« L’industrie s’est emparée des problématiques de sobriété depuis longtemps » (Marcel Ragni, UIMM 06)

La fin de l’abondance et de l’insouciance en matière d’énergie est depuis longtemps une problématique que les industriels intègrent dans leur plan de développement assure le président de l’UIMM 06. Un sujet mis sur la table par le contexte actuel avec incitations gouvernementales à la clé. Sauf que la filière industrielle parle RSE, Made in France et réindustrualisation avant que le tout redevienne un sujet de stratégie nationale. Ou comment l’industrie a anticipé et est désormais en avance de phase.
(Crédits : DR)

« L'industriel est un gestionnaire », lâche Marcel Ragni. Un propos introductif qui résume la pensée du président de l'UIMM06 mais aussi la vérité d'une filière, qui, malgré tous les lauriers qu'on lui dresse depuis des mois et la crise sanitaire, souffre encore des idées préconçues bien ancrées dans l'esprit collectif. La preuve : il suffit d'une crise énergétique pour à nouveau mettre le secteur sous le feu des projecteurs.

L'industrie et la capacité d'anticipation

Sauf que, insiste Marce Ragni, « l'industrie s'est inquiétée depuis longtemps des sujets liés à l'énergie. Nous, industriels, sommes dans l'anticipation. Tous, nous travaillons sur la RSE depuis plusieurs années. Et la RSE, c'est certes la responsabilité sociétale mais c'est aussi consommer moins, polluer moins, préserver la planète ».

Et le président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie des Alpes-Maritimes d'enfoncer le clou, précisant que là où le gouvernement incite à réaliser 10% d'économies d'énergie, « la plupart des industriels ont réduit leur consommation de 30% ou 40% ».

Et celui qui vice-préside également le syndicat national de l'éclairage d'ajouter comment dans sa propre entreprise, on ne cesse d'affiner les process. Le bâtiment - nouveau siège social tout neuf, opérationnel depuis 2020 - a précisément été conçu pour être peu consommateur d'énergie. Avec une partie des 4.000 m2 de l'ensemble dédiée à la logistique, on utilise bien évidemment tous les outils qui vont bien dont cette navette électrique, rechargée la nuit, des chariots élévateurs électriques dotés de batteries à l'autonomie d'une semaine. « Ce n'est pas uniquement une question de RSE, cela s'inscrit plus largement dans une réflexion de bonne gestion. Toutes les industries se sont modernisées ».

Car, insiste Marcel Ragni, « l'industrie se prépare depuis plusieurs années à économiser l'énergie utilisée. L'industrie demeure un outil de production, et on ne peut pas produire sans générer quelques effets. Pour rappel, nous avons détruit 50% de notre industrie, un secteur qui représentait 35% du PIB en 2004 et qui aujourd'hui ne représente plus que 12,5%. On a montré l'industrie du doigt en l'accusant de polluer, de faire du bruit. Or, la France peut s'enorgueillir d'être moins polluant mais d'être aussi le moins producteur. Les industriels travaillent et collaborent avec des écologistes, des associations de défense de la faune et de la flore. Il est essentiel d'entretenir un dialogue ouvert ».

Jouer local, la carte du collectif

La RSE et tout ce que l'acronyme comprend est pas moins un enjeu de marque employeur pour la profession. Et l'Union des Industries et des Métiers de la métallurgie d'en avoir fait un axe de recrutement. « La RSE est un levier pas uniquement pour attirer le client mais aussi les talents ».

Comme l'affirmait un célèbre slogan pub, ce qui se fait à l'intérieur, se voit à l'extérieur. En interne, la RSE ce n'est pas qu'un discours, que des achats de machines plus efficients, c'est aussi des process, des partenariats, des façons de repenser l'organisation interne. Et Marcel Ragni d'en revenir à l'entreprise Ragni et à ce partenariat conclu avec le spécialiste de la logistique, Transcan, implanté à Carros, qui, depuis dix ans, prend en charge l'ensemble des livraisons du groupe spécialisé dans les solutions d'éclairage. « En lieu et place de gérer les livraisons nous-même, ce qui se traduisait par un balai incessant de camions, nous avons choisi un partenaire local qui prend en charge l'ensemble des livraisons. Nous avons ainsi enlevé de la pollution et du bruit. Nous avons initié cela il y a dix ans. La preuve que les industriels n'attendent pas une crise pour optimiser les process et moins polluer ».

L'industrie qui est forte de la notion du collectif, ce que tient à souligner le président de l'UIMM 06, fier du rapprochement effectif depuis quelques mois au niveau régional qui se retrouve dans la famille UIMM Sud-Corse, qui va des Bouches-du-Rhône au Vaucluse, au Var et donc aussi aux Alpes-Maritimes. « Nous voilà réunis sous une même entité afin de répondre aux problématiques socio-juridiques auquel tout industriel peut être confronté. Nous disposons d'une plateforme qui permet aux adhérents d'avoir accès, entre autres, aux renseignements sur les aides des différentes institutions, telles que Bpifrance ou la Région ».

Le changement (d'ère), c'est maintenant

Marcel Ragni qui se veut un président rassurant et se dit rassuré, notamment par les décisions du gouvernement ayant vocation à protéger l'industrie afin d'éviter toute chute forte de la croissance, cette croissance tant nécessaire pour rebondir, alors même que le contexte énergétique est clairement de nature à inquiéter les industriels particulièrement soumis à la multiplication tarifaire par 3 ou 4 de l'énergie. Marcel Ragni qui est aussi lucide. « Nous risquons de devoir faire face à des défaillances d'entreprise si l'industrie n'est pas soutenue ». D'où l'importance d'un geste qui était très attendu et avait été accueilli avec satisfaction et soulagement lors de son activation il y a deux ans : la baisse des impôts de production. Une baisse qui prend plus que jamais une dimension stratégique, puisqu'elle est de nature à encourager les industriels à poursuivre leur projet d'investissement. Des patrons qui, insiste encore Marcel Ragni, profitent des économies réalisées pour les réinvestir dans l'outil de production, de nouvelles machines, engager la mise en place de l'intéressement pour les salariés. « Les industriels sont de bon sens », martèle Marcel Ragni.

Des industriels qui bénéficient d'un autre levier appelé Made in France. Un fabriqué en France qui a lui aussi du sens dans un contexte où l'appel à la réindustrialisation ne faiblit pas, où elle devient axe de différenciation, de compétitivité, de souveraineté. « Le monde politique, le monde économique, les décideurs... tous prennent à cœur de relancer l'économie. Plus l'industrie est forte, moins il y aura de chômage et plus le PIB sera renforcé. Sans l'industrie, la France est un pays qui se meurt. Tous en ont conscience, dont le citoyen qui regarde désormais de près les étiquettes. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, celle de la réindustrialisation ».

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