Pourquoi Renauld Muselier porte plainte contre le dernier budget Hollande

Par Laurence Bottero  |   |  482  mots
Le président de Provence Alpes Côte d'Azur monte au créneau et este en justice contre le budget que la Cour des comptes a estampillé en juin d'insincère. Une façon pour le patron de la Région de dire qu'il faut à l'avenir plus de rigueur dans les chiffres servant à nourrir la préparation des lois de finances.

Renaud Muselier a décidé de secouer le cocotier un dimanche matin. Le timing, finalement peu importe, le président de PACA préférant expliquer le fond plutôt que la forme. Si c'est ce 10 septembre qu'il révèle son dépôt de plainte, c'est pourtant ce qui s'est passé au mois de juin qui en est à l'origine. "J'ai réagi un peu vivement lorsque j'ai entendu Didier Migaud, le président de la Cour des comptes, nous expliquer que les prévisions budgétaires présentées à la fin du quinquennat Hollande étaient insincères. Moi, en tant que président de Région si je fais un budget insincère, je suis soit mis sous tutelle, soit je risque le pénal. En tant que chef d'entreprise, si je fais un budget insincère, c'est le commissaire aux comptes qui a l'obligation de le signaler à la justice. En tant que citoyen, si je ne paye pas mes impôts, je suis condamné", égraine le successeur de Christian Estrosi à la tête de la région PACA, interrogé par La Tribune.

Ne pas recommencer

"Nous avons des règles et des lois dans ce pays", poursuit Renaud Muselier qui a chargé ses avocats marseillais M° Cachard et Vicquenault de déposer une plainte auprès du procureur de la République de Marseille pour faux et usages de faux, faux en écriture publique. "Cela fait quarante ans que les budgets ne sont pas à l'équilibre mais ils ne sont pas pour autant insincères. Il ne s'agit pas de ne plus être optimiste ou volontariste mais de ne pas tricher". Le but "n'est pas de faire condamner François Hollande", mais que "cela ne se reproduise plus".

Deux poids, deux mesures

Et Renaud Muselier de poursuivre, rappelant qu'il pilote la Région est la plus vertueuse de France en matière d'efforts budgétaires, ayant baissé les dépenses de 8 % en un an. Mais qui dit aussi qu'après avoir subi une coupe de 29 M€ lors de la baisse des dotations de l'Etat aux collectivités locales sous l'ère Hollande, il va falloir à nouveau se serrer la ceinture pour au moins 50 M€. "Il y a vraiment deux poids, deux mesures".

La suite ?

De ce "coup médiatique" selon la réaction d'un presque local de l'étape, le député frontiste du Gard, Gilbert Collard interrogé sur BFM TV ce midi (qui avoue pourtant lui-même y avoir pensé pour le buzz que cela pouvait générer) Renaud Muselier estime qu'il faut désormais être plus sérieux dans les données prises en compte. Et de suggérer que ce soit la moyenne des trois prévisions les plus basses fournies par l'Insee, la banque centrale européenne, la FMI et l'OCDE qui soit prise en compte, cela laissant ainsi une "marge de manœuvre".