Spécialiste de la data, Brad sonde l'état de santé du sol pour les agriculteurs

La start-up installée à Avignon utilise un capteur pour récolter de la donnée sur les sols et ainsi mesurer l'impact des activités agricoles. Pour le fondateur Olivier Lépine, il s'agit d'un outil pour encourager le développement de cultures pérennes mais le marché reste encore à acculturer.
(Crédits : Brad)

Dans les champs agricoles, l'innovation technologique commence à se faire une place de plus en plus importante. "Les nouveaux agriculteurs veulent optimiser leur temps", estime Olivier Lépine, cofondateur de Brad. La start-up installée à Avignon veut se faire une place dans le milieu de l'AgTech. Pour ça, elle s'appuie sur un capteur ou plutôt une balise à remontée automatique de données, dont l'acronyme donne son nom à la jeune pousse de 8 salariés. Concrètement, il s'agit d'une sonde installée au cœur d'une parcelle avec deux pieds plongés dans le sol à 30 et 60 cm de profondeur.

Elle collecte ensuite de la data pour mesurer l'impact des activités de l'homme sur le sol. Pour Olivier Lépine, c'est moyen d'aider ceux qui travaillent avec ce qui est qualifié de "sol vivant". Pour résumer, cette notion s'appuie sur la protection des micro-organismes présents dans le sol pour permettre entre autres un meilleur filtrage de l'eau et de capter plus de carbone. Une approche antinomique avec l'agriculture intensive souvent synonyme d'utilisation de produits chimiques. "Notre conviction, c'est qu'il faut s'appuyer sur ce que la nature nous offre plutôt que de l'exploiter", défend Olivier Lépine.

Des données transmises brut ou analysées

Les données prélevées par Brad se classent dans trois grandes catégories. La température pour "lever le doute" explique Olivier Lépine. "Quand un bébé est malade, le premier réflexe est de prendre le thermomètre", illustre-t-il. Cela peut concerner par exemple l'impact d'un couvert végétal. Ensuite il s'agit d'évaluer l'humidité et la pression ainsi que la luminosité et les UV.

Une fois récoltées, ces données peuvent être consultées sur l'application développée par Brad ou transmises brut à des clients qui voudraient les incorporer dans leurs propres outils. Pour les utilisateurs, cela apporte le fameux gain de temps. "Sur un épisode de gel, cela permet d'être directement alerté quelles sont les plantes touchées", avance Olivier Lépine. Brad espère ensuite faire évoluer son offre avec notamment des dispositifs de prédiction.

Un modèle basé sur la location

Car la start-up vauclusienne se positionne avec une offre globale. "Nous couvrons toutes les étapes, de la conception de la sonde -ce qui nous permet de la faire évoluer malgré la pénurie de composants-, à celle de l'application en passant par la plateforme cloud pour récupérer les données", détaille le dirigeant. Pour ce qui est de l'analyse de la data, des options additionnelles sont prévues à l'avenir.

Pour Brad, les potentiels clients sont les acteurs de la "culture pérenne" rappelle Olivier Lépine. "Nos quatre verticales sont autour de la viticulture, l'arboriculture, le maraîchage et les céréales", développe-t-il. Le modèle se base sur la location du dispositif avec un abonnement et non la vente pour y incorporer la maintenance afin d'éviter une surcharge de travail à l'agriculteur. Les cibles sont bien sûr les exploitants eux-mêmes mais aussi les grands groupes et coopératives avec des cellules agronomiques qui travaillent déjà sur le sol vivant. Un moyen de toucher plus d'agriculteurs d'un coup. "Il y a aussi les institutions", ajoute le dirigeant.

"Acculturer le marché"

A toutes les échelles, les acteurs publics ont un rôle à jouer dans le développement de l'AgriTech estime l'entrepreneur. "Dans ce secteur le retour sur investissement est encore à construire", reconnaît-il. Brad bénéficie du soutien de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur pour déployer sa sonde puisqu'elle va fournir grâce à la collectivité une centaine de capteurs aux agriculteurs pour qu'ils puissent tester cette solution à partir de janvier 2023. "Cela nous permet d'acculturer le marché", se réjouit Olivier Lépine.

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Il s'agit d'une étape intermédiaire pour la start-up qui vient d'effectuer deux ans de tests auprès d'une quinzaine d'agriculteurs. La phase commerciale doit débuter d'ici la fin de l'année, il faut donc passer d'une logique artisanale à un process plus industriel et d'un produit gratuit à payant. "Nous visons une centaine de sondes, c'est-à-dire d'abonnement, puis d'atteindre notre point mort en 2024 avec un peu moins de 1000 dispositifs", prévient Olivier Lépine. Si le point de départ est Avignon, le dirigeant veut rapidement s'étendre à l'échelle nationale puis à l'étranger. "Notre offre à une vocation internationale depuis le début", souligne-t-il. La présence au CES Las Vegas devrait aider à "détecter des potentiels partenariats techniques ou commerciaux".

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