Trading Central Labs ou l’analyse très utile des sentiments du marché financier

En s’appuyant sur le Big Data et l'Intelligence Artificielle, la fintech basée à Sophia Antipolis, analyse la faramineuse masse d’information financière disponible pour en retenir la substantifique moelle et ainsi aider les investisseurs à prendre de meilleures décisions dans la gestion de leur patrimoine financier.
(Crédits : DR)

Si être à contre-courant peut faire gagner des points dans de nombreux domaines, dans l'univers des marchés financiers, c'est la "catastrophe assurée", pointe Jérôme Savresse. Ce "vieux de la vieille" de la finance sait de quoi il parle. A son compteur, vingt ans en salle de marché à Paris, Londres et Hong Kong, à conseiller les banques, fonds de spéculation et autres assureurs sur les produits financiers complexes. Et puis, l'envie, il y a une paire d'années, de faire autre chose, autrement, et plus particulièrement dans le domaine de la gestion de l'information financière dans le but d'améliorer, grâce aux nouvelles technologies, la façon dont les investisseurs consomment les données. C'est tout l'objet de Trading Central Labs, fruit de l'alliance entre Jérôme Savresse et la société parisienne Trading Central, co-fondée en 1998 par Romain Gandon et Alain Pellier. Présente dans huit grandes places financières mondiales, la PME compte une centaine de collaborateurs pour un chiffre d'affaires de 15 M€ et revendique une position de leader sur le segment de l'analyse technique des marchés financiers à destination des courtiers et institutionnels.

Infobésité financière

Laboratoire de recherche et d'innovation basé à Sophia Antipolis, Trading Central Labs se penche donc, à travers ses outils d'analyse, sur la question du sentiment de marché, où plus précisément du sentiment des investisseurs qui évoluent sur le marché. Avec une première approche liée à la gestion de l'infobésité financière. Un chiffre pour illustrer ce phénomène : "rien qu'aux Etats-Unis, près de 100 000 articles sont publiés chaque jour, ce qui nécessiterait quelque 2 000 ans à une personne pour lire l'entièreté de la production quotidienne", détaille Jérôme Savresse. "Grâce au big data, nous sommes aujourd'hui capables d'absorber des millions d'articles que notre intelligence artificielle décortique et trie selon les sujets abordés, l'aspect positif ou négatif du texte ou encore le champ lexical émotionnel des mots utilisés afin de déterminer l'état psychologique des investisseurs sur le marché financier. Or, la psychologie sur les marchés, c'est 70 à 80% de l'évolution d'un cours." L'idée étant d'aider les investisseurs à prendre des décisions informées, donc meilleures, que ce soit dans une perspective de performance de leur portefeuille boursier ou de protection des investissements.

Partenariats

Un premier produit, baptisé TC Market Buzz, est sorti fin 2019. Il analyse et retransmet l'information financière de manière simplifiée sous forme de bulles dont l'importance varie en fonction des flux. "Plus besoin de lire, en un coup d'œil, on sait ce qu'il se passe sur les marchés financiers", résume le dirigeant. L'outil, d'ores et déjà utilisé par une cinquantaine de courtiers en ligne, s'adresse aux professionnels, aux entreprises qui souhaitent faire du monitoring du risque et aux particuliers. A cet égard, des négociations sont en cours avec de grandes institutions bancaires pour intégrer la solution dans leur outils BtoC. Parallèlement, des partenariats ont été signés avec l'agence de presse Reuters et Yahoo ! Finance. "Nous travaillons également à notre déploiement en Chine où nous envisageons de développer notre modèle au travers d'un partenariat avec Tencent, propriétaire de WeChat, soit un milliard de comptes dans le monde (chiffres 2018, NDLR)".

Vers des modèles prédictifs

Car l'objectif de la fintech azuréenne, qui privilégie une croissance organique, est de prendre position rapidement sur le marché de la gestion de l'information financière, "où il n'y a pas beaucoup d'innovations". Et ce, en accélérant le lancement de nouvelles solutions, dont deux sortiront l'an prochain : la première dédiée à l'analyse financière, la seconde à l'analyse du risque, toujours avec cette approche machine learning et intelligence artificielle qu'il s'agira de faire évoluer vers des modèles prédictifs. L'entreprise vise ainsi un chiffre d'affaires de 1,5 M€ en 2021 contre les 600 000 euros qu'elle s'attend à réaliser en 2020. Question effectif, Trading Central Labs, qui emploie huit personnes dont des mathématiciens spécialisés dans la finance, docteurs en traitement automatisé du langage et développeurs axés IA, entend doubler de taille d'ici à un an. "Nous avons la chance de bénéficier de la force de frappe commerciale de Trading Central, nous en profitons. A moyen terme, toutefois, nous développerons notre propre équipe de commerciaux sur des produits qui peuvent aller au-delà de la finance puisque ce type d'outils peut servir à d'autres domaines comme celui de la politique". Mais ça, c'est une autre histoire.

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