Campus Sud des Métiers : le choix du Lean Construction

Chantier phare du projet de mandature de la CCI Nice Côte d’Azur, le Campus Sud des Métiers, future vitrine de l’apprentissage azuréen, s’organise en mode lean pour mieux maîtriser les aléas. Une première pour le maître d’ouvrage qui entend bien diffuser, par la suite, la bonne parole organisationnelle.
(Crédits : DR)

Réactivé fin avril, après un mois d'arrêt, le Campus Sud des Métiers constitue le chantier phare de la CCI Nice Côte d'Azur, co-maître d'ouvrage avec Habitat 06 de cette opération structurante chiffrée à 84 M€. Lancée en septembre dernier, elle vise à ériger, au sein de la ZAC Nice Méridia, à l'ouest de la capitale azuréenne, un ensemble immobilier de 24 200 m² associant logements, bureaux, ateliers et salles de cours organisés autour de jardins en restanque. A terme, 2 500 alternants, du CAP au diplôme d'ingénieur dans les domaines de l'éco-mobilité, les services à la personne, la santé, la banque, l'ingénierie ou encore la performance énergétique y seront accueillis. Considéré comme la future vitrine de l'apprentissage azuréen, ce Campus vient donc concrétiser l'un des axes forts du projet de mandature de la chambre consulaire, qui est, rappelait son président Jean-Pierre Savarino lors de la pose de la première pierre, de "former les salariés de demain parce que notre territoire a un besoin vital de compétences et de talents pour réussir son développement actuel et futur".

Sécuriser le projet

Dix mois plus tard, si l'aspect "prioritaire" de ce chantier n'a pas évolué, son programme de livraison a, lui, dû être décalé et organisé en deux phases. La partie formation sera bien livrée à la rentrée de septembre 2021, mais celles relatives aux espaces extérieurs, ateliers et logements seront attendues pour le printemps 2022. En cause, la crise liée à la Covid-19, bien sûr, mais aussi et surtout la découverte intempestive d'amiante sur le site qui a imposé, l'hiver dernier, un temps de dépollution et de mise en sécurité de plus de 4 mois. Des aléas, comme souvent les chantiers en rencontrent, que la CCI a décidé de contrer, autant que faire se peut, en mettant en place une organisation lean management adaptée à la construction. L'idée étant de mieux sécuriser son projet. "Le lean management est désormais un mode d'organisation commun dans le secteur industriel. En jouant sur l'amélioration continue et la chasse au gaspillage, il permet d'optimiser les moyens de production et la rentabilité, explique Jean-Pierre Savarino. Dans la construction, sa mise en œuvre est plus complexe mais le principe reste le même : optimiser pour éviter de faire et de défaire." Et ainsi gagner en valeur, notamment en termes de qualité, de productivité, de délais.

Imma à la manœuvre

Pour ce faire, la maîtrise d'ouvrage a fait appel à Imma Construction, spécialiste du sujet. Fondée en 2007 par Fabien Font, ancien directeur de production chez Biotherm à Monaco, basée en France (Paris) et en Suisse, l'entreprise intervient chaque année sur 150 à 200 projets dans le monde. Trente-cinq personnes y travaillent pour un chiffre d'affaires de 3,5 M€ (2019). "Notre métier, insiste le dirigeant, c'est de transformer le monde de la construction en améliorant toute la chaîne de valeur, de la programmation jusqu'à la livraison. Nous sommes convaincus que l'on peut construire plus sereinement, plus vite et de meilleure qualité si on manage différemment les projets". Ce qui nécessite, selon l'expert, deux impératifs "indissociables" : à savoir, une méthode à travers des outils de pilotage dédiés et un état d'esprit, l'enjeu étant "d'amener l'ensemble des entreprises intervenantes d'un chantier à collaborer". Et ce, si possible, dès l'élaboration du planning, pièce maîtresse du lean construction. Lequel s'intéresse en priorité au management de l'espace (ou planification géo temporelle). "Le premier des gaspillages d'un chantier, c'est le manque de gestion de l'espace dans le déroulement des travaux, qu'il s'agit donc de mieux synchroniser", reprend Fabien Font. Qui cite comme autres grands principes, l'anticipation, la coordination et le collectif à travers, notamment, l'organisation quotidienne de points d'étape ou encore le recours à la préfabrication.

Diffuser l'expérience

Dans le cas du Campus Sud des Métiers, "nous avons été sollicités juste avant le confinement dans l'objectif de sécuriser le délai d'une part et, de l'autre, d'améliorer le pilotage afin de fluidifier les échanges entre toute l'équipe projet, notamment sur les sujets qualité", détaille Sophie Muhlsteff, chargé du dossier azuréen chez Imma. Des outils adaptés vont ainsi être déployés pour "que tout le monde gagne en visibilité et que chacun puisse être acteur du projet".

"L'un des aspects importants, pour nous, poursuit Stéphane Attali, directeur travaux de la CCI, c'est que ce collaboratif mis en place permettent à tous d'être gagnants. Faire bien du premier coup, cela veut dire optimiser le temps, mais aussi les déchets, les équipes dédiées... Le lean construction, c'est plus qu'un objectif de maître d'ouvrage car l'entreprise y gagne aussi". Et Jean-Pierre Savarino d'enfoncer le clou : "Notre rôle, en tant que chambre consulaire, consiste à être moteur, à montrer la direction. L'expérience et l'analyse que nous allons retirer de ce premier chantier organisé en lean, nous entendons bien les diffuser et ainsi servir l'amélioration dans les entreprises".

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