Comment Kietta veut moderniser la sismique marine

Installée à Marseille, cette entreprise robotise la sismique marine, une technique qui permet la recherche de gisements de gaz et pétrole en mer. Après un premier projet en mer rouge, elle souhaite se doter de nouveaux équipements pour entrer en phase commerciale.
(Crédits : DR)

Utilisée pour repérer des gisements de gaz et de pétrole en mer, la sismique marine peut être comparée à une échographie des sous-sols. Au moyen d'ondes qui se réfléchissent, elle permet d'avoir des informations précises sur les caractéristiques des fonds marins. Cela peut se faire grâce à d'imposants bateaux qui chalutent des câbles équipés de capteurs, ou bien par le biais de capteurs directement posés au fond de la mer. Des méthodes relativement invasives d'un point de vue environnemental et face auxquelles Kietta a voulu proposer une troisième option.

Baptisée Freecable, sa technologie repose sur des "bateaux de surface robotisés", explique son président Laurent Velay. Deux bateaux maintiennent un câble au bout duquel se trouve un capteur immergé dans l'eau mais sans contact avec le sol, afin de préserver les récifs de coraux. La taille réduite des bateaux permet en outre une moindre consommation d'énergie. Et au-delà d'être plus propre, la technique offre selon son président de meilleures performances en matière de qualité d'image et de productivité. "On couvre cinq fois plus de surface dans le même temps".

Après six années de recherche et développement et deux levées de fonds, le dispositif est mis à l'épreuve en Méditerranée en 2015. Un an plus tard, il fait l'objet d'une étude commerciale pour "une compagnie pétrolière majeure", en mer Rouge. Puis la société peaufine sa solution et part à la recherche de partenaires pour la fabrication, avec pour volonté de recourir à des sous-traitants les plus locaux possible. "Les premiers bateaux étaient fabriqués en hollande mais les prochains le seront sûrement en France, voire dans la région. On travaille sur des ballasts faits localement". Une manière de profiter du savoir-faire national et de simplifier les échanges ainsi que l'assemblage des pièces.

Un marché qui veut réduire son impact environnemental

Ces bases étant posées, l'entreprise souhaite désormais entrer pleinement en phase commerciale. Elle se heurte pour l'heure à un manque d'équipement, particulièrement coûteux dans ce domaine. Une levée de fonds a été initiée en début d'année. "Il faudra ensuite douze à quinze mois pour fabriquer les équipements" et répondre aux clients potentiels. "Celui avec qui nous avons travaillé en mer Rouge est très intéressé. On intéresse la plupart des majeurs pétroliers, publics ou privés". Des clients à qui l'entreprise vendra directement les données obtenues en mer, et non les équipements qu'elle garde pour elle. Cette souplesse de l'offre est un atout qu'elle met en avant, en plus de son moindre impact environnemental, de plus en plus plébiscité sur ce marché. "C'est un secteur d'activité qui est chahuté d'un point de vue économique mais aussi parce qu'il a mauvaise presse". Et Laurent Velay d'assurer que pour y faire face, "les pétroliers cherchent à prendre les problématiques environnementales à bras le corps". Une opportunité pour l'entreprise. "La sismique est la dernière étape non intrusive avant le forage. Il est important de ne rien abîmer et d'éviter les forages secs", c'est-à-dire sans pétrole ni gaz, pour rien.

"Depuis quelques années", ajoute-t-il, "on observe une propension des pétroliers à produire le maximum d'effluents à partir d'infrastructures existantes". D'où le recours à la sismique de production qui donne en temps réel une image d'un gisement et de ses réserves. "Cela représente une dépense annuelle de 5 milliards de dollars au niveau mondial ". Un marché sur lequel Kietta compte bien se faire entendre.

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