Ce que le drone sous-marin de Notilo Plus va apporter à CMA CGM (et vice-versa)

Installée à Marseille, la jeune entreprise innovante va déployer ses solutions baptisées SeaSam auprès de l'armateur français. Une application grandeur nature qui démontre tout l'intérêt de la technologie pour des usages nouveaux, mais évidemment prometteurs.
(Crédits : DR)

Tout commence juste avant le CES Las Vegas 2019, lorsque sur le point de partir outre-Atlantique, la startup reçoit des mains de Rodolphe Saadé, le tout premier prix Jacques Saadé, remis lors des Trophées de l'Economie de La Provence. Une distinction qui marque le premier pas d'une aventure, laquelle connaît désormais une autre étape : le contrat de coopération. Car depuis la soirée festive, le lien entre CMA CGM et la startup n'a cessé de se nourrir.

La coopération qui s'engage est donc, évidemment, une reconnaissance du caractère innovant mais surtout applicatif des solutions pensées par Notilo Plus. Pour rappel, l'entreprise créée en 2016 par Benjamin Valtin et Nicolas Gambini développe des drones sous-marin autonomes. Déclinés en version loisirs, ils s'appellent IBubbles. En version professionnelle, c'est Seasam. Leur capacité à capturer et exploiter les données offrent en effet des applicatifs qui ne sont pas négligeables, on s'en doute pour le côté loisirs, mais pas moins pour le monde industriel.

Monitoring intelligent


C'est exactement ce potentiel et cette plus-value que CMA CGM a identifiés. C'est ce qu'explique Xavier Leclercq. "L'arrivée des drones, aériens et sous-marins ont révolutionné le monde et l'on voit des applicatifs très intelligents être rendus possibles". Et le VP CMA Ship d'expliquer qu'en étant autonome et non filo-guidés, ils apportent une solution différenciante. "Ce sont des drones intelligents, dotés de systèmes de mémorisation qui leur permettent d'être pré-programmés, de géolocaliser les endroits par lesquels ils sont passés. On développe ainsi une capacité à inspecter une coque, à identifier une typologie de défauts et l'endroit exact où se situent ces défauts".

CMA CGM vérifie régulièrement les coques de ses bateaux, mais aussi chaque fois qu'il existe une suspicion d'événements particuliers, comme des dépôts de paquets métalliques de drogue. "Nous inspectons nos coques afin de connaître l'évolution des peintures sous-marines, peintures dont nous aimons monitorer la qualité et déclencher un nettoyage qui améliore l'hydrodynamisme des coques", poursuit Xavier Leclercq. Le drone développé en collaboration avec la startup marseillaise, assorti d'une plateforme digitale de suivi de mesure, va donc permettre à la compagnie maritime de "surveiller" ses coques et d'améliorer productivité et performance énergétique.

Mais CMA CGM ne met pas uniquement dans la corbeille de la mariée, le contrat de coopération. Elle apporte également une participation financière via CMA CGM Ventures dans la levée de fonds conclue pour 1,75 M€ par la jeune pousse auprès de différents investisseurs, dont bpifrance. Un investisseur historique qui remet au pot, heureuse récidive qu'explique Victoire Millerand, directrice de participations au sein de la banque publique d'investissement, qui indique que l'intérêt réside dans "l'avance technologique forte qu'apporte Notilo Plus", à coups de briques de deep learning adaptées au maritime. Une société innovante qui connaît une nouvelle étape, laquelle "va servir à accélérer le développement du marché". Evidemment, Notilo Plus est "représentatif des investissements que nous réalisons dans le secteur au sein duquel il évolue".

Accélérer la R&D

Passer à la vitesse supérieure, c'est bien ce qu'entend réaliser Nicolas Gambini. D'autant que "notre technologie est robuste" et que l'accélération suivie au sein de ZeBox, à Marseille, qui est soutenu à l'armateur, est riche de développements. Surtout, la coopération effective avec la compagnie maritime, outre le fait de signer une reconnaissance, va permettre à Notilo Plus de se voir ouvrir d'autres portes dans le monde du shipping. Avec pour conséquence, "de nous faire accélérer dans notre R&D", pointe le co-fondateur de la startup.

Depuis le début d'année et le CES Las Vegas, 150 drones ont été expédiés.

La levée de fonds doit permettre de stabiliser l'enjeu industriel. L'équipe, qui comporte 17 salariés, va également être renforcée.

L'objectif est de livrer 300 à 500 autres drones d'ici la fin de l'année. Et se préparer pour 2020, surfant sur une vague de croissance.

"Concernant la partie loisirs (c'est-à-dire avec IBubble NDLR), nous sommes les seuls sur le marché. Notre produit répond à des besoins", précise Nicolas Gambini.

Avec SeaSam, le développement commercial s'est enclenché. EDF a fait connaître son intérêt afin de mesurer l'impact des prélèvements d'eau sur la faune et la flore, opération jusqu'alors réalisée par un plongeur. Avec l'école de nageurs de combat de Toulon, contact a aussi été noué. "L'industrie a commencé avec l'aérien, les drones sous-marins sont arrivés plus tard, mais nos briques d'IA apportent de la valeur". Et font plonger le monde industriel dans un monde nouveau...

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