Spécialiste du serious game, C2Care démocratise les thérapies par réalité virtuelle

Depuis son siège à Sanary-sur-mer, dans le Var, cette entreprise conçoit des univers virtuels permettant à des praticiens - psychiatres, psychologues... - de pratiquer des thérapies par réalité virtuelle pour aider leurs patients à mieux gérer des troubles tels les phobies, addictions ou l'autisme... Si l'entreprise s'adressait initialement aux professionnels de santé, elle s'est, au fil du temps, ouverte aux particuliers et aux entreprises soucieuses d'aider leurs salariés à mieux gérer leur stress.
(Crédits : DR)

2015. Voilà quelques années que Pierre Gadea et Romain Streichemberger sont entrepreneurs. Leur truc : le serious game. Ils conçoivent des univers virtuels utilisés dans l'immobilier. Pour mieux visualiser un bien par exemple. Un boulot qui ne les épanouit pas autant qu'ils le souhaiteraient. « On trouvait peu de sens dans cette activité », explique Romain Streichemberger. L'impression de mettre la technologie au service de besoins superflu. Jusqu'à ce qu'un médecin psychiatre et chercheur, passionné de jeux vidéos, les sollicite.

« Le docteur Malbos, qui travaille pour le service du professeur Lançon à l'AP-HM nous a expliqué que pour traiter les phobies, on exposait les patients à leurs peurs in vivo, ce qui n'était pas toujours simple à mettre en œuvre. Il nous a dit qu'à la place, on pouvait utiliser ces thérapies in virtuo et que cela pouvait avoir une efficacité. Et il nous a demandé de concevoir des univers pour permettre cela ».

Le voilà le sens qu'ils recherchaient. Le numérique au service du soin. D'autant que les premiers résultats sont très encourageants. « Nous avons constaté une baisse significative de l'anxiété chez les patients traités avec la réalité virtuelle ».

Une machine à générer des émotions

Au départ, les deux hommes n'ont qu'un maigre capital. 10.000 euros. Pas d'ordinateurs adaptés au développement d'univers virtuels en 3D, car ceux-ci sont encore très chers. « Nous avons commencé en travaillant sur smartphone ».

Puis la demande se renforçant en même temps que les équipements mis sur le marché, l'entreprise s'équipe mieux. Elle grandit. « Au début, on s'adressait à beaucoup de médecins de ville ». S'y ajoutent au fil du temps de grands groupes comme Korian. « Nous travaillons aujourd'hui avec 400 établissements de santé ». Partout en France. Mais aussi à l'international - Europe, États-Unis où l'entreprise réalise 12 % de son chiffre d'affaires, lequel s'élève au total à 1,4 million d'euros.

Des clients à qui l'entreprise propose plus de 170 univers virtuels différents. Parmi les demandes émergentes ces dernières années : des environnements permettant d'affronter la peur de la contamination suite au covid-19.

Et l'entreprise tente d'enrichir ses outils en s'appuyant sur les innovations les plus récentes. « Ce que nous proposons, c'est une machine à générer des émotions ». Ce qui implique de rapprocher au maximum l'expérience virtuelle du réel, via la stimulation de davantage de sens ou grâce à des technologies comme la réalité augmentée, grâce à laquelle des éléments virtuels se superposent au réel. « Nos clients reçoivent beaucoup de clients qui ont peur des insectes. La réalité augmentée leur permet de voir un insecte qui se rapproche de plus en plus d'une main qui est réellement la leur. C'est beaucoup plus impactant ».

Une large palette d'applications

La réalité augmentée présente également un intérêt en kinésithérapie. « La rééducation kiné peut être très laborieuse et ennuyeuse. Alors pour que le patient n'ait pas l'impression de faire ses exercices dans le vide, on peut les gamifier. En levant les bras par exemple, on lui propose d'attraper des objets virtuels ».

Car le champ d'action de C2Care dépasse la psychiatrie. « La réalité virtuelle peut aider à la relaxation dans le cadre d'actes chirurgicaux un peu intrusifs. On a aussi des sujets qui nous tiennent particulièrement à cœur comme les soins pédo-palliatifs. Ces enfants savent qu'ils ne leur reste que quelques semaines à vivre mais ils ne peuvent plus sortir. La réalité virtuelle peut leur permettre de vivre un maximum de choses, de voyager ».

Et dans le cas de troubles du spectre autistique, la réalité virtuelle peut permettre aux patients d'être davantage entraînés à la communication, et de mieux gérer leurs difficultés en la matière. C'est dire l'infini potentiel des thérapies par réalité virtuelle.

Diversification des débouchés

Alors pour que ce dernier profite à toujours plus de personne, C2Care a tenu, au fil du temps, à diversifier ses canaux de distribution.

En plus des professionnels de santé qui pèsent 75 % de son chiffre d'affaires, C2Care répond à divers projets, en santé mais aussi parfois dans les ressources humaines.

« Nous avons aussi une seconde porte d'entrée : le BtoC. On avait une telle demande des patients que l'on s'est mis à leur ouvrir l'accès à nos environnements virtuels et à leur louer des casques ». Et au sein de l'équipe de 15 salariés de l'entreprise, trois psychologues sont habilités à prendre en charge ces patients. « Comme ils ont l'équipement chez eux, ils peuvent répéter entre deux séances et la thérapie est beaucoup plus rapide ». Il faut ainsi compter quatre mois environ, contre six chez un thérapeute. D'autant que ces derniers sont très souvent débordés.

Initiée au début de l'été 2022, cette offre a déjà accompagné 800 patients. « Et nous avons une file active de 250 personnes ».

Et pour aller plus loin, l'entreprise propose une troisième approche. « Nous passons par des entreprises pour prendre en charge leurs salariés en souffrance. Nous travaillons par exemple avec un grand groupe bancaire qui nous a demandé d'accompagner vingt-cinq de ses salariés. Nous sommes en discussion avec d'autres sociétés pour développer cela ». Et avec « un quart des salariés soumis au stress et à diverses souffrances psychiques », le potentiel est colossal.

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