
L'industrie revient de loin. Difficile de chasser les images d'Épinal, celles d'usines crachant des fumées noires, de travail difficile et harassant, d'ouvriers malmenés et mal payés... Mais ça c'était avant. Avant l'arrivée du numérique, des startups et surtout du besoin de reconquête. Car, oui, l'industrie s'est retrouvée confrontée à des enjeux de compétitivité nationaux et internationaux et pour ne pas se laisser dépasser, il a bien fallu embrasser cette industrie du futur. C'est exactement ce à quoi exhorte l'Alliance industrie du futur, présidée par Bruno Grandjean (lire l'entretien ci-contre). Sa mission : inciter, accompagner, rassurer, encourager les PME industrielles à ne pas regarder passer le train de l'innovation. En clair, le numérique c'est fantastique, le durable aussi, et le tout crée une dynamique permettant de grignoter de nouvelles parts de marché.
Afin de mettre en avant des exemples concrets, les Vitrines industrie du futur ont été créées. Ce label estampille celles ayant remis à plat leur modèle et qui ont su aller vers ce futur prometteur. Elles sont 70 actuellement à s'en prévaloir dans l'Hexagone, comme autant de pépites brillant ici et là, un encouragement concret pour celles qui hésiteraient encore. Autre initiative, pilotée par Bpifrance, la French Fab, lancée en 2017, reprend les codes du coq tricolore, habillé de bleu, une nouvelle arme pour être visible à l'international. D'ailleurs, son tour très remarqué au Consumer Electronics Show de Las Vegas en 2018, était bien là pour montrer l'ambition de faire connaître l'industrie nationale au-delà de l'Hexagone.
Un effet d'entraînement
Et ce coq bleu, il plaît bien. D'abord aux industriels eux-mêmes qui décident d'en revendiquer l'appartenance. Et l'effet d'entraînement voulu est bien là. Le French Fab Tour, qui a parcouru les routes de France et de Navarre dès janvier 2019 a permis d'en mesurer l'impact visible sur le terrain. « L'industrie aujourd'hui, c'est une multitude de métiers, certains que l'on ne trouvait que dans les grands groupes, d'autres novateurs. C'est du numérique, de la RSE. C'est la sécurité de l'emploi aussi », plaide Marcel Ragni, ambassadeur French Fab pour la Côte d'Azur et patron d'une PME de près de 100 salariés. Qui rappelle le rôle qu'a aussi l'industrie en matière de cohésion territoriale, « faisant vivre les villes et les villages, maintenant une économie locale, un quotidien ». Et ça, c'est aussi le rôle de Territoires d'industrie, le dernier dispositif en date, bien plus prometteur qu'il n'y paraît.
L'industrie du futur a aussi un avantage, c'est qu'elle représente un défi pour toutes les entreprises. Certes, les plus grandes d'entre elles bénéficient de moyens financiers et techniques, de ressources... Mais les plus petites tirent parti de leur agilité, de leur souplesse, et de leur capacité à pivoter.
Intelligence commune
Chez Thales par exemple, l'industrie du futur se déploie avec les startups. En confiance, dans une sorte d'intelligence commune, explique Vincent Clot, chargé de l'Open Innovation et des Ventures au sein du Cluster Innovation. C'est la vague Newspace, l'industrie spatiale d'initiative privée, incarnée par Elon Musk et Space X, qui a mené la société à développer son approche innovation en s'appuyant sur cet écosystème et des moyens tels que des fab labs, hackathons et consorts.
Surtout, il existe tout un pan de la nouvelle économie spatiale, où l'apport de Thales Alenia Space sert les industries terrestres comme celles de l'alimentaire ou du pharmaceutique. Le digital twin ou jumeau numérique est totalement stratégique. « Nous développons systématiquement une image digitale qui nous permet de comprendre le comportement d'un engin spatial dès sa conception », explique Vincent Clot, ne cachant pas que la robotique spatiale constitue le prochain défi pour étendre la flexibilité vers la dimension matérielle.
Chez Engie, c'est le projet Darwin - le contrôle centralisé des parcs d'énergie verte et l'exploitation des données pour optimiser leur rendement - qui a été labellisé Vitrine du futur. Mais l'une des plus belles opérations de communication s'appelle "L'Usine extraordinaire". Rien que l'intitulé fait rêver. L'idée de recréer une usine, en vrai et grandeur nature, illustre parfaitement les discours. La première édition, au Grand Palais, l'an dernier, a fait la preuve du concept. Comme dirait un célèbre slogan, "aujourd'hui, c'est déjà demain"...
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L'INDUSTRIE EN CHIFFRES
- 3 .300. 000 emplois directs
- 4 .500. 000 emplois indirects
- + 15 .500 emplois créés par an
- 274 milliards d'euros de valeur ajoutée
- 12,6 % du PIB marchand
- 260. 000 entreprises dont 90% de PME et TPE
- 25 milliards d'euros de dépenses de R&D
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