
On le savait déjà : 2021 c'était un peu on prend les mêmes et on recommence. Parce que la configuration le laissait présager : Un Rassemblement National donné favori, une droite qui rassemble large, une gauche éparpillée... Et finalement, après moult soubresauts, c'est bien la même configuration qui se dessine pour le second tour de 2021 avec une droite qui talonne le RN et une gauche en position d'arbitre.
Et comme en 2015, le renoncement de Jean-Laurent Felizia, presque inconnu au bataillon politique bien qu'élu dans le Var, ressemble à s'y méprendre à celui de Christophe Castaner, quand celui qui n'était pas encore le ministre d'Emmanuel Macron avait, lui aussi, dû renoncer à un second tour afin de favoriser la liste menée par Christian Estrosi et faire barrage à celui qui s'appelait encore le Front National, représenté par Marion Maréchal-Le Pen.
La volonté de rattraper six ans d'absence
Comme Christophe Castaner il y a six ans, la perspective d'arrêter là le combat est frustrant. On peut le comprendre, depuis six ans, aucun élu de gauche ne siège au sein de l'hémicycle. Et d'ailleurs, hier, c'est un peu ce que le PS essayait de faire comprendre après le « j'y suis, j'y reste » - adopté de façon collégiale - de Jean-Laurent Felizia. C'est plus précisément Xavier Garcia, le premier secrétaire du PS dans les Alpes-Maritimes et tête de liste pour les Régionales dans ce département qui l'expliquait assez clairement, indiquant que le report des voix, notamment les 5% obtenus par le candidat de l'Ecologie au centre, Jean-Marc Governatori, étaient suffisant pour permettre une sorte de front républicain, et que la gauche pouvait ainsi, elle aussi, se battre pour obtenir des élus. D'autant qu'elle en est privée depuis 6 ans. « On ne peut pas demander à une force politique de s'effacer pendant 13 ans », précisait alors Xavier Garcia.
Sauf qu'entre temps, les points séparant les deux « favoris » ont été plus nombreux. De 35% des voix pour chacun, on est passé à 35% versus 34% puis finalement de 36,3% à 31,91%, soit un peu plus de quatre points.
Et clairement, la perspective d'une triangulaire laissait planer une grande incertitude sur l'issue du scrutin. A gauche, dès la fin de la soirée du premier tour, Yannick Jadot avait déjà appelé Jean-Laurent Felizia à revenir sur sa décision. Puis Olivier Faure, le premier secrétaire du PS s'y est mis, Julien Bayou, d'EELV aussi. Localement, Samia Ghali, la maire-adjointe de Marseille y est allé de son tweet, indiquant qu'il ne « pouvait y avoir d'autre alternative », que le retrait.
Même si, en conférence de presse comme sur les réseaux sociaux, Jean-Laurent Felizia explique que la décision de se maintenir, annoncée en fin de soirée, lorsque Renaud Muselier et Thierry Mariani étaient tous les deux crédités de 35% chacun était lié à cette égalité qui laissait entrevoir une réelle chance de l'emporter pour le président sortant, que les résultats définitifs, annoncés dans la nuit, révélant un écart de quatre points rebattaient les cartes, il n'en reste pas moins, que ce matin encore, il affirmait « être droit dans ses bottes ».
La perspective d'une exclusion d'EELV a-t-elle été l'argument décisif, au-delà de la volonté affichée publiquement de ne pas être celui qui facilite l'accession du RN à la présidence d'une Région ? Peut-être ou peut-être beaucoup de raisons ajoutées les unes aux autres.
Muselier et le principe du calumet de la paix
On peut tout de même s'interroger sur pourquoi Jean-Laurent Felizia n'est pas entré tout de suite en négociations avec Renaud Muselier, fort des 16, 89% qu'il représente ? Toujours est-il que le président sortant, dans un communiqué publié en fin d'après-midi, s'est dit prêt à « proposer, dans les jours qui viennent, des mécanismes nouveaux qui permettront (aux élus de la gauche unie NDLR) de peser grâce à des propositions de délibérations, de motions et de vœux, au sein même de l'hémicycle régional », en cas de victoire le 27 juin prochain.
Place donc au duel tant attendu entre Renaud Muselier et Thierry Mariani. Pas sûr que ce soient les programmes qui vont faire le sel de ce qui reste de la campagne. Renaud Muselier était dès ce matin de retour sur le terrain, précisément pour dévoiler son programme dédié à l'industrie. Thierry Mariani est plus discret. Sans doute pas pour longtemps...
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