A Marseille, stupeur et tremblements

On savait que le scrutin serait tendu. Les résultats du 1er tour le démontrent largement. Alors que le RN était attendu comme challenger à Martine Vassal, c'est le Printemps marseillais, liste multi-partis intégrant France insoumise, socialistes et communistes, qui vire en tête. Une situation inattendue mais révélatrice du contexte marseillais.
(Crédits : DR)

Le duel devait se jouer entre Martine Vassal, la candidate LR et Stéphane Ravier, tête de liste du Rassemblement national. Il se joue autrement. L'arrivée en tête de Michèle Rubirola rebat totalement les cartes.

Pressentie initialement pour être la représentante de EELV, son choix finalement de s'engager auprès du collectif multi-partis le Printemps Marseillais, regroupant socialistes, communistes, France Insoumise et quelques écologistes, avait déjà provoqué la surprise. Au soir de ce 15 mars, elle en créée une seconde. Provoquant remous et stupéfaction.

Car personne n'attendait Michèle Rubirola. Ou plutôt le Printemps marseillais. En ville, les semaines précédant le scrutin, les discussions faisaient état d'une possible poussée du Rassemblement National. Vu comme l'opposant principal à Martine Vassal et Stéphane Ravier, le candidat capable de venir l'emporter. Les différents sondages - dont celui de La Tribune/Elabe/BFM TV réalisé en septembre dernier, comme celui publié la semaine dernière par nos confrères de La Provence, le démontraient.

Il n'en n'a finalement rien été. Cependant les résultats de ce premier tour, ne disent pas tout à fait ce qu'ils sont.

La force écolo, mais pas que

Certes, on peut imaginer que Michèle Rubirola ait bénéficié de son aura écologiste. Impliquée chez Les Verts dès 2002, elle est conseillère départementale depuis 2015. Les préoccupations environnementales - dans la Cité phocéenne comme ailleurs en France ont été extrêmement présentes dans ces élections - et le score du candidat EELV, Sébastien Barles, peu connu des Marseillais, même si engagé depuis longtemps, qui émerge à 8,10 %, le prouve.

La division à droite, avec la présence de la liste dissidente de Bruno Gilles, a évidemment éparpillé les votes. Les 10,66 % réalisés par l'ancien adjoint de Jean-Claude Gaudin manquent cruellement à la candidate LR.

La contre performance d'Yvon Berland, candidat choisi par LREM, si elle surprend moins, ajoute aussi à l'éparpillement. Pour rappel, LREM a mis beaucoup de temps à choisir sa tête de liste. Et si l'ex-Président d'Aix-Marseille Université est connu du monde économique, il l'est (trop) peu du citoyen marseillais.

Alliances et contre-performance

Au final, la situation sur la Canebière est tout aussi complexe qu'avant le premier tour. Car, comme le signifie un observateur de la vie politique locale, proche du monde économique, "personne n'est fort".

Même arrivée en tête, le Printemps marseillais est talonné par Martine Vassal - 23,44 % contre 22,32 %. Confortera-t-il son avance au second tour ? Sachant que souvent, le premier tour est un vote sanction.

Martine Vassal ne fait, évidemment, pas un bon score. La question est de trouver des réserves de voix. Sachant que Bruno Gilles (Ensemble pour Marseille) reste campé sur sa position de ne pas rejoindre le camp LR - dont il a été le patron du parti jusqu'à sa récente démission pour cause de non obtention de l'investiture - et appelle au rassemblement des forces progressistes. "Ni système, ni extrême", rappelle-t-il.

Contre-performance aussi pour le RN et Stéphane Ravier, qui avec 19,45 % des suffrages et la troisième position, ne fait absolument pas le score espéré.

La victoire des réseaux ?

"Il y a ceux qui font ne font pas un bon score et ceux qui font un mauvais score", poursuit l'observateur de la vie politique. "LR, le Printemps marseillais, le RN ne font pas un bon score. LREM, EELV, Ensemble pour Marseille font un mauvais score". Et de pointer qu'avec un taux d'abstention aussi élevé - cumulant à 67 % - la victoire est surtout celle des réseaux. Faisant référence aux déplacements en taxi organisés, au rabattage de dernière minute. "Les réseaux ont su se déplacer", dit-il. Le contexte lié au confinement recommandé pour cause de coronavirus a sans doute joué aussi, notamment auprès d'un socle d'électeurs du Bel Âge favorable à Martine Vassal.

Quid désormais des rapprochements ? Du côté de Debout Marseille et Sébastien Barles (EELV) on reste ouvert à la discussion. "Le Printemps Marseillais est certes un allié naturel mais le ralliement n'est pas automatique et nous appelons à un rassemblement des forces progressistes. Car seule une force progressiste peut faire basculer Marseille", explique un membre du comité politique.

A LREM, on prône également l'engagement avec la force progressiste.

Reste la question du jour : second tour ou pas second tour ? Une réponse qui - selon qu'elle soit positive ou négative - ne sera pas sans impact fort sur l'élection municipale de la deuxième ville de France.

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Commentaire 1
à écrit le 16/03/2020 à 13:50
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Se désister au second tour alors que le parti peut encore faire du fric serait forcément révélateur d'une entente officielle et officieuse, puisque l'on ne voit pas un parti politique refuser du pognon sans raison. Donc c'est en effet une informa...

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