l'on prend ».

Pour relever les défis qui l'attendent, Blachère Illumination prévoit de renforcer ses effectifs. « Nous cherchons des ingénieurs plastique et robotique ». Mais aussi des métiers plus traditionnels pour la partie sur-mesure de son offre : soudeurs ou encore ferronniers d'art.

Car Blachère Illumination, ce n'est pas que de l'innovation et de l'industrie, c'est aussi la valorisation de savoir-faire rares et anciens à travers des réalisations emblématiques. A l'image de cette montgolfière de quinze mètres de haut, ornant un centre-commercial new-yorkais après avoir été fabriquée dans les locaux aptésiens de l'entreprise. Un concentré de savoir-faire. Source de fierté pour les salariés, tous un peu artisans de ce que l'on appelle chaque année la magie de Noël.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.