Comment Solar Cloth System s’industrialise avec Renault-Volvo Trucks

Après avoir fait ses armes dans le nautisme avec ses voiles solaires, la startup installée près de Cannes, spécialiste du photovoltaïque embarqué, s’invite dans les transports routiers avec un déflecteur de camion innovant imaginé en collaboration avec le groupe de transport et pour lequel elle doit s’industrialiser. À vitesse grand V.
(Crédits : DR)

Le compte à rebours est lancé. Tout doit être opérationnel à l'automne. C'est en tout cas l'objectif que s'est fixé Alain Janet, dirigeant-fondateur de la jeune pousse Solar Cloth System qui vient d'être référencée par le groupe Renault-Volvo Trucks comme fournisseur de série en première monte. Un sacré gap de franchi pour ce spécialiste du photovoltaïque embarqué, spin off d'une petite voilerie de course basée près de Cannes qui, afin de rivaliser avec les plus gros, avait alors joué la carte de l'innovation en développant une voile solaire testée avec succès lors de la Route du Rhum 2014 et du Vendée Globe 2016. Un sacré gap à franchir aussi pour celui qui s'est depuis diversifié dans les textiles techniques photovoltaïques en lançant des prototypes pour différents marchés et qui se trouve donc poussé à changer d'échelle. Lui qui se définit comme "un artisan certes éveillé, mais un artisan tout de même".

Poser les jalons du VIPV

La collaboration entre Solar Cloth System et le constructeur de véhicules industriels et utilitaires a débuté en 2019. Deux ans de R&D plus tard, dont douze mois de tests sur route, elle a débouché sur un module 3D photovoltaïque fin, léger et flexible qui viendra équiper les déflecteurs de camion des marques Renault-Volvo Trucks. Une première pour le deuxième groupe mondial du secteur comme pour la jeune pousse qui ensemble posent les jalons du VIPV (ou photovoltaïque intégré aux véhicules) dans le domaine du transport routier. A cet égard, "nos films solaires photovoltaïques, qu'ils s'intègrent dans un tissu ou se collent directement sur une surface, constituent une réponse à la mobilité durable en permettant ici aux transporteurs de satisfaire leurs besoins en électricité embarqué".

Décupler la capacité de production

Reste donc à mettre en place le process industriel qui va bien pour répondre à une cadence de commandes appelée à monter en puissance. Pour ce faire, Alain Janet estime ses besoins entre 700 000 et 1 million d'euros afin de transformer le hangar de Mandelieu la Napoule en une usine répondant aux normes de l'industrie automobile, "bien plus carrées que dans le monde de la plaisance". "L'objectif, reprend-il, est de multiplier par dix notre capacité de production par rapport à celle d'aujourd'hui en prenant bien garde à obtenir une reproductibilité de nos produits performante. Là-dessus, le groupe Renault-Volvo Trucks nous accompagne". Un responsable industriel vient d'être embauché pour conduire cette transition financée par une opération de crowdfunding sur la plateforme Wiseed qui s'est clôturée début avril sur un montant de 960 000 euros. "Il s'agira également de prendre en compte les différents secteurs adressés et d'adapter nos lignes de production en conséquence afin de compresser nos coûts, stabiliser nos marges et baisser nos prix de vente, et ainsi mordre un peu plus nos marchés".

SolarCloth System

Agriculture et tourisme

Car si le segment mobilité s'avère aujourd'hui prioritaire, Solar Cloth System entend bien récolter les fruits des petites graines semées ici et là ces dernières années. Sur le marché de l'agriPV, par exemple. Elle a mis au point avec deux ingénieurs chercheurs de l'INRA un écran d'ombrage photovoltaïque pour serre dont la version 2 du prototype est expérimentée à Sophia Antipolis jusqu'à l'automne. Un premier déploiement de ce produit est prévu cette année à Dubaï en collaboration avec l'ICBA (International Center for Biosaline Agriculture), et à Agadir, au Maroc, dans le cadre d'un programme avec l'Ademe. "C'est une micro-niche qui pèse lourd quand on sait que le rendement des cultures en serre est entre 5 à 10 fois plus élevé que celui des cultures en plein air, que les projections de la FAO estiment qu'en 2050 les serres seront indispensables pour nourrir la population mondiale, et que par conséquent la production de serres techniques est exponentielle. Or plus la serre est technique, plus elle est productive, et plus elle consomme d'énergie".

Autre marché visé, le bâtiment (ou le BIPV) avec un projet de stores bannes photovoltaïques. "Il y a encore quelques verrous techniques à faire sauter, on se donne 24 mois", indique le dirigeant qui travaille sur ce sujet avec les laboratoires de recherche IM2NP (Marseille) et IPVF (Saclay). En attendant, Solar Cloth System poursuit son incursion sur le marché du tourisme vert avec le développement de tentes autonomes en énergie dont un prototype vient d'être validé par le leader français du secteur Huttopia. "Nous avons également beaucoup d'échanges avec le militaire et le spatial", complète Alain Janet. L'entreprise qui emploie 6 personnes entend donc doubler son effectif rapidement pour tenir ses objectifs. Elle prévoit d'embaucher notamment un directeur commercial, un directeur de production et un ingénieur matériaux spécialisé dans les énergies renouvelables. Elle vise un chiffre d'affaires de 1,2 million d'euros à la fin de l'exercice en cours, contre 140.000 euros en 2020. Un sacré gap là aussi !

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