Comment Rofim a réussi le passage d’outil BtoB à plateforme de télémédecine globale (et à s’exporter)

Initialement censée simplifier l’échange entre médecins sur des cas de patients, la startup basée à Marseille a étoffé son offre pour proposer désormais une plateforme de télémédecine « globale », permettant échanges entre experts, réunions de concertation pluridisciplinaire, téléconsultation des patients… et bientôt séances d’éducation thérapeutique. Une proposition qui a séduit 600 établissements hospitaliers. En France mais aussi de plus en plus à l’international.
(Crédits : DR)

Rofim n'était au départ qu'un organisme unicellulaire. Avec une activité bien précise, pour répondre à un besoin qui l'est tout autant : « permettre un échange sécurisé entre médecins », explique Emilie Mercadal, PDG de la jeune entreprise. Échange d'informations et d'imageries haute définition pour mieux diagnostiquer les patients, grâce à une plateforme pensée comme un réseau social. Ce qui lui vaut le surnom de « Facebook des médecins ».

Puis en 2019, une seconde cellule vient se greffer à la première. Les médecins, au-delà de devoir échanger par pair, ont parfois besoin de se réunir en grand nombre pour poser un diagnostic et décider d'une procédure de soins. On parle alors de « réunions de concertation pluridisciplinaire ». Un dispositif mis en place dans le cas de cancers, de maladies rares ou fonctionnelles, qui regroupe des médecins « sur-spécialisés, de plus en plus actifs dans des niches », et disséminés aux quatre coins du pays. D'où l'intérêt du numérique pour les réunir, ce que propose Rofim, qui passe alors « du one-to-one au one-to-many », résume la dirigeante.

De l'expertise à la consultation

Alors uniquement tournée sur la télé-expertise - une activité qui bénéficie depuis 2019 de remboursements de la Sécurité sociale -, l'entreprise est soudain conduite à s'ouvrir à la téléconsultation, activité très concurrentielle sur laquelle elle ne voulait, initialement, pas se positionner. Mais la pandémie de covid-19 et les confinements ont changé la donne.

« Nos clients, parmi lesquels l'Hôpital Européen et l'Hôpital Saint-Joseph à Marseille, nous ont demandé d'ajouter à notre plateforme un outil de téléconsultation pour continuer de suivre leurs patients malgré les contraintes sanitaires ». Une cellule de plus à l'organisme Rofim.

L'outil est proposé de façon gratuite, grâce à l'apport financier de nouveaux professionnels de santé fraîchement entrés dans le comité scientifique de la startup, qui passe alors de 10 à 35 médecins. « Ils ont investi dans notre solution car ils étaient persuadés que l'ajout de cette fonctionnalité améliorerait leur pratique au quotidien ».

Désormais, la plateforme se distingue de ses concurrentes par la globalité de son offre. « Pour un hôpital, avoir accès à tous ces services au même endroit est une vraie plus-value », assure Émilie Mercadal. « Et vis-à-vis des enjeux de cyber-sécurité, il est préférable de n'avoir qu'une seule plateforme à surveiller ».

Une simplification censée réduire les délais de pose du diagnostic, notamment dans le cas des maladies rares où celui-ci est de 36 mois en moyenne en Europe. « Nous avons créé Rofim pour améliorer la prise en charge des malades. Et cela a des répercussions socio-économiques fortes. En avançant le diagnostic, on améliore aussi la vie des aidants, on réduit le nombre d'aller-retour à l'hôpital... ». Sans parler de la réduction des coûts pour la Sécurité sociale, permise par une prise en charge plus précoce des malades et donc de moindres complications à traiter.

Faire circuler la donnée de santé par-delà les frontières

A ce jour, Rofim compte 600 établissements hospitaliers clients, au sein desquels plus de 10.000 praticiens utilisent sa plateforme. « La plateforme est proposée à travers un abonnement mensuel, dégressif en fonction du nombre de praticiens qui l'utilisent ».

L'entreprise est présente en France. Y compris dans les territoires d'outre-mer (Guyane, Martinique notamment) et en Corse, où la connexion avec la Métropole est un enjeu majeur tant les délais d'attente d'un diagnostic sont importants.

Rofim se lance également à l'international. « Nous sommes présents au Maroc », indique Emilie MercadalUne implantation favorisée par la francophonie du pays, et par les bonnes relations entre médecins français et marocains.« Nous avons organisé là-bas la première journée dédiée à la télémédecine l'an dernier et cela a développé notre visibilité sur place ».

Des preuves de concept sont également en cours en Italie ou encore au Luxembourg. « Les projets pilotes enclenchés en Europe vont nous permettre de mieux comprendre les besoins des pays, leur fonctionnement, et d'adapter l'outil aux spécificités de chacun ».

Un développement soutenu par une levée de fonds de 5 millions d'euros intervenue en 2021, qui a permis le recrutement de trois commerciaux et d'une dizaine de développeurs. Une seconde, de série B, pourrait être mise en place fin 2023.

Enrichir (encore) la plateforme

D'ici là, Rofim s'attelle à garder son avance technologique en continuant d'enrichir sa plateforme. « Nous aimerions proposer un module d'éducation thérapeutique. C'est quelque chose qui peut être très utile, notamment pour les patients atteints de maladies rares qui ont besoin d'apprendre à vivre avec leur pathologie ». La plateforme devrait ainsi permettre la tenue de classes virtuelles pour informer les patients, ou encore de groupes de paroles inter-patients.

Rofim, dont le chiffre d'affaires s'élevait à 500.000 euros en 2021, collabore par ailleurs avec Avignon Université pour la mise en place d'un module qui permettrait, grâce à l'intelligence artificielle, de faciliter l'accès à une littérature scientifique souvent éparse, disséminée entre plusieurs sites. Continuant ainsi à fluidifier les données de santé. Pour que le progrès médical soit accessible à chacun.

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