Ce serait le scénario rocambolesque d'une mini-série ou d'un film, on crierait à l'imagination débordante des scénaristes. Mais souvent la réalité dépasse la fiction. La preuve en ce premier week-end de mai, qui n'a pas du tout été chômé du côté du monde politique, particulièrement chez Les Républicains.
Et c'est une « petite » phrase de Jean Castex qui a mis le feu aux poudres. Confirmant que Sophie Cluzel, la candidate investie pour représenter LREM aux Régionales en Provence Alpes Côte d'Azur n'y allait finalement pas pour se rallier au panache de Renaud Muselier, le Premier ministre a ajouté que « cette union va bien au-delà d'accords d'appareils, c'est un exemple de la recomposition politique ». Une déclaration qui n'a pas été du goût du Président des Républicains, Christian Jacob, qui s'est fendu d'un communiqué pour dire que conformément au statut du parti qui impose aucun accord au premier tour avec LREM, Renaud Muselier ne bénéficiait plus de l'investiture de son parti. Ce qui ne manque pas de sel quand on sait que Renaud Muselier est le tout frais nouveau président du parti dans les Bouches-du-Rhône.
Ce que l'on savait déjà...
Le « retrait » de Sophie Cluzel est-il véritablement une surprise ? Pas vraiment. La secrétaire d'Etat aux personnes handicapées a été quelque peu parachutée dans le Sud et même si elle a multiplié les déplacements ces derniers temps, la possibilité d'un accord avec la liste menée par Renaud Muselier au second tour semblait, pour les observateurs, plus que plausible. Le sondage réalisé par IFOP pour La Tribune et Europe 1 en avril le démontrait clairement : Sophie Cluzel n'avait pas de réelles chances d'être dans le match et hormis un rôle d'arbitre, la tête de liste LREM ne semblait pas en mesure de s'arroger le titre de présidente de région.
La possibilité d'un accord de personnes entre LR et tout autre parti, c'est ce que répète depuis plusieurs semaines Renaud Muselier, laissant entendre que toute personne sur la même longueur d'onde et portant les mêmes valeurs que les siennes était la bienvenue. Encore chez nos confrères de BFM TV il y a quelques jours, il déclarait être prêt à accueillir des personnes raisonnables, « des verts raisonnables qui sont pour les sapins de Noël et le Tour de France, par exemple, des repentis du RN... » et qu'il n'y aura pas d'accord d'appareil, mais que « le bon sens voudrait que la majorité présidentielle me soutienne ».
Une façon de laisser la porte ouverte à qui voulait mettre ses pas dans les siens. Un Renaud Muselier qui, d'ailleurs, ne manquait pas ces derniers jours de rappeler que la majorité régionale a réuni durant cinq ans, 8 composantes politiques différentes. Une façon de dire que les ententes de personnes ne sont pas les ententes de partis...
Les ententes de personnes, loin des appareils politiques, c'est aussi ce que prônait Christian Estrosi. Le président délégué de la Région Sud, maire de Nice et président de la Métropole Nice Côte d'Azur y était allé franchement, appelant à « une liste d'intérêt régional, sans accord d'appareil politique », mais avec « des personnes à la hauteur de la tâche ».
La déclaration de Jean Castex va plutôt à l'opposé puisqu'elle signifie presque la possibilité d'un farouche rapprochement - pour ne pas dire plus - entre LR et LREM. Bien loin, donc, des accords de personnes...
D'ailleurs, derrière ce rebondissement, il y a aussi un peu de duel entre Christian Estrosi et Eric Ciotti. Si on connaît la position du premier, celle du deuxième est totalement à l'opposé. Patron de LR dans les Alpes-Maritimes et, surtout, président de la commission d'investiture, il estime le rapprochement entre LREM et Renaud Muselier de « coup de poignard dans le dos ». Et il ne s'est pas davantage caché d'avoir appelé Christian Jacob, le président de LR, pour faire part de son sentiment.
Ce que l'on ne sait pas encore
Évidemment, le retrait de l'investiture LR à Renaud Muselier pose une question. Qui va y aller pour LR ? Invité de BFM TV ce dimanche, le maire de Cannes, David Lisnard a milité pour la création d'une liste « fraîche et nouvelle », qu'il ne rejoindrait pas, indiquant qu'il « y a beaucoup de talents en Provence Alpes Côte d'Azur, beaucoup dans les Alpes-Maritimes. Il y a de la jeunesse, de l'expérience », citant Eric Ciotti (dont il est proche) ou encore le maire d'Antibes et ancien ministre, Jean Leonetti. Les Républicains vont-ils désigner une nouvelle tête de liste ? Qui va accepter de s'engager dans la bataille ? La réponse devrait être connue dans les prochaines heures. Créant - ou pas - une nouvelle donne.
Y aura-t-il rétropédalage, accord, nouveau désaccord... ? Suite au prochain épisode...
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