Christian Estrosi, les Gilets Jaunes, l'économie et l'aménagement du territoire

Par Laurence Bottero  |   |  655  mots
(Crédits : DR)
Tout aussi inquiet que les autres acteurs économiques, le maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur y va de ses propositions pour répondre à la colère qui agite actuellement le pays. Et de proposer, entre autres, l'instauration d'un impôt spécial grand groupe, sur les dividendes. Et de donner aussi sa vision du développement économique.

Il le dit lui-même avec un sourire, il est "un aménageur du territoire, un développeur économique". Et même s'il ne fait "plus de politique", le Maire de Nice, a bien quelques idées à soumettre. Evidemment, la crise qui secoue le pays l'inquiète. Et si comme nombre de Français, "on pouvait, au début, trouver ce mouvement sympa" le fait est qu'aujourd'hui "nous sommes dans un état insurrectionnel".

Car au final, "le problème c'est le carburant, la bouffe, les produits de première nécessité..." dit-il. Et aussi que "dans un contexte de difficulté sociale, il faut une réponse sociale".

L'impôt d'un côté, les baisses de l'autre

L'ancien ministre de l'Industrie a bien quelques suggestions. Notamment celle de remplacer feu l'ISF par l'ISD. Un impôt sur les dividendes qui toucherait tout grand groupe qui donc distribuerait des sommes fort élevées à ses actionnaires sans acte de réinvestissement. Et en parallèle, ce serait l'impôt sur le revenu des PME et des ETI qui baisserait.

"Si l'argent est réinvesti, pas question de toucher aux grands groupes mais si l'ensemble des revenus est redistribué en dividendes, il faut alors taxer les grands groupes".

Bien sûr, "le pays a besoin de réformes. Nous ne pouvons plus réfléchir en franco-français, nous devons remettre notre logiciel à zéro. Il y a une ambiance, un climat... il faut y répondre. Et ce n'est pas parce que l'on répond à ce climat, que l'on ne doit pas faire de réforme".

Le rôle des collectivités

Et l'aménageur du territoire qu'il revendique être de plaider pour un dialogue retrouvé entre l'Etat et les collectivités, le premier ne prenant pas suffisamment en considération les secondes. "Les collectivités apportent toutes les réponses locales possibles. A aucun moment l'Etat ne vient discuter avec les collectivités alors que c'est chez nous que l'on vient casser. On n'a pas compris que la France s'administre depuis les territoires". Et Christian Estrosi de prédire que "la courbe du chômage sera à mon avis très mauvaise au dernier trimestre" et d'en appeler à tout faire pour "continuer à avoir une crédibilité sur la scène internationale".

L'écologie sereine

"18 millions de personnes n'ont pas de moyens de déplacement en commun et on va leur dire qu'on les punit s'ils prennent la voiture...", souligne le maire de Nice qui réintroduit sa casquette d'aménageur pour rappeler la nouvelle ligne de tramway qui en reliant l'est à l'ouest va, entre autres, désengorger l'entrée de Nice côté ouest, et l'aéroport avec elle. "12 000 personnes vont à l'aéroport tous les jours, ce tramway va pouvoir en prendre 8 000 par jour". Et de promettre aussi que "chez moi, il n'y aura pas de péage urbain" et que de toute façon, "les mesures envers l'écologie doivent être incitatives et non pas punitives".

Le développement du territoire

Côté transport et rayonnement à l'international justement, une ligne aérienne reliant la Baie des Anges à Pékin et opérée par China Airlines pourrait être prochainement annoncée, d'autant que 2019 sera l'année de la Chine en France et que cette célébration se déroulera à Nice.

Côté ferroviaire, Christian Estrosi regarde plus sereinement du côté de l'Italie, de Gênes et de Turin notamment. "Notre ambition c'est un TGV qui aille à Gênes. Si nous nous mettons au gabarit de la technologie italienne (pendulaire NDLR) nous pouvons mettre l'aéroport à 1h20 de Gênes. Je joue plus cette stratégie que celle d'un TGV vers Paris. Autant me consacrer à quelque chose que je peux avoir dans 5 ans plutôt qu'un TGV que nous n'aurons que dans 40 ans". Ce qui est de bon augure, surtout quand on dispose d'une Eco-Vallée en plein essor. L'aménagement du territoire, on vous dit.