Renaud Muselier, l'économie et le principe de la disruption

Ne l'appelez plus PACA mais Sud, Région Sud. Un changement de nom voulu par le président de l'institution. Question de crédibilité à l'international, dit l'ancien secrétaire d'État aux Affaires étrangères qui tente de secouer le cocotier local.
Renaud Muselier (LR), président de la Région Sud. Son objectif : faire de sa région la première d'Europe à respecter les accords de la COP21. Il a fait voter un plan climat de 100 actions, doté d'un budget de 370 millions d'euros pour 2018.

Dans quelques semaines, en mai exactement, Renaud Muselier soufflera la première bougie de sa présidence de la région Paca. Enfin de la Région Sud. Paca, « ça ne veut rien dire », tonne-t-il dès qu'il le peut ou dès que son interlocuteur, emporté par l'habitude, se méprend. Des points mis sur les i tels que celui-ci, il y en a eu quelques-uns au cours des douze derniers mois. « Je ne serai plus le tiroir-caisse ni des collectivités ni des associations », annonce-t-il dès son installation dans le fauteuil de président. « Qui paie, décide », rajoute-t-il aussi souvent. Et son mantra : « Des résultats à trois ans, une vision à vingt ans. » Un discours ferme, qui a pu surprendre.

Il faut dire que c'est un Renaud Muselier totalement décomplexé qui préside désormais la Région Sud. On critique ses choix ? Il « s'en fout », sûr de son bon droit, répétant, quand on vient le titiller sur certains sujets, que les manettes économiques, c'est lui qui les possède. Merci la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la république).

Il critique vertement Jean-Claude Gaudin sur sa gestion de la ville ? On lui prête forcément des velléités de se présenter aux prochaines municipales. Une sorte de match retour pour l'ancien premier adjoint au maire de Marseille. Et ce n'est pas la réalisation d'un sondage sur ce sujet précis, commandé par son association Cap sur l'avenir 13, qui calme le jeu. Bien au contraire. Surtout lorsque ledit sondage le donne vainqueur en cas de scrutin immédiat.

« Je suis président de la région jusqu'en 2021 et j'entends le rester », dit-il lorsque le sujet est évoqué.

Une réponse qu'il répète sur le plateau de BFM-TV, le 1er mars dernier, lorsque la question d'une candidature au fauteuil de premier magistrat lui est posée. Une sorte de pirouette qui entretient le suspense... Même si lors des vœux à la presse, début janvier, il assure ne « pas être candidat à la succession de Jean-Claude Gaudin ». De tout cela, il s'en amuse, Renaud Muselier. Mais pour l'heure, il déroule sa feuille de route. Et sa méthode : « Autorité, écoute et proximité. »

Montrer l'exemple

En juillet 2017, il reçoit les dirigeants chinois de Quechen, le numéro trois de la silice en Chine, tentés d'installer leur usine européenne à Fos-sur-Mer, avec 110 millions d'euros d'investissement à la clé. Pour les convaincre que la cité phocéenne n'est plus la ville agitée qu'elle a été, il n'hésite pas à montrer la vidéo de son agression par les dockers en 1994, prouvant que tout ceci est désormais de l'histoire ancienne, que le calme actuel sur le port n'est pas factice et que Marseille est une ville où on peut entreprendre sereinement. Depuis, les Chinois ont annoncé leur installation.

Les opérations d'intérêt régional (déclinaison locale des opérations d'intérêt national) voulues par son prédécesseur, Christian Estrosi, ne sont pas toutes opérationnelles comme il le souhaite ? Il remanie pour « plus d'efficacité ». Les cinq grues de la digue du large, les « Élégantes », du port de Marseille sont menacées de démantèlement ? Il contribue financièrement à leur « sauvetage », avec le Grand port maritime.

Aux entrepreneurs, il ouvre le dialogue, crée des outils de financement dont le Fier, un fonds d'investissement doté de 300 millions d'euros sur l'ensemble de la mandature « pour aider les entreprises quels que soient leur taille et leur stade de vie ». Le guichet unique, mis en place il y a deux ans et qui a conseillé 4.000 entreprises, présenterait des dysfonctionnements ? Il diligente un audit indépendant, en cours. Mais rappelle qu'un sondage Odoxa, réalisé en 2017, place Provence-Alpes-Côte d'Azur comme région la plus entreprenante.

Avoir "une COP d'avance"

Cependant, son cheval de bataille, c'est la transition énergétique. Son credo, c'est d'avoir « une COP d'avance ». Un sujet lié à l'économie ayant tout à voir avec la croissance verte, plaide-t-il. Et pour ce faire, autant voir grand, c'est-à-dire dans un scope méditerranéen. En novembre dernier, il organise une rencontre au sommet baptisée "Méditerranée du futur" qui reçoit des chefs d'État, le prince Albert II de Monaco, des ministres, dont Jean-Yves Le Drian, des gouverneurs de province, des scientifiques et des chefs d'entreprise... Son ambition, c'est de faire de la région la « première d'Europe à respecter les accords de la COP21 et à décliner le pacte mondial de l'ONU en faveur de l'environnement ». Il fait voter un plan climat de 100 actions, doté de 370 millions d'euros pour 2018. Et ne compte pas en rester là.

Son autre sujet de prédilection, c'est le tourisme. Logique pour celui qui était, jusqu'au 26 mars, le président du Comité régional et qui a vu la naissance de trois « marques monde » comme il les appelle : Provence, Alpes et Côte d'Azur. Parce que le marketing territorial, ça a du bon. Surtout à l'international. Toujours cette volonté d'être visible à l'extérieur. Pour le bien du marché intérieur évidemment.

« Nous sommes plus qu'une région, nous sommes un petit pays, avec six départements, un PIB équivalent à celui du Portugal, une superficie avoisinant celle de la Belgique, 2,5 milliards d'euros de budget. »

Autant dire que les sujets d'expansion économique ne manquent pas. Celui des municipales attendra. Pour le moment?

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ENCADRÉ

Un train nommé désir

Comme Christian Estrosi l'avait annoncé lors de son arrivée à la région, avec la SNCF, rien ne va plus et cela concerne les TER, ces trains régionaux qui en Paca sont « les plus chers de France, à un million d'euros par jour et avec la plus mauvaise qualité de service : 20% de retard et 10% de trains annulés ».

Volontaire pour être région pilote concernant l'ouverture à la concurrence dès décembre 2019, les candidatures sur le sujet semblent se bousculer au portillon. Dix opérateurs potentiels avaient fait part de leur intérêt, dont un opérateur français, un britannique et deux italiens. « Nous voulons être performants chez nous », dit Renaud Muselier.

« La concurrence marche bien en Allemagne et en Italie. Pas en Angleterre, où le libéralisme à outrance fait intervenir trop d'interlocuteurs. »

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