Marklix se voit en Netflix de l’impression 3D

Installée à Marseille, cette startup s’apprête à lancer une plateforme dédiée à la fabrication additive de pièces détachées. Elle doit mettre en relation consommateurs, modélisateurs et imprimeurs. A moyen terme, elle souhaite convaincre des industriels de la rejoindre avec le lancement d’une interface dédiée.
(Crédits : Fotolia)

Pièce perdue, engrenage qui dysfonctionne, bouton hors-service... Chaque année en France, sur 200 millions d'appareils électroménagers, 28 millions tombent en panne et 5 millions seulement sont réparés. Résultat : pour un habitant, 18 kilos de ce type de déchets finissent à la poubelle.

Face à cela, l'impression 3D offre une alternative en permettant de reproduire les pièces défectueuses pour réparer les appareils. Sauf que cette technologie n'est pas suffisamment accessible, comme le constate Pierre-Jacques Lyon, fondateur de Marklik.

Dès 2018, cet ingénieur décide de créer une plateforme dédiée à "tout ce qui est modélisable en 3D". Une solution pour l'heure inexistante, sur un marché où les relations entre acteurs sont parfois tendues. "Il y a une guerre entre les fabricants qui ne veulent pas fournir leurs fichiers 3D et les makers qui font les leurs. On aimerait proposer une solution légale qui permettrait aux fabricants de faire commerce de leurs fichiers".

La plateforme doit être lancée le 1er octobre dans le cadre d'une campagne de financement participatif. Dans un premier temps, elle réunira trois types d'acteurs : les consommateurs, les modélisateurs (qui créent les fichiers 3D) et les imprimeurs. "Nous travaillons avec une dizaine de prestataires français". Car l'enjeu est de favoriser les circuits courts. Ces prestataires proposent toute une série de pièces sur la plateforme. Ils pourront aussi être sollicités pour reproduire des pièces envoyées par les clients. "Le financement participatif portera justement sur cette offre, avec un prix unique de 24 euros. Nous visons cinquante ventes". L'enjeu est en fait de se faire connaître du public visé : un public sensible aux enjeux environnementaux, déjà plus ou moins bricoleur. Pour faire son nid, la startup souhaite aussi tisser des partenariats avec des réseaux de réparateurs, des vendeurs de pièces détachées. Elle vise par ailleurs plusieurs labels attestant son impact contre l'obsolescence.

Convaincre les industriels

En prenant ainsi racine, elle compte faire une preuve de concept et convaincre les fabricants d'électroménager à qui elle proposera une interface professionnelle en milieu d'année prochaine. "L'idée serait de fabriquer des stocks digitaux de pièces détachées". Pour les industriels, le recours à Marklix permettrait de régler un dilemme vis-à-vis d'un amendement de novembre 2019 contre l'obsolescence. "Celui-ci les contraint à laisser libre accès à leurs fichiers 3D à des fins de réparation quand les pièces détachées de sont pas disponibles. Cela peut poser problème du point de vue de la propriété intellectuelle notamment. Alors s'ils ont besoin de pièces, on peut y répondre".

Pour attaquer ce marché et renforcer ses équipes, la startup organisera en mars 2021 une levée de fonds. Elle s'appuie pour l'heure sur un financeur privé, sur Bpifrance, le Crédit Agricole Provence Alpes, Marseille Innovation et le pôle SCS. Avec leur aide, elle aimerait perfectionner sa solution en la dotant d'intelligence artificielle.

"Nous réfléchissons à intégrer des algorithmes pour la détection des défauts sur les fichiers 3D, pour automatiser l'inscription des prestataires ou les processus de modélisation à la demande". Les pistes sont nombreuses pour la startup qui rêve de devenir à l'impression 3D ce que Netflix est aux films.

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