Après la dermatologie, Clarteis s’ouvre à la désinfection

Installée à Sophia-Antipolis, cette TPE fabrique des lampes excimer capables de traiter des pathologies de la peau. Celles-ci sont produites en petite quantité et vendues quasi-exclusivement à l’export. Mais depuis peu, elle planche sur un nouveau marché qui, covid 19 oblige, devrait la faire considérablement changer d’échelle : celui de la désinfection par rayon UV.
(Crédits : DR)

C'est une petite entreprise des Alpes-Maritimes. Créée en 2014, elle compte aujourd'hui huit salariés qui produisent chaque année 150 unités de ses lampes excimer. Il s'agit de dispositifs médicaux permettant, grâce aux rayons UV, de traiter certaines pathologies de la peau, notamment des maladies auto-immunes telles que le psoriasis et le vitiligo. Une alternative intéressante aux cabines UV que l'on trouve parfois dans les cabinets de dermatologie. « Notre solution divise par 20 la quantité de rayons UV que reçoit le patient », assure Laurent Meilhac, le fondateur. Car le médecin ne vise que la partie de la peau malade et non le corps entier, évitant ainsi les risques de surexposition aux rayons.

La technologie existait avant Clarteis. « Nous, nous avons cherché à améliorer l'existant de telle sorte que notre appareil est aujourd'hui le plus petit et le plus puissant du marché ». Deux qualificatifs qui ne vont pourtant pas toujours de pair. « Nous avons un concurrent américain qui, pour la même puissance, propose une machine de 60 kilos quand la nôtre n'en pèse qu'un seul ». En découle un prix quatre fois inférieur grâce à la moindre quantité de matériel requis et aux frais de transports allégés.

99,5 % du chiffre d'affaire réalisé à l'export

Après deux années de recherche et développement, l'outil baptisé Excliplex est mis sur le marché en 2017 et s'adresse immédiatement au marché mondial. « Aujourd'hui, nous réalisons 99,5 % de notre chiffre d'affaire à l'export dans environ 35 pays ». Excliplex est vendu par un distributeur exclusif dans chacun d'eux.

Mais sans que Laurent Meilhac puisse vraiment l'expliquer, la stratégie a surtout fonctionné hors Europe. « Ici, pour le psoriasis, on privilégie les traitements médicamenteux plutôt que UV. En revanche, pour le vitiligo, il existe peu d'alternatives, c'est donc sur cette pathologie que nous sommes le plus pertinent. Mais cette maladie étant surtout visible sur les peaux foncées - puisque caractérisée par des plaques blanches-, elle passe parfois inaperçue sur les populations à la peau claire. C'est peut-être pour cette raison que nous avons très bien démarré en Inde ».

Des rayons UV multi-fonctions

La fabrication est réalisée sur place, en interne, à partir de pièces produites par des fournisseurs les plus locaux possible. « Nous désignons nos cartes électroniques puis elles sont faites en externes. Nous nous chargeons de l'assemblage final. On réalise de petites séries avec une valeur ajoutée forte, ce qui nous permet de bien vivre ».

Mais depuis peu, la TPE planche sur un nouveau projet qui devrait fortement chambouler sa façon de travailler. « On sait que les rayons UV sont germicides, c'est-à-dire qu'ils tuent les bactéries et virus. Or, en remplaçant un gaz dans nos excimers, on obtient ce type d'effet ». La technique a par ailleurs pour avantage d'être inoffensive pour les humains et les animaux puisque « les rayons restent dans la couche superficielle des peaux mortes ».

Une diversification accélérée par le covid-19

Pour l'entreprise, c'est le moyen de passer d'un marché de niche à un marché grand public tout en renforçant sa présence localement. Et l'épidémie de coronavirus a fortement conforté cette volonté de diversification. « La demande est énorme et des concurrents arrivent. Nous pouvons nous distinguer grâce à notre avance technologique ».

Clarteis planche ainsi sur des spots désinfectants qui pourraient être installés dans des salles d'attente. Elle développe aussi des portes dans lesquelles on ferait passer des personnes ou des caddies, ainsi que des dispositifs mobiles adaptés aux avions. Ces produits, regroupés au sein d'une nouvelle marque baptisée Biovilite, devraient être mis sur le marché dès le début de l'année prochaine, ce qui nécessitera d'importants bouleversements organisationnels.

« Nous avons déjà recruté deux personnes pour ce projet. Puis en fonction des retours des commerciaux, nous pourrons en embaucher deux à six de plus ». Il faudra aussi entièrement repenser le réseau de distribution en trouvant de nouveaux partenaires. L'outil de production ne sera par ailleurs plus adapté. « Il nous faudra un nouvel endroit où nous installer. Ici, on produisait des appareils d'un kilo. Désormais, nous fabriquerons des portes qui pèsent 200 kilos »

D'importants chantiers en perspective mais le jeu en vaut la chandelle. Selon Laurent Meilhac, un tel positionnement pourrait multiplier par dix à cinquante le chiffre d'affaire actuel.

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