
« Coté transports, où en sommes-nous ? ». La question aussi courte que directe d'Emmanuel Macron aux élus locaux résume assez bien les motivations du chef de l'Etat pour ce nouveau déplacement à Marseille. Un long séjour étalé sur trois jours durant lequel il souhaite montrer que son Plan Marseille en Grand, annoncé en septembre 2021, avance. Lors d'échanges avec des habitants des quartiers nord qui ne voient toujours pas d'amélioration, Emmanuel Macron se défend : « Je ne prends pas les remontrances pour les dix dernières années, ce que j'ai annoncé tout y est et maintenant je veux que ça aille plus vite ».
Car les annonces et les millions d'euros promis lors du discours du Pharo il y a presque deux ans n'ont pas vraiment impacté le grand public. Les chiffres du sondage Ifop/Public Sénat publié début juin par La Tribune indiquaient que 42 % des personnes interrogées étaient insatisfaites du plan Marseille en Grand. A cela s'ajoutent 19 % de sondés qui n'en ont tout simplement jamais entendu parler. Il faut dire que les grands chantiers engagés par ce plan ne se réalisent pas du jour au lendemain. Sur les transports, l'un des grands volets mis en avant par Emmanuel Macron avec un milliard d'euros à la clef, « le tramway c'est pour 2029, ce type de ligne se réalise entre sept et dix ans », lui répond Martine Vassal, présidente de la métropole d'Aix-Marseille Provence la collectivité en charge des transports.
Désenclaver et attirer les entreprises
Il faut donc du temps... et des moyens. Si l'enveloppe de l'État pour aider le territoire marseillais ne s'épaissit pas, Emmanuel Macron annonce tout de même que la part des subventions passera de 250 millions d'euros à 500 millions d'euros. Ce qui signifie mécaniquement que la part des crédits à rembourser, qui permettait d'atteindre le milliard d'euros, baisse. En évoquant d'autres projets à l'étude, Martine Vassal définit la vision de la métropole : « L'idée, c'est de faire la ville du quart d'heure d'un point à un autre. Si nous y arrivons, là nous entrerons vraiment dans le 21e siècle». Un maillage qui doit « permettre d'aller sur la suite du territoire » dans un second temps. Un volet également essentiel pour l'économie du territoire et des quartiers en difficulté. « Sans transport, les entreprises vont partir quand les zones franches seront terminées », prévient Samia Ghali, maire-adjointe à la Ville de Marseille.
Les échanges se déroulent au milieu de la cité de Busserine dans le 14e arrondissement. Un quartier qui ne bénéficiera pas des extensions du tramway, mais d'un bus à haut niveau de service (BHNS). En revanche, c'est l'un des lieux fortement remodelé dans le cadre de conventions avec l'agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). Samia Ghali explique que « l'objectif est de remettre des lieux de vie, des lieux de fraîcheur, une plaine sportive, un barbecue, des bains de soleil... D'avoir toutes les générations ensemble ». Du « beau » qui semble inspirer Emmanuel Macron puisqu'il veut lancer un concours international d'architectes en France pour « penser le quartier de demain » avec au moins un lot à Marseille.
Le dossier est aussi l'occasion de mettre en avant ce qui coince encore. Martine Vassal en profite pour exposer les lourdeurs administratives : « Nous avons tous travaillé ensemble pour que les choses avancent au plus vite, mais sur la question des copropriétés c'est la crise de nerfs. Les pouvoirs publics ont fait tout ce qu'ils pouvaient, ce n'est pas un problème d'argent, mais nous n'avons pas les outils », regrette la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence. Le sujet des copropriétés dégradées vient sur la table. Emmanuel Macron évoque les opérations d'intérêt national qui permettraient de ne plus être bloqué par la propriété. « Quatre grandes opérations sont prévues pour 800.000 euros à Marseille », avance le chef de l'État. Encore une fois, la deuxième ville de France jouera le rôle de laboratoire.
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