En intégrant le groupe Proxis Développement, Gene & Green TK veut sortir son innovation du laboratoire

Installée à l’IHU Méditerranée infection à Marseille, cette startup exploite une enzyme capable de traiter des agents neurotoxiques et d’inhiber la virulence de bactéries sans les rendre plus résistantes. Elle vient d’intégrer le groupe Proxis Développement, spécialiste de la chimie. Un moyen d’accélérer sur l’industrialisation et la commercialisation. Et de mettre le fruit de la recherche au profit de tous.
(Crédits : DR)

Tout part d'une enzyme. D'une protéine créée par une bactérie, dont la forme comparable à un cerveau quelque peu difforme recèle de nombreuses vertus. La première d'entre elles, c'est le traitement des agents neurotoxiques auquel s'intéresse Eric Chabrière qui vient de la Direction générale des armées et poursuit sa carrière comme professeur au sein d'Aix-Marseille Université.

Certaines de ces enzymes, découvertes dans des sources d'eau chaude du Vésuve ont en parallèle une caractéristique des plus intéressantes : une grande résistance qui les rend aisément manipulables au niveau industriel. « Ce n'est pas toujours le cas », précise David Daudé PDG de Gene & Green TK. « La plupart des enzymes sont peu stables, ce qui limite les applications concrètes ».

Et là ne s'arrête pas le potentiel de ces petites bêtes. « Nous avons également découvert qu'elles ont des propriétés anti-microbiennes. Plus précisément qu'elles bloquent la virulence des bactéries et la formation de biofilms ». Avec un atout majeur : celui de ne pas provoquer de résistance, un sujet très sensible pour l'industrie pharmaceutique et la santé publique. « Elles empêchent leur communication ». Ce qui les met hors d'état de nuire, sans pour autant les détruire.

Franchir le pas de l'industrialisation et de la commercialisation

Soutenue par la Direction générale des armées et Bpifrance, la startup travaille sur plusieurs projets permettant de tester diverses applications de la découverte. Parmi eux, l'incorporation de l'enzyme dans des pansements antimicrobiens. « Nous avons mis en place un prototype industriel avec Urgo ». De quoi apporter des preuves de concept et « déminer la technologie » dont de premières études ont garanti la non-toxicité. Reste alors à franchir un pas : celui de l'industrialisation et de la mise sur le marché.

Deux solutions se présentent alors. Une levée de fonds à laquelle succéderait la recherche de compétences complétant celles des chercheurs. Ou alors l'intégration à un groupe industriel. C'est la seconde option qui est choisie. « Il s'agit d'une solution 2 en 1 qui, en plus de nous apporter du capital, permet de bénéficier d'un réseau et de moyens techniques et humains supplémentaires ».

Gene & Gen

Le choix se porte sur le groupe Proxis Développement, basé à Levallois-Perret. Celui-ci vient d'entrer au capital de la startup comme actionnaire majoritaire. Spécialiste de la chimie, il a à cœur de diversifier des activités et notamment de se hisser dans le courant d'une chimie plus verte. La technologie de Gene & Green TK s'accorde bien à plusieurs de ses domaines d'activités tels que le traitement de l'eau, les biopesticides ou encore les prébiotiques en nutrition.

Une transversalité qui facilite industrialisation des enzymes de la startup. « Nos enzymes sont produites à partir de bactéries classiques dans des fermenteurs comme ceux utilisés pour la levure de bière. L'entreprise est familière de ce genre de procédés ».

Des procédés qu'il faut néanmoins calibrer pour la production en gros volumes des enzymes, dans un processus figé et reproductible. « Une fois cela mis au point, restera la partie réglementaire qui peut prendre du tempsOn espère voir les premiers produits sur le marché d'ici deux ou trois ans ».

Traitement des plantes et de l'eau en priorité

Pour la mise sur le marché, le groupe cible deux applications prioritaires : le traitement des plantes pour limiter les infections par des pathogènes ainsi que le traitement de l'eau. « Les bactéries forment des biofilms qui induisent une accumulation de bactéries dans les systèmes de traitement des eaux, avec des risques de légionelle par exemple ».

Des enjeux autour desquels les sept membres de Gene & Green TK comptent poursuivre leurs investigations et preuves de concept en laboratoire. « Il y a des tests à effectuer sur différentes pathologies de plantes. On souhaite aussi développer de nouvelle enzymes ». L'intégration au groupe lui permet en fait de se focaliser sur son métier premier, au sein d'un écosystème stimulant. « En travaillant à l'IHU, on a accès à tout l'équipement du laboratoire, ce qui nous donne une grande capacité d'innovation ».

De quoi faire émerger de nouvelles techniques et découvertes. Et prouver que la recherche fondamentale peut répondre très concrètement aux problèmes du quotidien, jusqu'à s'inscrire dans la stratégie d'innovation d'industriels comme Proxi Développement.

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