Estrosi – SNCF : rien ne va plus

Par Laurence Bottero  |   |  556  mots
Christian Estrosi veut ouvrir le réseau ferroviaire à la concurrence face aux retards et grèves des TER en Provence Alpes Côte d'Azur.
"Je siffle la fin de la partie", dit Christian Estrosi. Entre la Région et la société de chemins de fer que préside Guillaume Pépy la guerre est déclarée. En cause : les retards incessants des TER. Et ça, ça coûte cher et c'est pas bon pour l'attractivité.

On sentait bien que le torchon brûlait entre les parties et les sourires affichés lors de la séance photo fin décembre 2015, séance qui suivait une réunion de travail entre Christian Estrosi, tout juste élu Président de la Région Provence Alpes Côte d'Azur, et Guillaume Pépy à propos des dysfonctionnements des TER, n'auront pas duré. Effacée depuis, par les retards, grèves et annulations de trains.

Le juste prix

Et ce qui ne plaît pas à Christian Estrosi, c'est que le devis présenté par la SNCF à la Région est de 291 millions d'euros soit 36 M€ de charges d'écart entre le devis présenté et les coûts réels du service. Inadmissible pour le président de Provence Alpes Côte d'Azur qui demande dit-lui à payer "le prix juste", dénonçant une hausse des prix de 7 % entre 2015 et 2016. "Il faut se rendre compte que la SNCF estime ne pas avoir à justifier les charges qu'elle nous facture malgré nos nombreuses demandes depuis décembre 2015", poursuit-il. Pas question donc de se laisser faire, "je ne serais pas le président de la Région qui accepte que la SNCF nous mette devant le fait accompli". D'où des négociations arrivées à "un point de non-retour". Avec quelles conséquences ?

Nouvelles voies ?

Et si le dialogue est rompu, les solutions, elles, sont nombreuses. De nouvelles voies de travail qui devraient conduire à un service de meilleure qualité dit Christian Estrosi. Il y a d'abord la coupe dans le budget du devis 2016 émis par la SNCF. Et elle sera "drastiquement revue à la baisse". Pour en connaître le montant précis il faut attendre le vote du 3 nombre prochain. Mais c'est surtout l'ouverture à la concurrence qui constitue la petite bombe lâchée par le président de Provence Alpes Côte d'Azur. Et cela dès 2019 surtout que "les parlementaires de notre majorité vont déposer une proposition de loi pour permettre l'expérimentation de la concurrence des services ferroviaires le plus rapidement possible. Il s'agit de faire de notre région, une région pilote". Autres voies possibles, la constitution d'un groupement européen de coopération territoriale qui se ferait avec Monaco et la Ligurie italienne, de façon à créer une ligne capable d'aller de Cannes à Monaco et jusqu'à Gênes. Il y a aussi la mise en place du régie, solution à l'étude ou (et ?) le recours au bus. Bref, tout ce qui pourrait convenir, tout sauf rien que la SNCF en tant qu'opérateur.

Et pour être certain de ce qui va bien aux acteurs économiques comme à MonsieurToutlemonde, des Assises de la mobilité vont être organisée dès ce mois d'octobre et ce jusqu'en avril prochain.

Fâchés ?

On se doute bien que tout cela ne devrait pas laisser la SNCF de glace. Contactée par La Tribune, elle se refuse pour l'heure au moindre commentaire. Pour le moment... Cependant Christian Estrosi se dit ouvert à des propositions concrètes, opérationnelles et de court terme de la part de Guillaume Pépy. "Mais il doit me les faire très rapidement et opérationnelles sous peu". La balle est donc désormais dans le camp de la SNCF. Une nouvelle photo entre les deux présidents souriants est-elle (encore) envisageable ?