Dans le Sud, Muselier envoie Mariani au tapis

C’est avec, finalement, une confortable avance de plus de 14 points que Renaud Muselier l’emporte face à Thierry Mariani. Avec 57 % des suffrages, le président sortant rempile donc pour un nouveau mandat de six ans. Et une continuité de sa politique économique.
(Crédits : DR)

La tension aura été électrique jusqu'au dernier moment. Dire que le duel entre Renaud Muselier et Thierry Mariani a été tendu est un doux euphémisme. Il suffit de se rapporter au débat organisé par BFM TV entre les deux candidats pour percevoir l'extrême tension de ce duel, qui a donné bien souvent l'impression de se jouer en dehors du contexte des Régionales. A la fois parce que la France entière a voulu y voir l'antichambre des élections présidentielles de 2022 - la « bascule » de Provence Alpes Côte d'Azur vers le Rassemblement National étant perçue, si elle s'était produite, comme un « signe » de la possible bascule de la France toute entière - et parce que les deux hommes ont parfois, voire souvent, donné l'impression de régler davantage des comptes personnels que d'être adversaires dans une élection.

De l'importance du programme

Le résultat de ce deuxième tour - avec un taux d'abstention de 65% - est pourtant raccord avec ce qui se percevait sur le terrain ces derniers jours. Un Renaud Muselier combattif, qui a multiplié les rendez-vous sur le terrain, qui a aussi mobilisé ses troupes. Certains chefs d'entreprises - les professionnels du sport, du tourisme ou encore les agriculteurs - ont même pris position pour le président sortant, louant sa politique de soutien pendant la crise et aussi durant cette période de reprise. L'ancien président de l'OM, Bernard Tapie, y est également allé de son soutien. L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, aussi.

C'est sans doute, pourtant, précisément sur le bilan et sur le programme, que tout s'est joué. Au-delà des étiquettes finalement.

Le bilan de Renaud Muselier est significatif. On peut le tourner dans tous les sens, le président de la Région n'a pas démérité : achat de masques, de gel hydroalcolique et surtout soutien aux entreprises avec différents outils financiers, s'adressant aussi bien aux TPE PME, aux professionnels du tourisme, de la montagne, de l'industrie... La Région a joué le rôle d'amortisseur pendant la crise et la promesse des Etats régionaux de la relance que Renaud Muselier prévoit au mois d'août prochain, est l'un des points centraux de son programme ou du moins de son début de nouveau mandat.

Le dispositif Zéro rideau fermé est, par exemple, aussi attendu. Sur le papier, l'idée de jouer la carte prévention le plus en amont possible est bonne. Car les très petites entreprises méconnaissent les dispositifs qui peuvent les aider et continuent, par exemple, de percevoir le tribunal de commerce comme le début de la fin alors que les TC jouent un rôle prépondérant dans la prévention des difficultés.

De son côté, Thierry Mariani n'a jamais su convaincre avec des idées qui entrent dans le cadre des compétences de la Région. Proposer des critères sociaux et environnementaux n'était pas innovant : c'est déjà le cas. Proposer un label Provence pour favoriser la production locale : pas suffisant pour rassurer les TPE PME de tous secteurs.

En restant sur les thématiques chères au Rassemblement National, comme la sécurité et l'immigration, Thierry Mariani a lui-même placé le débat en dehors du spectre régional. Et lors des derniers jours de campagne, on sentait un candidat qui donnait l'impression d'être déjà vaincu. "Nous avons été battus par un système coalisé", commente au soir du second tour, Thierry Mariani, qui pointe le fait que Renaud Muselier ait fait le grand écart, "des macronistes aux communistes". Et que cela "ne présage rien de bon".

Quelle opposition ?

C'est donc un second mandat qui s'ouvre pour Renaud Muselier. Qui va devoir mettre en place ce qu'il a promis aux électeurs de gauche et aux écologistes. Les responsables de la gauche en Provence Alpes Côte d'Azur se son dits attentifs à la chose. Patrick Allemand, qui a été le premier vice-président de la Région de 2004 à 2015 sous l'ère Vauzelle, a signifié sur BFM TV qu'il laissait "le bénéfice du doute" à Renaud Muselier pour faire mieux qu'il y a six ans, quand, déjà la droite élue avait voulu laisser un espace d'expression à la gauche... Ce qui avait échoué, le système retenu alors étant, d'après les propres mots de Renaud Muselier, "une usine à gaz". "Je ne cautionnerais pas le paravent", prévient Patrick Allemand.

Renaud Muselier qui va retrouver, dans l'assemblée, une opposition RN comme au cours des six précédentes années. Thierry Mariani siègera-t-il au sein de l'hémicycle ? Les deux ex-adversaires seront-ils capables d'enterrer la hache de guerre ? Pas sûr... Mais désormais, le principal est ailleurs...

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 28/06/2021 à 13:01
Signaler
le titre est un peu peremptoire........ les maires ecolos de l'an dernier se sont fait elire avec 40% de 30% de votants, vu que les vieux avaient quasi interdiction de voter a cause du covid......on retire des conclusions a l'emporte piece alors qu'i...

à écrit le 28/06/2021 à 11:06
Signaler
En fait, Mariani s'est fait museler.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.