
En bon industriel qui s'interroge, Guillaume Jacquet-Lagreze regarde assez tôt comment son secteur adresse ce que l'on n'appelle pas encore la décarbonation. Nous sommes au début des années 2010 et c'est l'opportunité professionnelle de sa compagne qui mène le couple dans le Sud, à Nice. Industriel curieux, donc, Guillaume Jacquet-Lagreze s'intéresse alors à la voiture électrique et le passionné de voile ne néglige pas pour autant ce volet maritime. Voilà comment de cette réflexion un peu hybrique, naît l'idée d'un bateau fonctionnant à l'énergie solaire. Et voilà comment naît SeaZen, en 2016.
Quand l'innovation d'usage est lente
Amarré à Beaulieu-sur-mer, SeaZen capte certes les attentions, éveille la curiosité mais la location de ce bateau nouvelle génération peine à se développer. « A l'époque personne ne connaît le bateau solaire », indique Guillaume Jacquet-Lagreze. Pour faire connaître, il faut faire savoir. Le développement de courants de distribution va rapidement donner de la visibilité à la marque. Surtout, SeaZen fait le choix du développement en franchise.
Mais pour transformer les usages, il faut accompagner les habitudes, offrir des opportunités de changer ces dernières. Et sur ce point, le retrofit est une porte d'entrée vers la mobilité décarbonnée la plus accessible et la plus tentante.
Pour cela, la jeune entreprise s'appuie sur une entreprise experte dont c'est le métier et à laquelle elle apporte la brique BtoC.
« La problématique n'est pas technologique, elle est d'usage », insiste Guillaume Jacquet-Lagreze. « Il faut accompagner vers les bons choix et cela consiste parfois à dégrossir techniquement le sujet ».
L'IA la brique pour créer le bateau-robot
Auto-financée depuis son origine, la startup basée à Nice avance, dit son dirigeant, « par itération, afin de ne pas brûler de cash. Je suis plutôt adepte du lean startup ».
Mais l'appui apporté par d'autres sources de financement permet aussi d'aller plus vite. Bénéficiaire de l'aide de fonds européens à hauteur de 30.000 euros via le programme Maritimo, SeaZen a également été lauréate du prix Tourism'Innov de la Région Sud.
Cependant la mobilité décarbonée est gourmande d'innovation et les projets autour du sujet ne manquent pas. Pour Guillaume Jacquet-Lagreze, c'est l'IA qui est la brique capable de pousser encore un peu plus loin le concept... jusqu'au bateau autonome. C'est d'ailleurs ce projet qui lui vaut en 2021 d'être lauréat du Blue Innovation Challenge porté par la Métropole Nice Côte d'Azur. Un projet auquel le Pôle Mer apporte son expertise.
Aujourd'hui, SeaZen entame la phase d'après, celle d'un développement qui se conforte mais pour cela il lui faut trouver un nouveau partenaire industriel capable de lui fournir un bateau fonctionnant à l'énergie solaire. Le fournisseur des premiers bateaux, basé à Istres, a cessé son activité. Guillaume Jacquet-Lagreze continue d'évangeliser, convaincu que l'énergie solaire est davantage une solution d'avenir que celles à base d'hydrogène. « L'hydrogène est nécessaire pour la décarbonation de l'industrie, pour l'aéronautique. Produire davantage d'électricité ne pourra néanmoins pas contenter tous les secteurs demandeurs ». Avec un chiffre d'affaires multiplié par deux chaque année, SeaZen vise évidemment l'international, l'Espagne, l'Italie, la Croatie, la Turquie et la Grèce présentant des caractéristiques favorables pour un bateau solaire. Seazen qui revendique 8.000 visiteurs en 7 ans, 8.000 kilomètres parcourus et « pas un seul kilowatt heure consommé ».
SeaZen et Guillaume Jacquet-Lagreze participent à la Matinale de l'éco, ce jeudi 15 juin à partir de 10h, en direct du MAMAC à Nice.
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