Tertiaire : Hiptown invente-t-il un nouveau modèle de location ?

Alors que le télétravail a bouleversé les habitudes très ancrées des salariés, la crise et ses conséquences modifient aussi désormais l’approche des entreprises de la location de leurs espaces de bureau. Faire pratique, frugal et économique, c’est l’approche de la jeune société basée à Marseille. Qui essaime déjà ailleurs en France.
(Crédits : DR)

C'est l'idée d'un professionnel du coworking qui trouve son marché, peut-être un peu plus vite que prévu...  Tout commence avec Matthieu Sorin, venu de Bouygues Immobilier, pour lequel il a développé le concept Nextdoor/Wojo. Nous sommes en 2017 et à l'époque, l'immobilier tertiaire se « consomme » de façon somme toute classique. Pour autant, le jeune entrepreneur, décidé à se lancer en solo, remarque que, tout de même, un segment de marché n'est pas couvert. Celui qui consiste à faire simple et frugal, là où les autres marques de coworking communiquent sur leur univers de marque. En gros, un rapport de 20%-80% qui mérite toute l'attention.

C'est de cette analyse que naît HipTown, deux significations - tendance et ville - en un nom.

Avec donc une approche marché qui est de fournir aux propriétaires d'immobilier tertiaire une solution qui leur permette de valoriser tout espace sous-employé ou inutilisé. Ainsi Hiptown prend à bail l'espace, le remet au goût du jour sans ostentation mais avec l'objectif de rendre l'endroit pratique, joli, fonctionnel.

Partir de la contrainte du bâtiment

Une approche qui rencontre finalement assez vite une demande non exprimée. Car si l'entreprise démarre en mars dernier, soit quelques jours avant le confinement, c'est finalement bien la crise qui joue le rôle d'accélérateur de son business.

« Nous partons de la contrainte du bâtiment et non l'inverse », raconte Matthieu Sorin, qui a déjà déployé Hiptown en plein cœur de Marseille, notamment dans l'une des rues les plus difficiles à faire vivre, la rue de la République. Proposant une offre qui convient parfaitement aux auto-entrepreneurs, par nature pas ou peu disposés à prendre à bail sur le long terme.

Car évidemment, ce que propose HipTown, c'est une forme de flexibilité, pile dans l'air du temps.

« Le capacitaire nous importe peu, nous prenons tout en charge. Le propriétaire ne touche à rien, nous tirons le meilleur du bâtiment en tenant compte de ce qu'est le bâtiment ».

HipTown

Effet d'entraînement

Et l'approche plaît même au-delà du concept de départ. A Lyon, ce sont 2 300 m2 qu'HipTown gère pour le compte du propriétaire de cet ensemble de 38 000 m2. 200 postes de travail sont ainsi mis à disposition d'entrepreneurs individuels, d'entreprises en développement, voire à des implantations régionales de groupes nationaux qui trouvent ici un concept simple, modulable et répondant à une demande qui a parfois du mal à trouver la solution adaptée.

A Lille, HipTown a convaincu pour sa capacité à concevoir des espaces en flex mais il lui est aussi demandé de s'occuper de l'hospitality du bâtiment. Une corde de plus à son arc qui place la société marseillaise aussi comme un acteur plus large que l'occupation pure d'espace. L'hospitality concerne d'ailleurs tous les occupants de l'immeuble, même ceux installés via des baux classiques. « Le propriétaire ici s'appuie sur nous pour faire venir les premiers occupants et les premiers locataires », relève Matthieu Sorin. Et le challenge lui plaît bien.

Évidemment, HipTown et son modèle frugal déclinent le concept du côté de l'aménagement où le mobilier est reconditionné, pour favoriser une empreinte carbone et des investissements faibles. « Nous ne faisons pas de chichis », résume Matthieu Sorin, « nous favorisons bien sûr des matériaux solides, mais pas ostentatoires ».

Quel effet crise ?

Lancé à quelques jours du premier confinement, HipTown bénéficie certes de l'effet provoqué par la crise. Mais elle en a souffert aussi. « Nous avons subi trois mois de perte sèche de chiffre d'affaires. Nous en avons profité pour travailler le référencement. Et dès les mois de mai et septembre, l'ensemble de nos espaces ont été loués ». Pour Matthieu Sorin, bien sûr les grandes entreprises ont d'ores et déjà repensé leurs besoins, « estimant ne pas avoir besoin d'autant de m2. Cela correspond aussi à une gestion financière. Pour les petites entreprises et les auto-entrepreneurs, en revanche, nous apportons une offre ». Néanmoins, le dirigeant marseillais reconnaît que « la période est encore hésitante », mais aussi que la période « a ouvert les chakras en ce qui concerne la flexibilité ».

Quelles ambitions ?

La flexibilité, dans l'air du temps, donc. Mais quelles sont les ambitions d'HipTown ? « On considère que le sous-jacent immobilier n'est qu'un moyen », indique Matthieu Sorin. « Nous cherchons à développer une marketplace, physique certes, mais aussi digitale ». Et c'est là où en revient à l'aspect serviciel. Un bâtiment aussi flexible soit-il sans services n'a pas le même intérêt. HipTown prévoit donc d'inclure dans son application une possibilité pour les commerces alentour de faire figurer gratuitement leurs offres, ce qui permettra d'une part aux entreprises d'avoir le choix autour d'elles et aux commerces d'avoir accès à un axe de distribution supplémentaire. « Nous ne voulons pas faire d'animation de communauté intrusive ».

Autre projet, celui de « redescendre l'accueil en pied d'immeuble », façon aussi de faire vivre le quartier et pas que le bâtiment concerné, en incluant une offre de coworking nomade.

Outre les métropoles où elle est déjà présente, dont Paris, l'entreprise marseillaise envisage un déploiement vers Rennes et Bordeaux. « Tout le reste est opportunisme, via des prestations de service ou en full variable », précise Matthieu Sorin. Qui fait remarque que « bien s'implanter dans une ville génère beaucoup de business. Par capillarité, nous pouvons rapidement nous étendre ».

A Lille, quatre recrutements sont en cours. Au total HipTown c'est 7 personnes dont 5 salariés, un chiffre d'affaires de 230 000 euros en 2020, avec un prévisionnel à 2,5 millions d'euros pour l'exercice 2021 et à 10 millions d'euros à horizon 2023.

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