Mobilité  : où en est la métropole Aix-Marseille Provence  ?

La mobilité est un sujet majeur pour la qualité de vie, l'attractivité, la cohésion sociale ou encore la santé environnementale du territoire métropolitain. C'est aussi l'un des axes majeurs du Plan Marseille en Grand qui consacre un milliard d'euros à la réalisation de 15 chantiers dans et autour de Marseille. Avec l'ambition de fluidifier la circulation et de réduire la dépendance à la voiture.
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Qualité de vie, attractivité, limitation des émissions de gaz à effet de serre... La mobilité est un sujet majeur pour les métropoles françaises.

A Aix-Marseille, plusieurs atouts et faiblesses sont à souligner. Deuxième ville de France, Marseille dispose d'un réseau de transports en commun relativement diversifié mêlant bus, métros, tramways, trains et, de plus en plus, zones piétonnes. Néanmoins, cette richesse s'étiole au fur et à mesure que l'on s'éloigne du centre-ville, avec, au Nord, au Sud et à l'Est de la ville, où l'on trouve des quartiers particulièrement enclavés, avec des conséquences sociales importantes. Par ailleurs, nombre d'associations d'usagers se plaignent de la difficulté à se déplacer en vélo en raison du manque ou tout du moins de la discontinuité des pistes cyclables, bien que la situation s'améliore depuis l'épidémie de covid-19.

Sur l'ensemble de la métropole, certaines villes, pourtant proches à vol d'oiseau, sont difficilement accessibles en transports en commun. De sorte que d'après une enquête mobilité de l'Agam, l'agence d'urbanisme, datée de 2020, la voiture représente 52 % des déplacements sur le territoire, suivi de la marche à pied (33%), puis des transports en commun (11%). Tandis que la part dédiée au vélo ne s'élève qu'à 1 %, contre 3 % à 4 % en France.

Marseille en Grand : un accélérateur pour les politiques de mobilité

Pour réduire cette forte présence de la voiture - qui au-delà des émissions de gaz à effet de serre provoque, entre autres, nuisances sonores, accidents, et fortes dépenses pour les ménages -, la Métropole amorce dès sa création en 2016 plusieurs projets parmi lesquels la création de onze pôles d'échanges ou parkings relais avec une politique tarifaire visant à favoriser le passage de la voiture aux transports en commun.

Mais en septembre 2021, l'annonce du plan Marseille en Grand par Emmanuel Macron donne un nouvel élan à la politique de mobilité du territoire. Ce dernier promet d'investir un milliard d'euros (dont 256 millions d'euros de subventions et 744 millions d'euros d'avances remboursables) dans la modernisation du réseau de transports, avec le vœu que ces investissements permettent en priorité de désenclaver le Nord de la ville, marqués par de forts taux de chômage et de pauvreté.

S'ensuit l'adoption en décembre 2021 d'un plan de déplacements à hauteur de 7 milliards d'euros. L'objectif est alors de tripler les dépenses d'équipements, passant de 100 à 300 millions d'euros annuels. Avec l'ambition que la moitié des habitants de la métropole disposent d'un transport à haut niveau de service dans un rayon de 500 mètres autour de leur domicile, et que 95 % se trouvent à moins de quinze minutes d'un point d'accès au réseau de transports en commun.

15 chantiers pour fluidifier - et décarboner - les déplacements dans et autour de Marseille

Dans le cadre de ce plan, 15 chantiers sont soutenus par le plan Marseille en Grand. 15 chantiers « dont le coût total est de 2 millions d'euros », rappelle Martine Vassal, la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence. Au programme : modernisation des deux lignes de métro, prolongement du tramway à la fois vers le Sud et le Nord de la ville -avec un tracé qui, pour la partie Nord, reste à affiner. S'y ajoutent une nouvelle ligne de tramway le quartier populaire de la Belle de mai, enclavé derrière une Gare Saint-Charles qu'il s'agit de diamétraliser pour en déployer tout le potentiel ; et une autre ligne dans le quartier touristique des Catalans, un projet qui, bien que contesté par la Ville, « a été voté par le Groupement d'intérêt public et suit son cours », assure Martine Vassal. « La concertation va bientôt commencer ».

Hors Marseille, le plan prévoit aussi le développement du réseau de bus à haut niveau de service (avec une plus grande capacité d'accueil et une plus forte fréquence) entre des territoires pour l'heure peu connectés, mais aussi la création d'une ligne de tramway périurbaine au départ d'Aubagne.

« Ce plan nous donne un sacré coup de pouce pour la mobilité », se réjouit la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence. Un coup de pouce qui permet d'investir sur d'autres projets de mobilité en parallèle du plan.

Remettre à plat le réseau de bus

Parmi eux : la dématérialisation des titres de transports prévue pour 2023. « C'est un objectif que j'ai fixé à mes services, en prévision notamment de la Coupe du monde de rugby et des Jeux Olympiques de 2024 ». Mais aussi la « remise à plat de tout le réseau de transport. Cela fait quarante ans que nos bus n'ont pas changé de chemin. Nous voulons que dans le Grand Marseille, les transports en commun soient accessibles jusqu'à une heure du matin, que les fréquences soient plus rapides, avec des arrêts qui soient proches du domicile des usagers. Nous avons pour cela voulu associer les mairies de secteurs. L'idée est d'avoir un beau réseau de bus en complément des lignes de tramway qui vont s'allonger ou s'ouvrir ».

Bus, tramways, métros... La Métropole travaille aussi à la création d'un téléphérique qui conduirait à l'aéroport d'Aix-Marseille, projet qui « avance », assure Martine Vassal.

Concernant le vélo pour laquelle sa politique est parfois accusée (de la part de certains collectifs d'usagers et d'opposants politiques) de manquer d'ambition, la présidente de la Métropole estime de pas vouloir installer de pistes cyclables « partout », de peur de « monter les uns contre les autres. Il faut que tout le monde soit respecté. Qu'il y ait de la place pour les voitures, les piétons, et les vélos lorsque c'est possible ».

Un RER métropolitain dont le destin dépend de celui de la gare Saint-Charles

Voilà pour l'horizon 2030. La suite devra être définie par un nouveau plan déplacement et mobilité.

Quid du RER métropolitain promis par le Président de la République ? « Le Président appelle cela comme il veut. Ce qui compte, c'est la fonctionnalité ». Et de souligner un atout majeur de Marseille : la présence de onze gares au sein même de la ville. Reste à lever une difficulté : « le nœud de la Gare Saint-Charles », qui ne s'ouvre qu'à 180°. « J'ai insisté pour que les travaux se fassent vite car l'arrivée à la gare est saturée ».

Autant de solutions qui doivent à terme contribuer à réduire la dépendance des habitants du territoire à la voiture, en parallèle de la mise en place d'une zone à faibles émissions depuis septembre 2022.

Zone qui interroge citoyens et entreprises, ses contours demeurant encore flous s'agissant de l'extension à venir de son périmètre, de l'éviction ou non de certains véhicules (crit'air 2 notamment) à long terme... D'autant qu'après quatre mois de « tolérance », les premières sanctions sont censées s'appliquer depuis le 1er janvier. Le prochain Conseil métropolitain devrait aborder le sujet. Et annoncer quelles mesures d'accompagnement seront proposées pour rendre la transition acceptable.

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