Comment le Suisse Multiwave Technologie s’appuie sur l’écosystème de recherche marseillais

Présent à Marseille depuis 2016 via sa filiale de recherche Multiwave Imaging, le groupe suisse a noué des liens forts avec les acteurs de la recherche publique locale pour améliorer ses technologies liées à l’imagerie par IRM, son métier premier. Il a aussi mis sur pied deux autres filiales phocéennes, l’une dédiée à la recherche en amont dans divers domaines, l’autre au développement de capteurs intelligents pour l’environnement.
(Crédits : DR)

A partir d'un champ magnétique et d'ondes radio, l'IRM (ou imagerie par résonance magnétique) est capable de fournir des images en trois dimensions du corps humain, donnant à voir des lésions qui ne seraient pas visibles sur une radiographie standard ou une échographie. Et ce, sans radiation ionisante.

Mais bien que relativement précise, cette technologie présente quelques limites. « Plus on augmente le champ magnétique, plus on améliore la qualité de l'image » explique Panos Antonakakis, président et co-fondateur du groupe suisse. Mais cette qualité accrue va de pair avec l'apparition de zones d'ombres qui empêchent de diagnostiquer certaines pathologies telles que la maladie d'Alzheimer, la sclérose en plaques ou encore l'épilepsie.

C'est pour illuminer ces zones d'ombre - à l'aide de métamatériaux- que Multiwave Technologie choisit en 2016 de se doter d'une filiale de recherche. Filiale qu'elle choisit d'implanter dans la Cité phocéenne.

Un territoire d'expertises en IRM et en métamatériaux

« On avait déjà des liens étroits avec l'Institut Fresnel à Marseille ». Et il se trouve que l'écosystème regroupe des expertises correspondant précisément aux besoins de l'entreprise. « C'est un pôle d'excellence où l'on trouve des compétences à la fois en IRM et en métamatériaux. Nous avons par ailleurs eu accès à des machines via l'hôpital de la Timone. C'était vraiment un bel endroit pour développer notre activité ». Si bien que Multiwave Innovation est à ce jour la plus grosse filiale du groupe, avec douze personnes qui y travaillent.

Celles-ci s'attellent à développer des antennes IRM puissantes (jusqu'à 7 tesla pour la recherche ; 1,5 ou 3 teslas pour la clinique) tout en réduisant les zones d'ombre. Mais rapidement, elles se donnent un autre défi : réduire le temps d'attente des patients avant un IRM.

En effet, ces dernières années, la technologie a connu une importante demande. « En 2003, on disposait de 230 machines en France. En 2019, on en compte 1000 mais la demande a augmenté plus vite encore ». De telle sorte que le temps d'attente moyen pour obtenir une IRM demeure de trente jours. « En matière d'IRM, plus le temps du scan est long, meilleure est la qualité d'image. Notre défi pour est donc de réduire ce temps de scan sans impacter la qualité d'image. Ou alors de doubler la qualité pour une même durée de scan », décrit l'entrepreneur.

Pour résoudre ce problème, il développe avec l'Institut Fresnel et Aix-Marseille Université une nouvelle technologie baptisée Wearme. Il s'agit d'un fin tissu porté par le patient sur les parties du corps concernées par l'IRM. Celui-ci, en augmentant le signal sur bruit (un indicateur de la qualité de transmission d'une information), permet de réduire de moitié le temps de scan.

Une chaire IRM

A ce jour, un seul produit a été mis sur le marché. Il s'agit de pads, des coussinets remplis de poudre métallique qui, situés entre le cerveau et l'antenne IRM de 7 teslas, permettent d'illuminer les zones obscures. Une technologie intermédiaire avant la mise au point définitive de l'antenne 7 tesla qui se suffira à elle-même. « Pour le moment, nous comptons une trentaine de clients (instituts de recherche, hôpitaux, cliniques). Nous en visons 200 d'ici à 2022 ».

Avec Wearme et ses antennes de 1,5 et 3 teslas, elle pourra toucher un public plus large dans le cadre d'applications cliniques.

Pour se développer, elle pourra s'appuyer sur l'accord conclu le 1er janvier 2021 avec la fondation A*midex pour un projet de trois ans autour d'une chaire IRM, en lien avec l'Institut Fresnel et le Centre de résonance magnétique biologique et médicale d'Aix-Marseille Université. « Cela nous permettra de développer la technologie Wearme dans différentes versions et d'obtenir plusieurs financements », à savoir 1,37 millions par la fondation A*midex, 900 000 euros par BpiFrance et 1 million d'euros dans le cadre de projets européens. « C'est un gros coup d'accélérateur qui va nous aider à passer l'étape du marquage CE en Europe et à développer notre antenne 7 teslas d'ici 2022 ».

En amont de la recherche, jusqu'à l'application

Active sur le front des IRM, Multiwave Technologie a aussi œuvré à diversifier ses activités ces dernières années. « Notre modèle consiste à créer de nouvelles sociétés ». Un moyen de disperser les risques.

A Marseille, elle a ainsi fondé Multiwave Technologie SAS. Neuf personnes y travaillent, développant de la recherche plus en amont sur les mesures électromagnétiques ou encore la stimulation transcrânienne. « Il s'agit de l'incubation de nouvelles recherches sans vocation commerciale ». En s'appuyant là aussi sur les forces en présence au sein de l'écosystème, dans des domaines variés.

Et lorsqu'une découverte atteint un stade de maturité suffisant, le groupe s'offre la possibilité de créer une filiale dédiée, à l'image de Multiwave Assimilate - à Marseille également- qui développe des capteurs intelligents pour l'environnement. Au programme : nouveaux systèmes de capteurs pour la récupération d'énergie, surveillance de la pollution de l'eau ou encore mesure des propriétés électromagnétiques des matériaux. Autant de chantiers qui élargissent les perspectives de développement du groupe, en phase avec les besoins du futur, et les forces du territoire.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.