Oncophysics veut poser les prémices d'une innovation de rupture contre le cancer

Installée à Marseille, cette startup mêle physique et médecine afin de mettre au point un dispositif médical censé aider à lutter contre divers cancers solides. Sein, prostate et pancréas en premier lieu. Concentrée à des recherches très en amont pour l'heure, la startup espère pouvoir apporter des preuves d'efficacité d'ici 2025, pour des essais enclenchés dès 2028.
(Crédits : DR)

Et si la physique pouvait aider à soigner des cancers ? C'est le pari d'Oncophysics, startup créée fin 2022 par Barthélémy Brossel, ancien journaliste qui a fait le choix de poursuivre et de valoriser les travaux son père médecin-oncologue. « Mon père avait flairé assez tôt que la pression mécanique exercée sur des tissus, cancéreux notamment, pouvait en modifier le comportement ». Quelques articles de la littérature scientifique en font en effet état depuis le début des années 2000.

Plus une tumeur se développe, plus la pression exercée sur la matrice extracellulaire des cellules cancéreuses - sorte de peau rigide qui les enveloppe et par laquelle passent les vaisseaux sanguins - est forte, plus le risque de métastase, c'est-à-dire de diffusion du cancer vers d'autres organes, est important. L'idée est alors d'intervenir pour inhiber cette pression. Ce, au moyen de nanoparticules aimantables que l'on parvient à fixer au niveau de la matrice extracellulaire, formant « une résille de fer » autour d'elle. Grâce au magnétisme de ces aimants, on peut - de manière très fine - ajuster le niveau de pression et, possiblement, modifier le comportement de la tumeur. À savoir réduire sa taille ou la maintenir en dormance, limitant ainsi le risque de métastase.

La cible : les cancers solides

Une solution qui pourrait, a priori, est utilisée dans « tous les cancers solides », non métastatiques. Mais l'entreprise pense à trois cancers en particulier. Le cancer du pancréas, le plus létal, accompagné « d'une fibrose très importante, avec un gros enjeu d'accumulation de pression dans les tumeurs, qui métastase très vite ». Le cancer du sein, ou encore celui de la prostate, qui touche en majorité des hommes âgés et dont l'intervention chirurgicale et souvent plus mortelle que la maladie elle-même. D'où l'intérêt de mettre la tumeur « en dormance ».

Mais, prévient Barthélémy Brossel, « nous sommes encore très en amont. Au tout début d'un process ».Un process accompagné par Marseille Innovation, et soutenu par quelques business angels et peut-être bientôt par Bpifrance. « Nous discutons avec eux. On vise le label Deeptech. Sinon, on pourrait regarder du côté des fonds européens ».

En parallèle, la startup, dont la direction scientifique est portée par des chercheurs du CNRS et de l'Inserm, continue d'avancer pour obtenir une première preuve d'efficacité de ce qui doit devenir son dispositif médical. « Nous espérons y arriver d'ici 2025 ». Après quoi pourront démarrer les essais cliniques, « avec un premier patient traité en 2028. Et si ce que l'on dit est vrai, ce sera un coup de tonnerre dans le ciel », promet l'entrepreneur.

Emmener la technologie jusqu'au marché, puis la confier à d'autres

Se posera alors la question de la mise sur le marché de cette innovation, qui, si elle a lieu, sera d'emblée mondiale. « A ce moment-là, ce ne sera plus mon métier. Il faudra s'appuyer sur des fabricants et des big pharmas », envisage Barthélémy Brossel. « On pousse les entreprises à devenir les futurs champions français. On veut la réindustrialisation. Mais cela ne peut pas vraiment concerné ». Un marché qu'il juge particulier. « Les moyens financiers à mettre en œuvre sont trop importants. Le contexte réglementaire est monstrueux. Et ce n'est pas vraiment un marché puisque ce sont les États qui dictent les prix. Ce n'est pas moi qui vais aller négocier avec le Ministre de la Santé. Les nouveaux entrants n'ont pas leur chance ». De sorte que les startups en santé sont devenues un maillon de la chaîne d'innovation qui intéresse tout particulièrement les géants de l'industrie.

Un constat qui n'empêche pas le projet de fédérer de fidèles soutiens. « Dans cette entreprise, ne survivent que des passionnés. Des mentors, des parrains, qui sont très aidants et croient beaucoup en cette innovation ». Un collectif qui a incité l'entrepreneur à poursuivre les efforts antérieurs de son père lorsque celui-ci a décidé de prendre sa retraite. Pour ne rien lâcher dans la guerre contre les cancers.

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