L’IMREDD, cet Institut qui teste les technos et usages du futur

Planté au sein de l’Eco-Vallée, l’institut méditerranéen du risque, de l’environnement et du développement durable, porté par l’Université Côte d’Azur, est une sorte de lieu hybride où on expérimente mais où on invente aussi. De la mobilité à la qualité de l’air, l’imagination et la créativité portent le travail au quotidien des chercheurs et des universitaires, en lien avec les industriels. Un outil qui agit comme une veille technologique avancée et qui ne sert pas uniquement Nice Côte d’Azur.

On aimerait éviter le terme de laboratoire, tant celui-ci est accolé à nombres d'opérations menées et qu'il en devient presque galvaudé. D'autant que Imredd ne fait pas que faire joujou avec des idées dont il teste le potentiel, il va au-delà en créant aussi des outils déjà dans la vie quotidienne.

L'Institut méditerranéen du risque et du développement durable est né au moment où le terme smart city lui-même n'était pas galvaudé. On parlait alors de capteurs et c'est même ainsi que l'une des premières expérimentations s'est lancée, lorsque l'Institut a été choisi pour monitorer la ville de Nice.

Quelques années plus tard, l'Imredd s'élève fièrement dans le ciel niçois. Posé au cœur de l'Eco-Vallée, cette Opération d'intérêt national qui est axée sur les eco-technologies il est donc un bras armé sur la pure innovation, la vraie serait-on tenté d'écrire, car ici se testent, s'inventent, se créent des projets qui ne sont pas encore tombé dans le quotidien et relèvent de la disruption.

Le bâtiment, lui-même, raconte cette histoire. 5.000 m2, des lames de verre qui laissent entrer la lumière mais stoppent la chaleur entourent le cube pensé par l'architecte Marc Barani. Au-delà de l'aspect fonctionnel, il y a de la poésie aussi dans cet outil aux multiples facettes.

Un bâtiment qui, à l'intérieur, applique la philosophie qu'il exprime à l'extérieur. L'usage de l'ascenseur est proscrit et l'immense escalier en colimaçon en béton brut qui trône au centre est à privilégier. On est développement durable ou on ne l'est pas...

Photovoltaïque, éolienne... quelle optimisation de production ?

Un bâtiment qui lui-même est un outil de test. Sur le toit, des panneaux photovoltaïques permettent certes de générer et stocker de l'énergie mais aussi de mieux connaître la façon dont retirer la productivité maximale et surtout, point souvent négligé, comment les entretenir au mieux. « Nous nous sommes posés la question de la disposition choisie. Est-elle la plus optimale, la plus productive ? Et se pose aussi la question de la maintenance », note Pierre-Jean Barre. Notamment comment identifier les points chauds, ces points qui a peuvent détériorer le rendement. Ici, c'est un drone, équipé d'une caméra thermique et d'un logiciel d'intelligence artificielle, qui effectue le repérage.

Sur le toit également, trois stations météo se voisinent, chacune avec sa propre mission, l'une étant une station de référence, la seconde une station appartenant à la Métropole Nice Côte d'Azur et qui permet d'obtenir des informations via les 3.000 capteurs disposés sur le territoire. La troisième s'intéresse à la qualité de l'air qui est envoyé à l'intérieur du bâtiment. Pas loin, c'est une antenne LORA qui trône. Installée il y a quelques semaines, l'éolienne s'active mais son intérêt se situe dans son positionnement, non pas plein vent, mais dans un couloir de courant d'air qui sera d'autant plus formé lorsque l'ensemble des bâtiments de l'Eco-Vallée seront livrés et crééront une densité. Sera-t-il alors pertinent ou pas de récupérer l'énergie formée ?

Volant d'inertie, batteries automobiles, la disruption en vrai

C'est sans doute l'une des plus grandes fiertés de Pierre-Jean Barre. Le volant d'inertie acquis tout récemment prouve la volonté de son directeur général d'être vecteur d'expérimentation grandeur réelle. Ce prototype venu de Grande-Bretagne, qui monte jusqu'à 11.000 tours, travaille par énergie cinétique, capable de rendre l'énergie au bâtiment dès que celui-ci en éprouve le besoin. Pas loin, ce sont des batteries de Kangoo, déclarées plus du tout opérationnelles pour l'usage automobile, qui sont ici utilisées pour stocker de l'énergie et également le rendre au bâtiment. Soit une illustration parfaite de la coopération entre les industriels - en l'occurrence ici Renault et l'Imredd. « C'est ce que l'on appelle le véhicule to grid », en expérimentation avancée. Les partenariats avec les startups - Onhys l'illustre parfaitement puisque sa solution équipe l'Imredd, permettant de comptabiliser les flux de personnes - avec les grands groupes, les industriels sont la meilleure façon de lier théorie et pratique. Siradel, qui appartient au groupe Engie et avec qui un partenariat vient d'être conclu, apportera désormais sa compétence en création de jumeau numérique pour les villes. La ville, que l'Institut sonde et qui a fait de sa voiture autonome, un exemple de comment penser bien plus que la mobilité. Déployée à Carros, celle-ci n'a pas vocation à simplement être mise à disposition. « Sinon ça ne fonctionne pas », assure Pierre-Jean Barre. Ce qu'il faut penser c'est l'usage, l'utilisation. A Cannes, elle pourrait relier les grands hôtels, en montagne, elle serait utile pour les stations de ski. « Le but est de permettre aux territoires de se développer » et de lever les freins qui l'empêchent en partie. « La voiture autonome c'est plus de la problématique de service à la personne que de mobilité. C'est un outil comme un autre ».

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L'impression 3D, du quotidien à la médecine

Ce qui est bien avec l'expérimentation c'est qu'elle laisse libre court à toutes les possibilités. C'est, d'ailleurs, la meilleure façon de faire émerger les innovations et de leur laisser l'opportunité d'intégrer ensuite, selon un chemin plus ou moins long, le quotidien. Doté de 17 imprimantes 3D, l'Imredd fabrique bien sûr des pièces pour l'industrie mais aussi pour la santé. Des pièces complexes, articulées mais fabriquées de façon additive en une seule fois. Cependant, le plus prometteur est sans nul doute cette impression de prothèses mammaires à partir de cellules souches, qui comprend aussi la vascularisation. Un procédé qui laisse entrevoir des perspectives gigantesques par des applicatifs tous autres.

« La force d'un territoire, c'est d'expérimenter », souligne Pierre-Jean Barre qui en a fait une philosophie. Bientôt, une maison de deux étages s'installera au sein de l'Institut, précisément pour « imaginer la vie de demain dans sa maison ». « Il y a la théorie, c'est les idées. Ici, on passe au concret. L'idée sera bonne si elle passe par un besoin. Mon premier critère est le développement du territoire ».

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