Comment H-Prec valorise le composite industriel

A l’origine d’un procédé de fabrication de pièces composites de rupture, la PMI basée à Carros s’apprête à lancer la production de ses premiers produits à destination du marché de la moto haut de gamme. A terme, elle entend se positionner comme une alternative industrielle à l’aluminium.
(Crédits : DR)

Après cinq longues années de développement, H-Prec passe le Rubicon. Et pose les premières fondations d'un édifice qui entend bien révolutionner l'image et l'usage du composite industriel. "Le composite a longtemps été compris comme un matériau à très haute technicité réservé à des secteurs de pointe comme l'aéronautique, le spatial ou la formule 1", explique Dominique Crassous, dirigeant de la PMI carrossoise. "Alors que les applications grand public sont concentrées sur des produits cosmétiques, type coques de rétroviseur, qui n'assument pas de fonctionnalité précise". Avec le procédé de fabrication développé et breveté par la société azuréenne, la donne change puisqu'il permet d'industrialiser et de normer la fabrication de pièces composites massives de qualité. Lesquelles sont "parfaitement duplicables et produites à des cadences marchés pour des quantités pouvant répondre à des besoins de moyennes séries". Autrement dit, le composite se démocratise... au point même d'envisager de concurrencer l'aluminium ! C'est, en tout cas, l'objectif affiché de l'industriel créé en 2015, dont l'un des actionnaires n'est autre que Daniel Le Gal, fondateur de Gemplus.

Des pièces structurelles massives

Le marché du composite se rapproche de celui du métal au siècle dernier dans le sens où il est tracté par les industries du transport à la recherche de matériaux ayant la même résistance sans la contrainte de poids. C'est donc naturellement vers cette cible que s'est tournée H-Prec, dont les premiers produits entrent en préproduction. Des produits siglés C-Blok, marque commerciale de la PMI, destinés au marché de la moto haut de gamme. "Ce sont des pièces structurelles massives comme les tés de fourche, les pièces de bras oscillant et les roues composites", détaille le dirigeant. Comprendre, des jantes en composite qui allègent la roue, entraînant des gains en termes de performance, de freinage et par voie de conséquence de consommation. "Cela n'a rien d'anecdotique, au quotidien le perçu est réel", insiste-t-il. D'où sa volonté, non pas d'adresser la niche des motos de prestige, à très faible diffusion, mais le marché des motos haut de gamme, de route ou de tourisme, particulièrement demandeur de pièces de performance et dont les besoins quantitatifs "correspondent à ce que nous pouvons faire". A savoir, une dizaine de milliers de pièces par an.

L'autre marché défriché par H-Prec est celui des camions pour lesquels des ressorts de suspension et des jantes en composite sont en cours de d'études. "Ce sont deux pièces incontournables, qui pèsent très lourds, et dont la diminution de poids, de l'ordre de 1 à 3 par rapport aux pièces en acier, permet d'augmenter considérablement la charge utile et de gagner en rendement là aussi. Et ce, à des prix proches de ceux des roues aluminiums", revendique Dominique Crassous. Qui poursuit : "Niveau quantité, nous sommes au-dessus du marché de la moto, avec plusieurs dizaines de milliers de pièces par an". Ce qui supposera de monter en puissance en développant une ligne de production supplémentaire.

Mise en place prévue fin 2020

En attendant, l'entreprise prépare la commercialisation de ses premiers produits moto dont la mise en place chez ses partenaires distributeurs et marques "européennes de premier rang" est programmée à la fin 2020. Un calendrier que la crise du Covid-19 est venue chambouler d'un semestre. Plus embêtant, la nécessaire "réorganisation" de son offre commerciale, du fait de l'année blanche ou presque qui se profile pour le secteur. Ainsi, conçue au départ comme une option sur l'achat de véhicules neufs, elle devrait s'orienter sur le marché des accessoires, au moins durant un an. De quoi permettre à H-Prec, financée jusqu'alors par ses fonds propres, son actionnaire et des aides de Bpifrance, d'engranger un premier chiffre d'affaires (dont l'objectif n'est pas communiqué) après avoir étoffer l'effectif, aujourd'hui composé d'une demi-douzaine de collaborateurs, de 5 personnes supplémentaires d'ici à la fin de l'année. "Nous n'avons pas besoin de profils particuliers, précise le dirigeant, c'est tout l'intérêt des process en ligne. Nous recherchons juste des collaborateurs travailleurs, assidus et de bonne humeur". A bon entendeur...

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