
Dans les rues commerçantes de Marseille, le calme est revenu après les émeutes de la semaine dernière. Les chaleurs se font plus fortes et donnent un air de vacances. Pourtant, autour du Vieux-Port les stigmates des violences sont toujours bien là. Les planches d'OSB qui recouvrent des vitrines que l'on devine cassées sont aussi souvent synonymes de magasins fermés. « Les saccages vont bloquer les commerces touchés pendant plusieurs semaines », souligne Christophe Mirmand, le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il indique qu'à Marseille, ce sont 479 commerces qui ont été pillés, dont 371 situés dans l'hyper-centre.
Un chiffre important qui fait de la cité phocéenne une des villes les plus touchées de France, la chambre de commerce et d'industrie France en parle comme « l'épicentre » des violences. Raison pour laquelle le ministre Bruno Le Maire s'est rendu rue Saint-Ferréol et rue Paradis, alors qu'il est de passage à quelques kilomètres pour les Rencontres économiques d'Aix-en-Provence. « Je suis très frappé et meurtri par le désarroi de beaucoup de commerçants que j'ai rencontré ici, donc je suis venu leur dire le soutien le plus total de la part du gouvernement », a-t-il expliqué après s'être rendu dans plusieurs magasins.
« Une grande diversité des situations »
L'occasion pour le locataire de Bercy depuis 2017 de rappeler les mesures prises pour répondre aux conséquences des violences. « La priorité c'est d'aider financièrement les indépendants qui ont été lourdement touchés », insiste-t-il. Bruno Le Maire a rappelé que l'État mettait en place un report de charges sociales et fiscales pour les commerces touchés. Une disposition qui peut aller jusqu'à l'étalement voire l'annulation. « C'est du cas par cas, car il y a une grande diversité des situations », plaide le ministre. Des situations qui seront évaluées selon la valeur des stocks, la gravité du préjudice et par une évaluation réalisée par un conseiller de sortie de crise prévue à cet effet au sein de la préfecture de chaque département.
Le ministre s'est également engagé à ce que l'État « complète » le manque à gagner de commerces dans les villes les plus touchées. Une annonce qui ne doit pas occulter la responsabilité des assureurs à qui il remet la pression. « L'État n'a pas à se substituer aux assureurs », rappelle-t-il leur demandant « d'indemniser rapidement et de ne pas utiliser toutes les arguties juridiques possibles des contrats pour refuser d'indemniser à la hauteur du préjudice subi ». Souvent les assurances sont prévues pour des vols d'une partie des produits, pas la totalité du stock.
Un fonds de solidarité à faire « partout »
Un message déjà passé lors de réunions à Bercy, « mais parfois entre ce qui est décidé dans mon bureau et ce que décide l'expert sur le terrain il y a de la marge », regrette-t-il. La solution financière globale passera par une « alliance entre le public et le privé » juge Bruno Le Maire qui salue les aides mises en place par les collectivités locales, à savoir un fond de 10 millions d'euros de la Région et de la Métropole ainsi qu'une aide de deux millions d'euros de la Ville de Marseille. « Je souhaite que cela soit fait partout », défend-il.
Au-delà du volet économique, de nombreux commerçants mettent en avant le besoin de sécurité pour reprendre l'activité. « C'est la priorité », acquiesce Bruno Le Maire qui précise tout de même « ne pas être ministre de l'Intérieur ». Les prochains jours inquiètent, notamment à l'occasion du 14 juillet. « Nous sommes très vigilants », assure Christophe Mirmand.
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