Valve cardiaque et obésité, pistes de développement des robots intelligents de Caranx Medical

Née en 2020, soutenue par Truffle Capital, la medtech basée à Nice développe des robots chirurgicaux compacts, intelligents et totalement autonomes qui intègrent les technologies de réalité augmentée et d’intelligence artificielle dans le but de faciliter les procédures et l’accès à la médecine interventionnelle.
(Crédits : DR)

Quelle sera la prochaine révolution médicale ? La robotique chirurgicale intelligente et autonome, assurément. C'est du moins la conviction des trois dirigeants fondateurs de Caranx Medical. "Le médical est en train de suivre le chemin pris il y a 25 ans par l'aéronautique où le tout automatisé a révolutionné la pratique du pilote. C'est ce que nous cherchons à faire avec Caranx, révolutionner la pratique chirurgicale à travers des robots autonomes qui peuvent effectuer des procédures complexes programmées par le clinicien de manière automatisée", relève Philippe Pouletty, directeur général de Truffle Capital et président de la medtech azuréenne. Née en 2020 à Nice, Caranx Medical fait en effet partie du portefeuille de sociétés du fonds en capital investissement, "des start-ups qui présentent non pas des innovations marginales d'amélioration mais des technologies de ruptures visant à transformer le secteur dans lequel elles interviennent". En l'occurrence, ici, en permettant de standardiser les procédures, d'ouvrir l'accès à la médecine interventionnelle à l'ensemble de la population et d'augmenter la productivité au sein des hôpitaux et cliniques.

Un premier prototype à court terme

La jeune pousse a choisi deux domaines cliniques pour faire ses preuves. Le premier - le plus avancé - concerne le remplacement des valves cardiaques de manière autonome, une procédure complexe qui nécessite sept temps opératoires : l'analyse des images préopératoires, la planification, l'accès vasculaire, la navigation à l'intérieur des vaisseaux, le positionnement de la valve, la validation et la fermeture. "Il s'agit de se calquer sur cette procédure manuelle, de reproduire exactement les mêmes temps et de la même façon qu'un chirurgien", explique Pierre Berthet-Rayne, directeur technique et ancien chercheur en robotique médicale. Après deux ans de R&D, l'entreprise de 17 personnes est en passe de finir un premier prototype et un PoC est en préparation sur la fonction percutanée autonome, comprendre la procédure allant de la détection du patient sur la table par le robot jusqu'à l'introduction de la seringue au niveau de l'artère fémorale. "Les essais techniques débuteront en octobre avec l'objectif de faire une première sur humain en 2024".

L'obésité aussi

Le deuxième sujet abordé par Caranx Medical concerne l'obésité. "L'obésité est la cinquième cause de mortalité dans le monde. Elle représente 5 milliards d'euros de dépense de santé en France, où l'on compte 8,5 millions d'obèses, soit 17% de la population qui peuvent ainsi perdre jusqu'à 15 ans d'espérance de vie", alerte Éric Sejor, chirurgien et directeur médical de la medtech. Laquelle veut faciliter le traitement chirurgical de réduction de la taille de l'estomac, en rompant avec l'intervention complexe habituelle, qui consiste en une opération à ventre ouvert, pour passer par les voies naturelles, en l'occurrence la bouche. "C'est une solution moins morbide, moins coûteuse, qui permettrait aux gastro-entérologues de base de faire une intervention aujourd'hui réservée aux chirurgiens expérimentés". A cet égard, une demande de financement auprès de Bpifrance va être déposée très prochainement.

Caranx Medical

Financement

Le financement justement. "Truffle Capital prend le risque et assure le financement sur toute la phase R&D", explique Philippe Pouletty. L'entreprise actionne par ailleurs le levier des aides publiques comme le CIR (Crédit Impôt Recherche) ou Bpifrance, laquelle soutient le projet de valves cardiaques à hauteur de 2 millions d'euros. "C'est seulement après les premiers résultats cliniques que nous ouvrirons le capital à des co-investisseurs", reprend-il. Ensuite, deux options se présentent : l'introduction en bourse, sur Euronext, "comme nous le faisons souvent avec nos biotechs et medtechs", ou la fusion avec une autre société du fonds comme ArteDrone, spécialisée dans le développement de micro-robots magnétiques capables de déboucher les artères cérébrales après un AVC. Mais ça, c'est une autre histoire.

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