Quelles perspectives pour Impulse, cet incubateur né il y plus de 20 ans à Marseille  ?

Créé il y a plus de 20 ans, cet incubateur inter-universitaire accompagne les projets entrepreneuriaux d'étudiants et professionnels de la recherche, dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Il revendique à ce jour un total de 237 projets accompagnés, aboutissant à la création de 204 entreprises dont le taux de survie à cinq ans s'élève à 90%, malgré des moyens limités. Des moyens que l'obtention du PUI (Pôle universitaire d'innovation) Provence par Aix-Marseille et ses partenaires devrait venir renforcer. De même que celle de l'appel à projet national Bioclusters, par le projet Marseille Immunology Biocluster.
(Crédits : DR)

Volta Medical, SP3H, Vect-Horus, In'Oya... Nombreuses sont les pépites du territoire à être passées par l'incubateur inter-universitaire Impulse au début de leur parcours mêlant recherche et entrepreneuriat.

Recherche et entrepreneuriat : un alliage encore peu courant lorsque l'incubateur Impulse est créé dans le cadre de la loi Allègre (ou loi en faveur de l'innovation et de la recherche de 1999) qui permet aux chercheurs de créer des entreprises, de déposer des brevets ou d'entrer au capital d'une entreprise valorisant des résultats de la recherche publique. La loi fait ainsi naître des incubateurs dont la mission est d'accompagner les étudiants, doctorants et personnels de recherche souhaitant mettre en œuvre un projet d'entrepreneuriat qui valoriserait les résultats de leurs recherches. Mission qu'Impulse porte dans les quatre départements qu'elle couvre, à savoir les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes, les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse. Avec dans sa gouvernance de nombreux acteurs locaux de la recherche : les universités d'Aix-Marseille et d'Avignon qui en sont à l'initiative, ainsi que le CEA, le CNRS, l'IRD, l'INSERM, l'INRAE, l'AP-HM, l'École Centrale Marseille, l'École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne et l'École Arts et Métiers d'Aix-en-Provence.

Les porteurs de projet sont accompagnés pendant une durée de deux ans par des chargés d'affaires salariés de l'incubateur. Leur est par ailleurs proposé un dispositif d'amorçage à hauteur de 30.000 à 40.000 euros afin de financer d'éventuelles études de marché, des frais réglementaires, de la communication, des déplacements... « Il s'agit d'avances remboursables au risque, c'est-à-dire qu'en cas d'échec du projet, sur justificatif, nous ne demandons pas de remboursement », explique Maxime Defous, directeur de l'incubateur Impulse.

204 entreprises et 2.000 emplois créés

Depuis sa création, Impulse a ainsi incubé 237 projets dont 204 se sont mués en entreprises. Entreprises ayant généré 2.000 emplois directs, dont 1.500 sont toujours existants. « Nous avons un taux de survie de 90 % à cinq ans ». 483 millions d'euros de fonds privés ont été levés, hors rachats.

Et parmi les projets, un sur deux a été lauréat au concours i-Lab ou CNACETI (son ancêtre), et/ou titulaire d'une bourse FrenchTech Emergence Deeptech.

Si l'incubateur se veut généraliste, certains secteurs semblent néanmoins plus représentés que d'autres. C'est le cas des sciences de la vie et de la santé - domaine dans lequel le territoire dispose de sérieux atouts en matière de recherche - qui représente 40 % des projets portés. S'ensuivent les sciences de l'ingénieur (36 %), et les sciences et technologies de l'information (21%). Tandis que les sciences humaines et sociales ne représentent que 3 % des projets.

Le bilan est flatteur. Il n'empêche : les moyens manquent, étant donné le potentiel de valorisation des recherches menées au sein de tous les membres de l'incubateur. Impulse ne compte ainsi que 5 chargés d'affaires, soit une capacité d'accompagnement d'une vingtaine de projets par an. « Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux financeurs, ce n'est jamais simple d'année en année », explique le directeur de l'incubateur qui se félicite néanmoins de deux nouvelles récentes à même de gonfler un peu les moyens d'Impulse.

Vers des moyens accrus

Parmi elles, l'obtention de l'appel à projet national Bioclusters - et d'une enveloppe de 97 millions d'euros - par Marseille Immunology Biocluster (porté par AMU, CNRS, INSERM, AP-HM, des entreprises comme Innate Pharma, Mi-Mabs, ImCheck Therapeutics, la Région Sud et la Métropole Aix-Marseille-Provence) afin de développer des anticorps d'immunothérapie ciblant maladies inflammatoires invalidantes, maladies auto-immunes, infectieuses, cancers, et de faire émerger une quarantaine de startups. « Cela devrait nous donner les moyens financiers d'accompagner trois à quatre projets supplémentaires par an », estime Maxime Defous.

La seconde bonne nouvelle, c'est la labellisation en tant que Pôle universitaire d'innovation du PUI Provence, porté par les Universités d'Aix-Marseille et d'Avignon, le CNRS, l'INSERM, l'IRD, l'École Centrale Méditerranée, l'INRAE, l'AP-HM, la SATT Sud-Est ou encore les incubateurs IMPULSE et Belle de Mai, dans le cadre de France 2030. L'objectif de ce label est de réunir les forces de tous afin de mettre en place des stratégies collectives d'innovation et mieux se coordonner. « Le PUI repose sur quatre axes, explique Eric Berton, président d'AMU. Le premier, c'est l'acculturation des étudiants, doctorants et personnels de recherche à l'entrepreneuriat et à l'innovation », un travail porté notamment par le réseau Pépite, et qui pourra s'appuyer sur des infrastructures physiques comme la Cisam, de même que les Villas Créative et Naturalité à Avignon « Le second axe est le renforcement de la recherche partenariale, avec des moyens pour recruter quinze business developpers au sein de plusieurs structures, afin d'identifier les besoins des entreprises et d'identifier les compétences, qui, dans la recherche publique, pourront répondre à ces besoins ». Le PUI va aussi de pair avec la création d'un label Qualité innovation qui doit « améliorer l'efficacité des chercheurs et collègues dans la réponse aux appels à projet ». Car, estime Eric Berton, « les chercheurs passent 25 % de leur temps à remplir des appels à projets émanant de l'Agence nationale de la recherche, de l'Ademe, de la Commission européennes ... pour un taux de réussite de 10 %. Nous voulons créer un outil qui permette d'automatiser une partie de ce travail en orientant les chercheurs vers les appels à projet qu'ils sont les plus susceptibles de remporter ».

Enfin, le quatrième axe concerne directement Impulse puisqu'il s'agit de favoriser la création d'entreprises deeptech. Ce qui doit permettre à l'incubateur de recruter un ou deux chargés d'affaires d'ici l'année prochaine. « Au total, se projette Maxime Defous, nous devrions pouvoir recruter au moins 3 personnes en trois ans, et accompagner 10 projets supplémentaires plus chaque année ».

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