Comment Provence Factoriz met à l’honneur le riz de Camargue

Installée à Arles, cette entreprise fondée par deux enfants de riziculteurs a conçu Orizon, un saké à base de riz de Camargue. Sa première gamme aromatisée doit lui permettre de susciter l’appétit des clients via l’hôtellerie restauration et les épiceries fines. A terme, l’ambition est d’élargir l’offre avec des alcools natures mais aussi des crèmes et des glaces.
(Crédits : DR)

Anaïs Lacrotte est issue d'une famille de riziculteurs. Son mari, Bruno, également. Les parents de celui-ci sont producteurs comme ceux d'Anaïs, mais aussi transformateurs et commercialisateurs. La famille Lacrotte est de celles qui ont fondé le silo de Tourtoulen à Arles. Autant dire qu'en matière de riz, le couple en connaît un rayon.

C'est lors de leurs études qu'ils se rencontrent, chacun animé par l'envie de valoriser le travail des riziculteurs. D'autant qu'ils découvrent que beaucoup ignorent que l'on cultive la céréale sur le sol national. Pas question pour autant de se confronter à de grosses marques déjà en place. Il faut proposer quelque chose de nouveau, viser une niche pour trouver sa place.

Le déclic naît en Californie où Bruno Lacrotte est amené à travailler dans une rizerie qui produit du riz à saké. Cet alcool, peu consommé en France, pourrait donner lieu à la création d'une nouvelle marque.

Un produit d'influence japonaise et une technique française

« Il y a déjà eu des initiatives de ce type de la part de Japonnais venus en France avec leur technique », observe Anaïs Lacrotte. Une technique très gourmande d'eau et d'électricité. « Nous, nous avions une autre philosophie, une vision plus agronomique ». Il faut que les procédés de fabrication soit plus respectueux de l'environnement, mais aussi du produit dont il s'agit de révéler le potentiel gustatif.

« Nous avons choisi un riz rond de Camargue, bio ». L'approvisionnement se fait via le silo de Tourtoulen. Provence Factoriz se charge de polir le grain pour en retirer les couches externes. « Celles-ci contiennent des protéines qui donnent un goût trop prononcé. Le polissage permet de révéler la pureté et la subtilité du grain ». L'amidon est ensuite transformé en sucre par un partenaire qui produit des boissons fermentées à base de graines crues, dans le Rhône. « C'est une technique brevetée qui permet des économies d'eau, d'électricité et de main d'œuvre », explique l'entrepreneuse qui aimerait, d'ici trois ans, relocaliser à Arles cette étape de production. Une fois ce sucre obtenu, on y ajoute des levures pour la mise en fermentation. Restent la filtration, la pasteurisation, la mise en bouteille et la gazéification. « On obtient un alcool sec puisqu'il ne contient pas de sucre ajouté ». Mais plutôt que de proposer un alcool nature, le couple a opté pour une gamme de trois boissons aromatisées, un moyen d'habituer en douceur des palais peu familiers au saké. « Nous avons opté pour des saveurs qui marient Provence et Asie ». Le yuzu est ainsi mélangé à la menthe, la fleur d'oranger au poivre noir et la grenade au gingembre.

Hôtellerie-restauration, épiceries fines et magasins bio

Provence Factoriz se jette dans le bain de la commercialisation en septembre 2019. Sa marque baptisée Orizon vise d'abord l'hôtellerie-restauration. L'idée est de faire découvrir la boisson aux consommateurs  afin de leur donner envie de l'acheter en épicerie fine ou magasins bio, l'autre débouché visé. Mais ce sont finalement ces derniers qui montrent les premiers signes d'intérêt, les restaurants adoptant une attitude plus attentiste. « Ils veulent voir comment cela se vend avant de les référencer ». Les bouteilles sont déjà présentes dans une quarantaine de points de vente, essentiellement en région. « Mais c'est une boisson qui se prête davantage à la saison estivale car elle se boit très fraîche. Nous avions donc assez peu de réponse l'hiver. »

Avec l'arrivée des beaux jours, en mars, les portes étaient plus nombreuses à s'ouvrir, du Negresco niçois à l'hôtel Martinez à Cannes, en passant par d'autres grandes maisons des Alpilles. « On commençait à décoller mais la crise nous a stoppés », regrette la cheffe d'entreprise.

La réouverture des hôtels et restaurants ayant été actée, elle espère que cela l'aidera à irriguer son carnet de commandes. D'autant que l'entreprise peut désormais s'appuyer sur Lux Food, un grossiste qui distribue des produits de prestige aux grandes maisons. « Ils nous ont référencés. Ils pourront donc nous aider avec leur force de vente. En parallèle, nous allons recommencer à démarcher les points de vente ».

La TPE est aussi active sur les réseaux sociaux afin de diriger des clients vers sa boutique en ligne.

Autant de pistes qui doivent la conduire à trouver son public, avec un objectif de 25 000 litres écoulés sur la première année. Elle pourra ensuite élargir son offre avec « des gammes natures où l'on travaillera davantage sur le grain. On pense aussi à proposer des boissons sans alcool ». Après la boisson, elle pourrait aussi se tourner vers d'autres produits tels que des glaces et des crèmes, à partir de la même technique de transformation de l'amidon en sucre. Preuve que même après huit siècles d'existence, la petite graine camarguaise reste une intarissable source d'innovation.

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