C4 Diagnostics  : de la légionellose au covid-19

Après la légionellose, les infections urinaires et la résistance aux antibiotiques, cette startup implantée à Marseille spécialisée dans le diagnostic des maladies infectieuses s’attaque désormais au coronavirus. Pour ce, elle a développé avec les Marins pompiers une plateforme pour détecter la présence du virus dans l’environnement. D’autres projets sont également dans les tuyaux…
(Crédits : NEXU Science Communication)

C'est une maladie dont les symptômes ressemblent à ceux du covid-19 sauf que celle-ci est bactérienne quand le coronavirus est viral. La légionellose est encore relativement rare mais elle gagne du terrain. "On estime que le nombre de cas augmente de 10 à 20 % chaque année", explique Younes Lazrak, PDG de C4 Diagnostics. Probablement en raison de nos modes de vie et du réchauffement climatique.

Pour détecter la maladie, deux tests sont disponibles sur le marché. Le premier, rapide, fonctionne comme un test de grossesse. "Mais il ne détecte qu'un sérotype de la maladie, de telle sorte que 20 à 50 % des cas passent inaperçus". Le second test consiste en une culture dans une boite de pétri. "Mais il faut compter une semaine pour avoir des résultats". Pourtant, si la maladie n'est pas traitée dans les 48 heures, elle est létale dans un cas sur deux, contre 10 % à 20 % lorsqu'elle est prise en charge à temps.

Une technologie développée par le CNRS et Aix-Marseille Université

D'où l'intérêt d'un diagnostic rapide et efficace, ce qu'a développé la startup. Pour ce, elle s'appuie sur une technologie développée par l'Université d'Aix-Marseille et le CNRS dont elle a la licence exclusive. "Nous utilisons des sucres naturellement présents à la surface des micro-organismes. On les synthétise en leur ajoutant une fonction bio-orthogonale, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas reconnus par le vivant". Ainsi, quand les bactéries perçoivent le sucre, elles l'utilisent comme une brique de construction de leur membrane. Or, "ces sucres sont comme des hameçons auxquels on accroche des sondes fluorescentes, des enzymes ou des billes magnétiques". Ces ruses permettent de détecter différents types de bactéries en fonction des sucres utilisés.

Disponible pour la recherche depuis septembre 2019, ce diagnostic de la légionellose fait l'objet d'essais cliniques préalables à l'obtention du marquage CE, quelque peu retardé du fait de l'épidémie de coronavirus.

Infection urinaires et résistance aux antibiotiques

En parallèle, la startup planche sur la détection d'autres pathologies telles que les infections urinaires, infection la plus courante chez l'homme avec 150 millions de cas annuels. Là aussi, les tests prennent du temps et des antibiotiques sont souvent donnés à tort dans l'attente des résultats. "Avec notre technologie, les bactéries impliquées deviennent fluorescentes. Cela nous permet de les détecter très tôt, à partir de quelques microns et non quelques millimètres". Soit 3 à 4 heures. "La preuve de concept est faite". L'enjeu est désormais logistique. "Il faut automatiser le système pour débiter des centaines d'échantillons par heure. Nous sommes en phase d'optimisation du protocole".

Et qui dit infection dit souvent résistance aux antibiotiques, troisième corde à l'arc de la jeune pousse. "Cela représente de gros enjeux humains et financiers", note Younes Lazrak. La résistance est en effet la cause de 33 000 décès par an en Europe. Outre-Atlantique, on estime que cela coûte chaque année 55 millions de dollars à l'économie américaine.

"Il est important de tester les germes qui causent les infections pour savoir quel antibiotique prescrire et éviter de donner trop d'antibiotiques à large spectre". D'autant que la résistance aux antibiotiques peut aller jusqu'à une septicémie potentiellement mortelle, le temps étant là encore un facteur déterminant. "Aujourd'hui, les tests les plus performants donnent un résultat en dix heures. Nous réduisons ce délai à deux heures".

De nouveaux tests pour combattre le coronavirus

Autant de chantiers qui se poursuivent mais à une allure plus modérée puisque le coronavirus occupe désormais sept salariés sur les quinze que compte la société. Car C4 Diagnostics veut mettre son expertise au service de la détection du coronavirus, une expertise dont ont eu vent les Marins de pompiers de Marseille. "Nous avons été contactés le 18 mars pour tester la présence du virus dans l'environnement". Le partenariat donne lieu à une plateforme baptisée Comete. Les Marins pompiers sont en première ligne. A l'aide d'un écoutillon et d'une solution, ils réalisent des prélèvements sur des endroits sensibles tels que la poignée de porte d'un véhicule d'évacuation sanitaire. Pour ce, ils ont au préalable été formés par C4 Diagnostics. Les échantillons sont ensuite transmis à la biotech qui les encode avant de les envoyer à HalioDX, société partenaire qui réalise les tests et envoie les résultats à C4Diagnostics qui les transmet à son tour aux Marins pompiers, "le tout dans un délai de sept heures". "Nous nous chargeons de toute la logistique", y compris de la sensible question des approvisionnements. "C'est la guerre pour s'approvisionner en réactifs. Il y a des listes d'attente faramineuses. Mais nous avons mobilisé tous nos réseaux de fournisseurs et sociétés amies. Aujourd'hui, on a l'impression que le plus gros des difficultés d'approvisionnement est sous contrôle, si ce n'est derrière nous".

Enfin, en partenariat avec l'Institut Pasteur et l'entreprise Enalees spécialiste du diagnostic vétérinaire, la startup planche sur un autre type de test, sur les personnes cette fois. "Il s'agit d'un test PCR Lamp pour un diagnostic en une demi-heure". Peu utilisés faute de pouvoir tester un grand nombre de patients à la fois, les tests Lamp ont l'avantage d'être plus rapides. Pas plus gros qu'une boite à chaussures, l'outil pourrait être installé dans des urgences ou des Ehpad, l'idée étant "d'aller au plus près". Younes Lazrak espère voir cette solution disponible d'ici deux mois. "Il faut que nous soyons en capacité d'en produire beaucoup". Des discussions sont en cours avec de potentiels partenaires industriels.

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Commentaires 2
à écrit le 28/01/2021 à 11:50
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Lorsque on a été atteint sérieusement par la légionelloseet guérie avec cicatrices sur les poumons-mais devenue allergique aux macrolides suite au traitement à l’erytromicine, quels sont les risques encourus lors d’une contamination par le coronaviru...

à écrit le 07/12/2020 à 13:07
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Bonjour messieurs, J'ai attendu une semaine avant de consulter et le médecin m'a vite envoyer faire une analyse et le lendemain j'entrais au service des urgences de Clermont-Ferrand lequel m'a soigné pour la légionellose en me traitant au bo...

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