Dans le nord de Marseille, Euroméditerranée 2 prépare une ville plus résistante au réchauffement climatique

Enclenchée en 1995, la première phase d'Euroméditerranée a été marquée par l'installation d'une ligne de tours en bordure de littoral, du MuCEM ou encore de la réhabilitation de la Rue de la République. Désormais, l'établissement public d'aménagement poursuit son travail de transformation de Marseille en s'attelant à reconnecter au centre-ville des territoires nord longtemps enclavés. Tout en en améliorant le cadre de vie et la capacité de résistance au changement climatique.
(Crédits : DR)

Au nord du centre-ville de Marseille, non loin du littoral sur lequel dominent les tours Euroméditerranée et La Marseillaise, la ville fait sa mue. De part et d'autre, les chantiers sifflent, bourdonnent. D'immenses grues s'affairent, modelant ce qui constitue le territoire de la seconde phase du projet Euroméditerranée lancé en 1995, à une époque la ville est en proie à un chômage deux fois plus marqué qu'au niveau national et que ses habitants la fuient.

Depuis, le contexte a changé. La seconde phase du projet, baptisée Euroméditerranée 2, a une autre vocation : celle de bâtir un pont entre le centre-ville et les quartiers nord de la ville, trop longtemps enclavés. Des quartiers où les espaces publics de qualité sont rares, où la voiture est omniprésente. Et où le besoin de logements est importants.

Des logements, Euroméditerranée 2 doit ainsi permettre d'en construire 10.000 dont 25 % à vocation sociale. Ce, dans un cadre plus agréable, agrémenté d'espaces publics de qualité, et plus résistant au changement climatique.

Plus verte la ville

Une ville plus résistante au réchauffement climatique, c'est d'abord une ville dotée de suffisamment d'espaces verts par habitant. Un point faible à Marseille. Alors que l'OMS recommande 12 mètres carrés de tels espaces par habitant, ce chiffre est de 4,6 en moyenne à Marseille, avec de fortes disparités puisqu'un habitant des quartiers nord n'en compte que 2,5 (c'est encore un peu moins dans le centre de la ville).

Pour y remédier, Euroméditerranée promet ainsi la création d'« un grand parc pour les quartiers Nord », soit un « espace de respiration de 22 hectares », assure Laure-Agnès Caradec, présidente de l'établissement public d'aménagement. Un parc au sein duquel le ruisseau des Aygalades, canalisé jusqu'alors, devrait retrouver la lumière du jour, rendant le territoire moins vulnérables aux inondations grâce à une meilleure perméabilité des sols. Ce parc devrait en outre être relié à une avenue Cap Pinède totalement métamorphosée puisqu'il s'agit de transformer cet axe largement dominé par la voiture en un boulevard urbain semblable à celui du Prado, qui relie le centre au sud de la ville.

Mais pour imaginer la ville du futur, il faut aussi expérimenter. Ce à quoi s'attelle le jardin d'expérimentation installé temporairement dans le futur éco-quartier des Fabriques, un quartier conçu par Linkcity et UrbanEra, aménageur urbain de Bouygues. Dans ce jardin, différents matériaux sont testés afin d'évaluer lesquels permettent une meilleur perméabilité des sols. Différents types de plantes sont également cultivés et associés afin d'identifier parmi quelles essences sauront le mieux résister aux températures extrêmes et au manque d'eau.

S'étirant sur une surface de 14 hectares, le quartier des Fabriques, qui hébergeait auparavant « de grandes emprises industrielles », rappelle Aurélie Cousi, nouvelle directrice générale d'Euroméditerranée, doit permettre une mixité d'usages avec 2.200 logements, 40.000 m² de bureaux, 30.000 m² de commerces ainsi que des activités de loisirs et des équipements publics (médiathèque, bureau municipal de proximité, centre socio-éducatif). Le tout desservi par le métro - à une dizaine de minutes à pied -, ou encore le tramway qui doit arriver d'ici 2025. De sorte que « le quartier se situera à une quinzaine minutes du centre-ville », prévoit Aurélie Cousi. Les premiers logements devraient être livrés en avril 2023.

Quand cela est possible, préserver l'existant

Arrivée en janvier 2023, Aurélie Cousi se félicite du relatif consensus des différentes collectivités locales autour d'Euroméditerranée, de même que l'intérêt de chacune pour les enjeux écologiques. « La Métropole a été nommée capitale de l'innovation. La Ville fait partie des 100 villes neutres pour 2030. La Région s'investit aussi sur ces sujets avec sa Cop d'avance ». Quant à l'État, « il a apporté 2 millions d'euros sur le Fond vert, avec 300.000 euros sur le recyclage des friches et 100.000 euros sur la renaturation ».

S'appuyant sur la feuille de route issue de la concertation de tous ces acteurs, Aurélie Cousi entend apporter sa méthode - marquée par un fort usage de la concertation, dit-elle- de même que son attachement à « préserver l'existant ». A savoir « des qualités de bâti qui sont incroyables » mais aussi « le patrimoine immatériel » de certains noyaux villageois, « leurs usages, leur sociabilité ... ». Et de citer le noyau villageois des Crottes où Euroméditerranée prévoit de réhabiliter du bâti pour y installer des logements, tout en créant de nouveaux espaces publics. Parmi eux, la Tulipe, un projet culturel qui prévoit de transformer une ancienne savonnerie de 3.311 m² en un lieu culturel qui mettra en avant la culture hip hop.

Près de la gare Saint-Charles, un pôle étudiant

Mais si Euromediterranée 2 est en pleine ébullition, la première phase du projet n'est pas encore totalement achevée avec, tout près de la gare Saint-Charles, la finalisation d'un pôle autour de la formation. « Toutes les pièces du puzzle vont finir par s'imbriquer », assure ainsi Laure-Agnès Caradec.

Parmi ces pièces : l'ouverture en septembre prochain de l'Institut méditerranéen de la ville et des territoires (IMVT) qui réunira sur un même site l'École nationale supérieure d'architecture de Marseille, l'antenne de l'École nationale supérieure de paysage Versailles-Marseille et l'Institut d'urbanisme et d'aménagement régional d'Aix-Marseille-Université. Tout près : le programme Adriana où s'installeront cinq écoles du groupe Ionis, dont celle d'informatique Epitech, ou encore le Campus Omnes Education, un village composé d'écoles supérieures et de tiers-lieux.

Toujours dans le domaine de la formation, un peu plus loin, près du littoral, doit en outre naître la Cité scolaire internationale Jacques Chirac qui accueillera sur 25.000 m² une école, un collège, un lycée, un pôle culturel, un pôle sportif, un restaurant, un internat et des logements de fonction. 2.100 élèves devront y être accueillis, avec un enseignement en cinq langues, participant de l'attractivité du territoire pour les entreprises. Entreprises pour qui le manque d'équipement de ce type pouvait jusqu'alors être un frein à l'embauche de profils très qualifiés.

Beaucoup de formation donc, notamment dans le numérique. Avec la volonté d'attirer des entreprises pourvoyeuses d'emploi dans ces domaines et de préserver sur le territoire celles qui s'y trouvent déjà. Et Laure-Agnès Caradec de résumer : « Nous voulons faire en sorte qu'Euroméditerranée tracte une bonne partie de la dynamique du territoire ». Un dynamique dont doit bénéficier la jeunesse à qui il s'agit d'offrir de nouveaux débouchés. « On les forme et on attire les entreprises qui pourront les recruter. Ce qui nous permettra de fixer les talents sur le territoire ».

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