Croissance externe, structuration de l’offre… comment MyCoach construit son leadership dans la sportech

Conceptrice d’outils digitaux, notamment d’applications web et mobile dédiés à la pratique sportive, la startup basée à Nice et Paris, continue de dérouler sa vision, celle d’un sport français qui se numérise, autant sur le segment professionnel qu’amateur. Sur un marché tout neuf mais en forte demande, l’acquisition récente d’un autre acteur, complémentaire, valide la nécessaire concentration qui doit faire de la sportech une filière économique à part entière. Un enjeu loin d’être secondaire, à l’heure de la préparation des JO 2024 et alors que la question de la souveraineté est plus que jamais d’actualité.
(Crédits : DR)

Lorsque MyCoach voit le jour en 2011, on ne parle alors ni (ou très peu) de numérique dans le sport et encore moins de sportech. Mais en une décennie, l'usage, le développement des applications, le monde de l'innovation tout entier ont évidemment évolué. Et MyCoach, qui n'a eu de cesse d'évangéliser, de se trouver en pôle position d'un leadership qui concerne une filière au fort potentiel économique, la sportech.

Près de 10 millions d'euros levés

Depuis 2011, MyCoach a mené une structuration de l'offre, se renforçant tour à tour sur le BtoB et BtoC, séparant les deux segments. Sur le premier, elle dispose de MyCoach Sport, qui vise les fédérations et les clubs ainsi que MyCoach Pro, pour gérer la performance. Sur le second, elle a donné naissance à MyCoach TV qui offre un contenu pédagogique, déroulé souvent par des stars de la discipline alors que My Coach Tracker se place comme le GPS qui accompagne la performance.

Pour l'oxygène financier qui va bien, différents tours de table ont ponctué le développement et c'est au total près de 10 millions d'euros - 9,6 millions d'euros précisément - qui ont été levés au cours des dernières années.

Mais comme tout nouveau marché, celui de la sportech a vu éclore beaucoup d'initiatives, chacune positionnée sur un apport de valeur différent. Un marché somme toute éclaté, qui, pour prendre du poids et être considéré, a besoin de ce que l'on appelle, une taille critique. D'où un phénomène de concentration, à la fois naturel et nécessaire.

L'ajout de briques complémentaires, c'est ce que vient de réaliser l'entreprise niçoise en faisant l'acquisition de Joinly. Une startup originaire de Paris, également incubée, comme MyCoach au Tremplin, devenue filiale du groupe bancaire BPCE deux ans après sa création, en 2016 et qui permet de gérer inscriptions, paiements, collectes et boutiques en ligne.

Un rapprochement qui fait partie de la stratégie de MyCoach pour être encore mieux vue.

Validation du modèle bicéphale

« Cette acquisition renforce notre modèle en y ajoutant l'univers de l'administratif que nous ne possédions pas. L'idée est de rendre notre modèle audible », explique Cédric Messina. Un modèle hybride, que le fondateur et dirigeant de l'entreprise niçoise appelle bi-céphale, avec des offres pensées pour chaque segment, répondant ainsi beaucoup plus précisément aux attentes. L'objectif, c'est bien de « renforcer l'axe autour de la spécialisation ».

Et qui dit concentration ne dit pas simplement prendre du poids mais c'est prendre du poids pour être perçu comme un interlocuteur qui compte. Notamment face aux appels d'offres qui concernent la filière sportive. Cédric Messina l'explique ainsi, c'est aussi être considéré comme l'équivalent d'acteurs étrangers, américains par exemple. Surtout lorsque l'on a en face de soi une fédération comme la Fédération Française de Football, laquelle FFF vient d'annoncer le choix de MyCoach Pro pour ce qui concerne le suivi des sélections nationales et des pôles espoirs. Un choix qui « fait comprendre qu'il existe un acteur français » qui compte.

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Du rôle des partenariats avec les grands groupes

S'il existe clairement un momentum, encore faut-il savoir en profiter (dans le bon sens du terme). Ce qui signifie poursuivre la structuration. C'est ce qu'il se fait notamment autour de MyCoach TV, la plateforme d'e-learning qui distille sous forme des capsules vidéo, des cours et conseils avec dans le rôle des professeurs particuliers, des sportifs de renom. Une plateforme portée par Cédric Messina et qui veut encore progresser, six mois après son lancement. Un lancement qui s'est fait quasi concomitamment avec MyCoach Tracker, GPS labellisé par la FIFA, qui permet de suivre et analyser la data et donc les performances de tout footballeur. MyCoach Tracker qui pose aussi la question de la souveraineté tricolore, un vrai sujet qui est mieux entendu depuis la crise parce que le terme lui-même a été de tous les discours. Là encore le défi est de démontrer qu'un acteur français a toute sa place.

Le rapprochement, les partenariats avec les grands groupes sont donc une reconnaissance et « assoient un modèle économique », dit Cédric Messina. La concentration comme structuration de la sportech plutôt qu'une déstructuration que provoquerait une foultitude d'acteurs positionnés sur le même bout de segment.

Outre les fédérations ou la BPCE via le rachat de Joinly, l'intérêt des grands groupes se manifeste aussi via l'initiative lancée avec la MAIF, pour une application gratuite baptisée « Accès Sport », qui offre la gratuité de l'accompagnement digital aux fédérations, celles qui n'ont pas encore totalement pris le chemin de la numérisation et qui ici se voient accompagnées dans une transition nécessaire. Il y a aussi l'accord conclu avec Décathlon pour un rapprochement avec les fédérations, monde où l'enseigne n'était pas encore présente.

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Question de politique... et de culture

Structurer veut dire aussi ne pas mollir. A venir, le lancement de la Zidane Academy, qui sera disponible sur MyCoach TV et aura également son application dédiée. Toujours actif, le partenariat avec l'ONG basée à Monaco, Peace and Sport, montre, après le déplacement à Bogota, que la diplomatie par le sport est un levier qui doit aussi être mieux considéré par le monde politique.

Car l'enjeu de la filière est bien là. Le sport français peine encore à être vu comme une filière économique à part entière, et c'est tout le sujet du GIE créé exprès, que préside Claude Revel. Le sport français qui pèse 77,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires, rassemble 330.000 emplois et concerne 112.000 entreprises. Tout cela en alliant des secteurs comme le BTP, l'événementiel, les télécommunications, le BTP, la restauration, les transport... Et une filière qui donc, se numérise. La tenue des JO2024 est très attendue, pas uniquement sur le plan purement sportif, mais pour ce que ces Jeux peuvent servir de levier d'un point de vue reconnaissance de tout un secteur. Sachant que JO 2024 et Coupe du Monde de Rugby réunis, ce sont moins de 7 milliards d'euros de dépenses cumulées. Et que là aussi, on veut l'application d'un Small Business Act. Mais pour cela, il faut... des entreprises françaises. De poids, donc. « Les JO2024 doivent être le reflet de notre capacité collective à créer une filière économique. Il est encore temps », exhorte Cédric Messina. Car « la souveraineté n'est pas qu'un sujet politique, c'est un sujet culturel ».

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