Pierre-Edouard Berger : "Le Brexit inquiète mais il peut inciter les entreprises anglaises à s'implanter en Provence"

Par Laurence Bottero  |   |  431  mots
(Crédits : DR)
Si la sortie de la Grande-Bretagne de l'Europe ressemble de plus en plus à un feuilleton que les scénaristes d'Hollywood ne renieraient pas et qu'elle truste la Une des médias, elle n'est pas sans inquiéter les chefs d'entreprises. Alors qu'il accueille pour une soirée spéciale le 3 octobre prochain, l'ancien spin doctor de Tony Blair, Alastair Campbell, dans la Cité phocéenne, le président du Club Marseille Métropole dit aussi que Brexit peut être synonyme d'opportunité.

La Tribune - De façon globale comment l'approche du Brexit est-elle perçue en Provence ?

Pierre-Edouard Berger - Comme tout le monde, on ne réalise pas encore. Il y a des inquiétudes et des interrogations. D'autant que chaque jour réserve un rebondissement, une surprise.

Bien malin celui qui peut prédire ce qu'il va se passer et comment tout cela va finir.

C'est pour cela que nous souhaitions avoir un éclairage qui permette aux chefs d'entreprise d'avoir une meilleure appréhension des choses. Nous espérons de la venue d'Alastair Campell de pouvoir mieux comprendre les tenants et les aboutissants avant ce qui ressemble de plus en plus à un grand saut dans l'inconnu.

Quels sont les a priori craints par les patrons du territoire ?

De manière générale, le monde économique, l'entrepreneur craint l'incertitude. Le chef d'entreprise a besoin d'être rassuré pour investir, recruter, préparer l'avenir. Or la date butoir officielle est dans moins d'un mois. Le Brexit sera-t-il reporté, se passera-t-il dans des conditions dures, avec un "No Deal" ? Impossible pour les entreprises qui commercent avec la Grande-Bretagne de ne pas être inquiètes.

Quels sont les secteurs qui risquent d'être les plus impactés ?

Sans aucun doute l'agro-alimentaire, la Grande-Bretagne importe en effet plus de 51 % de ses besoins en légumes, fruit, viande, fromages et notre région est fortement productrice. La viticulture pourrait être l'autre secteur touché : qu'en sera-t-il des droits de douane de nouveau appliqués ? L'immobilier sera sans doute impacté. Les Britanniques aiment posséder leur résidence secondaire sur la Côte d'Azur ou dans le Lubéron. Le tourisme sera aussi probablement touché, la livre sterling ayant perdu près de 15 % de sa valeur. Et comme Londres importe 2,3 fois plus de médicaments de l'UE qu'elle n'en n'exporte, l'industrie pharmaceutique devrait tout autant être impactée. Cependant il ne faut pas oublier que l'Angleterre n'est pas notre premier partenaire en terme d'exportations. Nos partenaires sont plutôt l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. Et seules 6 % des entreprises installées à l'étranger le sont en Grande-Bretagne.

Quelle conséquence en matière d'attractive pour le territoire ? Quelles opportunités la France et le territoire pourraient en retirer ?

Nous sommes un peu spectateur de cet événement. Mais il est possible de le transformer en opportunité, en force. Des entreprises anglaises vont probablement vouloir se relocaliser dans la zone euro, y créer des succursales. Nous avons un port, un aéroport, une position géographique intéressante... Nous avons des atouts à faire valoir, à nous d'attirer les investisseurs britanniques.