Les promesses de Platypus, le « smart craft » qui survole les fonds marins et chasse le plastique

Il porte le nom australien de l’ornithorynque et son objectif est d’aller nettoyer le fond des mers. Semi-submersible, capable de naviguer sur l’eau ou sous l’eau à grande vitesse, il teste évidemment des matériaux innovants et embarque de la techno. Porté par François-Alexandre Bertrand, anciennement impliqué auprès du Women’s Forum, désormais installé à Marseille il entame une expédition, baptisée Blue Odyssey, afin de faire la preuve de son concept.
(Crédits : DR)

François-Alexandre Bertrand était conseiller en stratégie mais voilà « je n'aimais pas ce que je faisais ». L'envie de changer d'air, de métier et de continent l'emmène jusqu'en Australie où pendant 5 mois, il pratique la plongée intensément. Ce qui lui fait découvrir le merveilleux monde sous-marin mais aussi tout le mal que la pollution engendre. Ce qui ne laisse pas indifférent au point d'avoir l'idée d'un bateau qui serait capable d'aller récupérer ces polluants et de libérer la mer de ce qui lui cause du tort. C'est ainsi que se dessine les contours de ce qu'est aujourd'hui Platypus, dix ans après.

Tester les matériaux innovants

L'idée n'est, évidemment pas, de reproduire ce qui existe déjà. On connaît les bateaux à fond de verre, les filets dérivants pour déchets flottants, les bateaux de collecte des déchets flottants en mer, ceux qui privilégient plutôt les déchets flottants le long des littoraux. Platypus veut se distinguer d'où le choix du semi-submersible.

« Les bateaux à fond de verre sont souvent lourds et lents. Nous avons fait le choix d'un bateau semi-submersible, qui se transforme. Une partie bascule pour se retrouver sous l'eau », explique François-Alexandre Bertrand qui dépose un brevet dès octobre 2009.

Platypus

Un François-Alexandre Bertrand qui, « sans compétences d'ingénierie » va s'entourer d'expertises externes, techniques. D'autant que l'avantage de construire un projet tout nouveau c'est de pouvoir innover et donc tester. C'est notamment le cas en ce qui concerne les matériaux. Ainsi, le prototype en cours de fabrication intègre de la fibre de liège, « un matériau méconnu qui nous est utile ici pour privilégier les batteries et la température à l'intérieur des coques », précise François-Alexandre Bertrand. En revanche, le Platypus qui part dès le mois de juin en expédition Blue Odyssey est en aluminium. « La coque est très solide et peut se tordre, elle dispose d'un bon ratio légèreté et résistance ».

Dresser une cartographie des plastiques

L'objectif du Platypus est donc d'aller à la chasse au plastique. « Là où il est le plus concentré », c'est-à-dire le long du littoral et pas au milieu de l'océan. « Le plastique se dégrade rapidement sous l'impulsion des UV, il va disparaître et se transformer en micro-particules. Ce sont les courants, ensuite, qui vont les agglomérer ». Le reste de plastique tombe ensuite au fond de l'eau. « L'essentiel du plastique stagne longtemps le long du littoral ». Brassé par les vagues et les courants, il devient poreux et donc s'alourdit et « demeure quelques temps entre 0 et 10 mètres de profondeur de 10 mois à quelques années. Or il est difficile d'explorer le littoral côtier ». C'est exactement ce que veut faire Platypus.

Et c'est là que la technologie intervient. Car pour aller chercher le plastique, il faut le faire de façon efficiente. Ainsi ce smart craft est équipé de capteurs et de caméras et permet la géolocalisation, activable via une tablette tactile sous l'eau, permettant de préciser le type de pollution. Avec, un effet collatéral positif, la récupération de données pour en constituer une base solide. « La data est le nerf de la guerre », et de l'or inestimable pour qui en tire la substantifique moelle. Une data d'autant plus importante que « les plastiques reviennent au même endroit, cela nous permet donc de dresser une cartographie ».

Industrie automobile, fonds marins, même combat

« Cela représente également un coût de ne rien faire », pointe François-Alexandre Bertrand qui compare le sujet à ce qui s'est passé dans l'industrie automobile avec le pot catalytique, qui s'est généralisé parce que le coût humain et économique des gaz d'échappement allait être adressé aux industriels. « C'est ce schéma qui arrive aux fonds des mers ».

Sans oublier, souligne-t-il aussi le coût des poissons rendus stériles ou au métabolisme déréglé. « Le plastique transporte des éléments pathogènes », indique François-Alexandre Bertrand qui embarque Véolia dans l'aventure. Le tout vise à dresser le business modèle de la collecte du plastique. « Nous risquons d'en arriver au principe du pollueur/payeur ». Après avoir pris la mer en juin pour sa Blue Oddysey, Platypus va s'engager dans une autre aventure, celle de la levée de fonds pour un montant de 2 millions d'euros. Et poursuivre la preuve de concept.

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