Sp3h en route vers l’industrialisation

Installée à Aix-en-Provence, cette entreprise a développé un scanner miniaturisé capable d’analyser la qualité d’un carburant en temps réel. Après une mise sur le marché perturbée par le covid-19, elle a entamé des discussions pour équiper des transports dans le cadre de directives européennes. Un nouveau marché qui constituerait une importante demande et exigerait de se doter de capacités de production supplémentaire.
(Crédits : DR)

Une page se tourne pour Sp3h, celle de la pré-industrialisation, soutenue par un financement européen de 1,2 million d'euros.

Créée en 2005, l'entreprise aixoise a mis au point un scanner miniaturisé capable d'analyser la qualité d'un carburant (et autres fluides) en temps réel, afin, notamment, de mieux gérer et donc de limiter les émissions de Co2. « Notre force est d'avoir un capteur le plus généraliste possible que l'on spécialise grâce à l'intelligence et les modèles mathématiques que l'on y intègre », assure Alain Lunati, son PDG.

Un outil qui a la vertu d'être miniaturisé et ainsi de coûter bien moins cher que les solutions présentes sur le marché. Avec une déclinaison en trois versions.

Des clients européens leaders de leur marché, impliqués très en amont

« Nous avons la FluidBox micro qui est dédiée au transport et peut être embarquée à bord des véhicules. La Fluidbox industrie s'adresse aux marchés de l'industrie de procédé pour une intégration sur la chaîne de fabrication. Et la dernière arrivée est la Fluidbox Atex conçue pour les marchés de l'industrie qui nécessitent un analyseur avec la certification Atex, anti-explosion ». Une innovation développée en collaboration avec le groupe Axens qui est disponible depuis cette année.

Avec ces trois versions, l'idée est d'être sur différents marchés et de bénéficier au maximum de la diversité d'applications offerte par l'outil. Avec un pari : celui de viser dans un premier temps un nombre limité de clients, influents sur le continent européen, et ce, très en amont de l'innovation. « Nous travaillons avec des gens que l'on a contactés très tôt dans le développement du produit. On leur a proposé de tester des produits pas parfaitement aboutis pour qu'ils apprennent à les connaître et se familiarisent avec l'idée qu'ils seront un jour disponibles. Une relation de confiance s'installe, avec des volumes commandés de plus en plus importants ».

Un décollage conditionné aux réglementations sur les émissions de Co2

En 2019, l'entreprise a généré un chiffre d'affaire de 600 000 euros qu'elle espérait doubler l'année suivante. Mais le covid-19 est passé par là. « Cela n'a néanmoins pas conduit l'Europe à repousser ses objectifs en matière d'émissions de Co2. La problématique tient plus de l'indisponibilité des grands comptes mais les injonctions réglementaires demeurent ». Car le modèle de Sp3H repose fortement sur les contraintes posées par le législateur. « Sp3H ne sera un succès que si la législation est en place, ce qui prend parfois beaucoup de temps ».

Parmi ces mesures sur lesquelles compte l'entreprise : des réductions fiscales promises aux constructeurs et possesseurs de flottes captives qui transformeraient leurs véhicules afin qu'ils puissent consommer 100 % de biocarburants. « Des discussions sont en cours depuis fin 2020 pour équiper des véhicules (bus, autocars, poids lourds) ». L'idée serait que Sp3H analyse la composition des carburants utilisés pour que les industriels et gestionnaires de flotte prouvent sa teneur en biocarburants.

L'entreprise voit aussi un potentiel du côté de la chimie et de la pharmacie, de même que dans l'aéronautique et l'agroalimentaire. Dans ce dernier domaine, des développements devraient être faits pour une meilleure conformité aux normes d'hygiène, via par exemple l'analyse de la composition de colles dont il s'agirait de prouver la compatibilité avec la consommation alimentaire.

Le plan de relance : une opportunité pour travailler sur l'industrialisation

Les perspectives sont là, massives dans certains domaines. « Si les discussions avec les constructeurs de bus et poids lourds aboutissent, on pourrait avoir à produire 40 000 capteurs par an, ce qui générerait plusieurs millions de chiffre d'affaire ». Et impliquerait donc de repenser la stratégie de production.

Jusqu'alors, c'est la flexibilité qui est le maître-mot. La structure de 11 salariés s'appuie sur un réseau de sous-traitants, locaux pour la plupart. « L'électronique et l'optique sont faites en Asie et aux États-Unis faute de ressources sur place. Mais la partie électrique est faite par un fournisseur de la Seyne-sur-mer, l'intégration mécanique est réalisée près de Marignane. Nous, on met les cartes dans le boîtier, on ajoute les modèles mathématiques et on fait les calibrations ».

Un modèle qui permettrait de produire jusqu'à un millier d'unités par an. « Au-delà, on pourrait essayer de rapatrier une partie de la production à Aix-en-Provence ». Et le plan de relance pourrait constituer une opportunité en ce sens. « Cela rentre bien dans la configuration de la réindustrialisation du pays qui ne se fera pas sur les technologies d'il y a 30 ans mais bien sur des technologies innovantes. C'est là qu'on peut avoir une plus-value et où le coût de la main d'œuvre n'est pas significatif par rapport au coût global du produit ».

Pour s'en saisir, l'entreprise devra s'atteler à « mieux normer la solution, recourir à des commerciaux en étoffant l'équipe avec de la recherche et développement, se doter d'un service après-vente... ». Pour passer un nouveau cap et « transformer cette belle expérience en une société avec des problématiques de société qui produit ». L'année 2021 doit être celle de la transition.

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