David Lacombled : « Le jumeau numérique est un outil de politique publique »

A la tête de la Villa Numeris, think tank qui revendique mêler numérique et humain avec primauté pour ce dernier, cet ex-Orange, qui se partage entre Paris et Nice défend l’idée d’un modèle européen du digital et de l’usage intelligent car pertinent de la modélisation 3D pour imaginer la ville d’après-demain, celle de dans 20 ans. Ou comment unir prospective et rationalité.
(Crédits : DR)

Comment imaginer la ville de demain ? Comment l'imaginer de façon à la fois concrète et prospective ? Ce questionnement est celui des responsables de la « construction » des cités. Entre ce qui est imaginé, puis couché sur le papier et les maquettes et enfin réalisé, il y a souvent (toujours) des ajustements nécessaires, plus ou moins importants.

C'est là que le jumeau numérique prend toute sa saveur et sa valeur. Car la modélisation 3D, par essence grandeur nature, est celle qui permet de mieux appréhender les conséquences de l'aménagement des villes, de la meilleure façon de déployer les réseaux, les systèmes, de confronter des scenarii, notamment d'anticiper ceux qui ne sont pas encore connus. Et ce que défend La Villa Numéris, c'est cette idée d'un jumeau numérique capable d'appréhender les évolutions des attentes, des citoyens, des acteurs économiques, des élus aussi.

Métropolisation sans fin

Autant dire que le sujet prend un peu plus d'importance encore quand on considère à la fois l'effet de métropolisation et l'impact qu'à le coronavirus sur l'aspiration des citoyens à un espace de vie durable, sain, capable de prendre en compte vraiment les enjeux climatiques.

« Le sujet c'est une métropolisation sans fin dans des espaces plus urbains », dit David Lacombled. « Rien ne semble freiner la croissance et la concentration des centres urbains. En 2050, plus de deux tiers de l'humanité vivra en ville, d'après l'ONU. Le seuil de 50% a été franchi en 2017. On a pensé que l'exode rural, encouragé par la crise, allait prendre de l'ampleur, sauf que ça ne se passe pas comme ça. Aller habiter à la campagne n'est pas forcément une solution plus écologique : la voiture est nécessaire pour se déplacer par exemple. Néanmoins, on voit bien que les frontières des territoires sont floues », poursuit le président du think tank.

Et c'est donc là où la modélisation 3D offre tout son intérêt. « Elle permet de mobiliser et d'engager la population, elle permet d'anticiper les phases de concertation avec la population, de séquencer les étapes, de prévoir les incidents de travaux... » égrène David Lacombled. Insistant sur la nécessité d'utiliser ce digital twinpour une vision vraiment globale et pas parcellaire.

Faire économiser à la puissance publique, mais pas que

Dans les perspectives d'imagination de la ville de demain, voire d'après-demain, celle qui sera non pas dans 5 ou 10 mais dans 20 ans, le jumeau numérique est un outil de politique publique, d'aide à la décision avertie. « Au sein de la Villa Numéris nous avons créé un groupe d'experts afin de travailler sur des sujets plus précis. Comment, dans un système vaste, recréer du lien court, par exemple. Notre idée est de voir si un référentiel pourrait être créé, ce que cela peut faire économiser à la puissance publique. Si la population est engagée dans les projets, si elle constate les effets le montant de ses impôts qui baisse, c'est gagné ». Certes, l'usage de la modélisation 3D a un coût, David Lacombled en convient. Mais un coût initial qui se révèle être un investissement efficient dans le temps. Car imaginer la ville de demain ou d'après-demain c'est envisager les usages qui viendront. C'est par exemple concevoir des bâtiments capables d'évoluer avec le temps et les façons de l'habiter. « C'est toute la question de l'hybridation des lieux. Certaines populations sont adeptes d'une certaine forme de zapping », pointe David Lacombled. Le sujet des transports fait également partie de la prospective sur la ville. « Promeut-on les transports collectifs ou des moyens de déplacements doux, individuels ? » Des questionnements qui sont autant de casse-tête pour les élus comms les architectes ou les urbanistes...  « Le sujet c'est plutôt que de faire grandir les villes sans perspective, de faire de la modélisation 3D un outil de prospective. C'est tout l'enjeu ».

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