C'est un marché lucratif que celui de la chirurgie esthétique. A l'échelle mondiale, les injections de produits de comblement (acide hyaluronique, botox ...) génèrent annuellement 4,7 milliards de dollars. Elles sont réalisées par des spécialistes mais aussi par des mains moins expertes malgré des risques de complications.

« Parfois, l'injection atteint un vaisseau sanguin et peut le faire exploser », observe Hertsel Adhoute, PDG de Syrengy. « Cela peut causer des réactions telles que des rougeurs, des hématomes, des œdèmes, et parfois même une cécité. Mais ce sujet est assez tabou car il y a beaucoup d'argent en jeu ». Et beaucoup craignent de dissuader leurs clients d'opter pour ce type d'actes médicaux non obligatoires. Ils s'exposent néanmoins à des poursuites judiciaires et au risque économique de devoir indemniser les patients concernés.

Un système de double injection pour limiter les effets secondaires

Pour limiter ces risques, l'équipe de Syrengy a mis au point une seringue capable de faire savoir au médecin si son aiguille touche un vaisseau sanguin. Et ce, grâce à un système de double injection fondé sur un modèle mathématique. « Lorsque l'on fait une injection intraveineuse, l'infirmier commence par aspirer pour être sûr qu'il est bien dans la veine, auquel cas il voit apparaître du sang. Dans le cas des injections de produits de comblement, c'est l'inverse, on ne veut pas de sang car il ne faut pas que le produit atteigne la veine. Le problème, c'est que les seringues classiques ont une aiguille très fine et contiennent une substance visqueuse. Il faudrait une force incroyable pour voir s'il y a du sang ». Grâce à la présence de deux substances dans le dispositif de Syrengy, il est possible de réaliser ce test avec du sérum physiologique, neutre, pour s'assurer du bon placement l'aiguille. L'injection de produit peut ensuite se faire en toute sécurité.

De plus, pour faciliter l'opération, la seringue est dotée d'un micro-processeur qui automatise l'injection et permet de programmer précisément la quantité à injecter.

Au programme de 2021 : marquages, prototypage et présérie

Initiés dès 2018, les travaux de recherche et développement ont donné lieu à un premier brevet aux États-Unis. La société a été créée septembre 2019. Elle s'apprête à finalise la rédaction des spécifications et du cahier des charges. La fabrication du prototype sera confiée à une société de design industriel située à Aubagne. Ce prototype devra permettre le marquage CE ainsi que l'enregistrement aux États-Unis et en Chine. « Nous espérons lancer une première présérie d'une cinquantaine de produits d'ici un an. Nous aurons pour cela besoin d'une nouvelle aide de Bpi France [en plus des 60 000 euros déjà obtenus, ndlr] et du soutien d'un petit investisseur ». Une levée de fonds sera organisée d'ici deux à trois mois afin de collecter 150 000 euros.

A terme, l'entreprise souhaite s'adresser à deux types de clients que sont les fabricants de seringues et les grands laboratoires qui fabriquent des produits de comblement. « Ils pourraient distribuer gratuitement nos seringues aux médecins qui prescrivent leurs produits ».

Et grâce à son système de double injection, la seringue pourrait aussi être utilisée dans d'autres disciplines que la chirurgie esthétique. «Il y a des pathologies qui nécessitent d'injecter un produit après l'autre ». De telles applications pourraient ainsi être envisagées en chirurgie vasculaire, en sclérothérapie veineuse ou encore dans le traitement de la douleur.