Phenocell passe de la cellule au tissu, et ça participe à l’alternative aux tests sur animaux

Spécialisée dans le développement en quantité illimitée de cellules humaines permettant de tester des molécules et principes actifs dans des conditions les plus réalistes possibles, l’entreprise basée à Grasse renforce sa proposition de valeur à travers un projet de recherche qui vise à conforter son positionnement sur les domaines de la peau et de la rétine, tout en contribuant à s’affranchir de la phase de recherche in vivo chez l’animal.
(Crédits : DR)

Il a longtemps fallu prêcher la bonne parole. Prendre son bâton de pèlerin pour convaincre de l'intérêt de cette technologie pourtant nobélisée, qui permet de produire en quantité illimitée, à partir de cellules souches, des cellules de corps humains. "Aujourd'hui, on ne parle plus que de cela dans les congrès spécialisés", se réjouit Brigitte Onteniente. Il faut dire que la fondatrice de la société Phenocell, ancienne directrice de recherche à l'Inserm, fait partie des pionnières à avoir décelé le potentiel de ces cellules souches pluripotentes (ou IPS) - c'est leur nom - capables de fournir la ressource biologique nécessaire aux études pharmacologiques ou d'approche thérapeutique. Et ainsi proposer aux industries pharmaceutiques, cosmétiques et CRO de combler le manque avec "une alternative aux cellules animales et aux cellules génétiquement modifiées, lesquelles ne répondent pas à toutes les caractéristiques des cellules humaines, dans l'objectif d'apporter des résultats d'efficacité ou de toxicité plus pertinents".

Proposition de valeur

Fondé en 2013 au Genopole d'Evry, implanté à Grasse depuis 2018, ce "super laboratoire de recherche pour industriels" développe donc ces cellules humaines avec lesquelles il réalise des tests de molécules à façon dans deux grands domaines : la peau et la rétine. Une expertise reconnue à l'international, qui représente 70% de son activité, dont les deux-tiers sont réalisés aux Etats-Unis. L'entreprise emploie une demi-douzaine de personnes pour un chiffre d'affaires de 700.000 euros, dont 20% sont alloués à la R&D.

Car Phenocell entend aller plus loin dans sa proposition de valeur afin de conforter son marché et d'en ouvrir d'autres. Et ce, en développant un process de fabrication de structures en 3D. "L'idée, explique la dirigeante, consiste à aller vers la composition de structures plus proches du tissu que de la cellule seule. Ce sont des organoïdes, des structures plus complexes, donc plus proches du tissu humain". L'enjeu étant de "se rapprocher toujours plus de la physiopathologie humaine (étude des mécanismes modifiant les fonctions organiques, NDLR) et de faire dialoguer des cellules comme elles dialoguent dans un vrai tissu".

Premier livrable en 2023

A cet égard, Phenocell cible une poignée de pathologies particulières, la DMLA pour la partie ophtalmologique, l'acné et les problèmes de pigmentation pour la dermatologie. "Il sera ainsi possible d'effectuer de nouvelles validations sur des structures humaines tissulaires et non plus cellulaires". "Cela permettra par ailleurs d'éviter la phase in vivo chez l'animal", laquelle, si elle est interdite pour l'industrie cosmétique, "devient de plus en plus discutable pour la pharma". Un premier livrable, consacré à la rétine, est attendu en 2023. Pour la peau, "nous tablons plutôt pour 2024". Phenocell, qui s'oriente ainsi de plus en plus vers un positionnement biotech, entend bien "passer un cap" et doubler à minima son chiffre d'affaires dès la fin de l'exercice en cours.

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