A Marseille, AfricaLink veut lever les freins qui gênent (encore) le business entre l’Afrique et la France

Communauté d’entrepreneurs, le réseau né il y a quatre ans, vise à faciliter les interconnexions entre dirigeants de PME et d’ETI d’un côté comme de l’autre de la Méditerranée. Arrivé à une certaine maturité, sa feuille de route porte une sorte de phase 2 où il est question de regarder aussi les pays africains anglophones et de faire sauter les verrous administratifs qui bloquent, parfois, les projets BtoB.
(Crédits : DR.)

Les discours ne cessent de le répéter : Marseille est la porte d'entrée naturelle pour les entreprises françaises et européennes en Afrique et tout autant pour les entreprises africaines en France et en Europe. Mais si les discours sont convaincus, dans la réalité, tout n'est pas aussi fluide. C'est précisément ce qui concoure à la création, en 2017, d'AfricaLink. Portée par la Chambre de commerce et d'industrie Aix-Marseille Provence et par la Métropole Aix-Marseille Provence, cette communauté rassemble des chefs d'entreprises, originaires de deux côtés de la Méditerranée, précisément pour faciliter les échanges BtoB, le développement de projets - d'investissement, d'implantation, de partenariats... - qui peinent à se faire, le dirigeant étant seul face aux problématiques administratives, de réseau...

Regarder aussi les pays anglophones

Quatre ans plus tard, AfricaLink rassemble 173 entrepreneurs, dont 38% sont originaires d'Afrique - du Maroc, de la Tunisie, du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, du Cameroun... Preuve que le besoin était bien là.

Mais le besoin doit être encore mieux servi. C'est le constat que font, de concert, les deux (nouveaux) co-présidents de l'association, Hicham El Merini et Panayotis Liolios, désireux de faire monter AfricaLink en puissance. « Nous allons cibler des pays en nous appuyant à la fois sur des données macro-économiques et sur les besoins de nos membres », explique Hicham El Merini. Ce qui se fera notamment par « l'organisation de petits-déjeuners afin de recueillir leurs exigences, ce qui, additionné aux données macro, nous permettra de définir la stratégie ».

Parmi les pays très regardés, figure notamment le Cameroun, où trois missions ont été organisées en 2021. Le Sénégal représente également « un enjeu pour les entreprises d'AfricaLink », ajoute Hicham El Merini, d'autant que le pays préside l'Union africaine au moment où la France préside l'Union européenne. Un déplacement est d'ores et déjà programmé pour juillet prochain. La Côte d'Ivoire, « est la deuxième cible de notre feuille de route. C'est un pays qui connaît des investissements, nos membres sont demandeurs », ajoute encore Hicham El Merini. Voilà qui constitue une inflexion dans la stratégie d'AfricaLink qui jusqu'à présent s'est essentiellement concentrée sur les pays francophones. Désormais, le réseau compte bien regarder aussi du côté des pays anglophones tels le Ghana ou l'Ouganda, ce dernier étant la première contrée qui va être visitée, au second semestre.

Intensifier le réseau

« Il y a quatre ans, les chefs d'entreprises se sentaient seuls face à leur volonté de se développer d'un côté comme de l'autre de la Méditerranée. Nous avons mis de la volonté et de l'énergie pour faciliter les échanges Afrique/France », indique Panayotis Liolios. « L'un des axes prioritaires concerne les démarches business. Nous sommes en train de structurer différentes actions, dans la continuité de ce qui a été fait. Nous voulons continuer à promouvoir les échanges et à engager des actions. Le monde anglo-saxon se préoccupe du développement de l'Afrique ».

Mais pour appuyer sur l'accélérateur et passer à la vitesse supérieure, il faut des moyens. Tant humains que financiers. « Nous sommes arrivés à un seuil », indique Panayotis Liolios. Comprendre que le cercle des partenaires doit s'élargir et pourrait inclure la Région Sud ou encore Bpifrance. Le Top20, qui regroupe les 200 entreprises les plus importantes du territoire, constitue également un partenaire avec lequel des synergies peuvent être construites. Le but est clair : « intensifier le réseau AfricaLink en France, en Afrique et en Europe ».

AfricaLink qui est présente dans neuf pays africains via des comités ou des ambassadeurs. Ce sera bientôt, avec l'Égypte, dix pays ainsi couverts.

Afric'Agora, outil « essentiel »

Tout doit donc concourir à faciliter le business, les partenariats, les implantations, la recherche de marchés complémentaires d'un côté comme de l'autre des deux rives.

Ce qui ne s'affranchit pas - loin de là - de la levée des freins, notamment administratifs, législatifs ou de fiscalité. Quid alors du projet d'Afric'Agora, cette maison de l'Afrique prévue pour s'installer à Marseille ? « C'est un projet, porté par la CCI Aix-Marseille Provence, en phase de maturation. Et c'est un outil indispensable », estiment Hicham El Merini et Panayotis Liolios d'une même voix. « Il faut des lieux de rencontres économiques, culturels pour symboliser une relation à 360°. Et il faut des Afric'Agora en Afrique aussi ».

Les liens entre la France et l'Afrique, qui doivent aller donc au-delà des intentions louables et des discours. « Le regard sur les liens Afrique/France a changé », note Panayotis Liolios. « On ne doit pas laisser passer le train », et surtout faire en sorte de faire bouger ce qui empêche la fluidité entreprenariale. « Nous préférons les petites actions aux discours les plus vibrants ».

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