Les microalgues d’Inalve passent (enfin) en phase d’industrialisation

A l’origine d’un procédé de production innovant de microalgues destinées à l’alimentation animale, la jeune pousse née à Nice change d’échelle et entre en phase d’industrialisation avec l’installation, en région Sud, d’une unité industrielle pilote opérationnelle dès cet été.
(Crédits : DR)

La jeune pousse passe à la vitesse supérieure en donnant le coup d'envoi de son unité pilote de production de microalgues. "Dans quelques semaines, les premiers modules seront installés sur site et opérationnels", indique Christophe Vasseur, co-fondateur avec Hubert Bonnefond de la start-up azuréenne qui a levé, à cet effet, 1,6 M€ auprès des fonds R2V, Région Sud Investissement et un pool d'investisseurs privés. Le procédé de production innovant imaginé par ces experts en biotechnologie devrait progressivement monter en puissance pour produire, dès 2020, 10 tonnes de microalgues par an. Et ainsi commencer à servir les industriels de l'alimentation animale, et plus particulièrement l'aquaculture, avec ces plantes microscopiques, riches en protéines, acides aminés, antioxydants, vitamines et oligo-éléments. Lesquelles, une fois transformées en farine, constituent une alternative naturelle et renouvelable aux farines de poisson et protéines végétales. Une solution jusqu'alors sous-exploitée pour cause de coûts de production trop élevés.

Procédé compétitif et écologique

C'est là qu'intervient Inalve. La société créée en 2016, accompagnée par l'incubateur Paca Est et hébergée (encore quelques semaines) au sein du laboratoire océanographique de Villefranche-sur-Mer, a développé un procédé breveté de culture de microalgues sous forme de biofilm, plus compétitif et écologique que la production en suspension dans l'eau communément utilisée. "Si les algues ont une propension naturelle à flotter, elles peuvent également se déposer de façon tout aussi naturelle sur des supports comme les rochers. Il suffit juste de gratter pour obtenir une microalgue déjà concentrée", explique le dirigeant qui s'affranchit ainsi de l'étape consistant à séparer l'eau de la plante qui représente "40% du coût de production". Sans parler du prix énergétique : "Avec notre procédé, la consommation en eau est réduite de 70% et en énergie de 90% par rapport aux solutions classiques et la récolte, plus rapide, mobilise moins de surface au sol". Les recherches qui ont abouti à ce nouveau mode de production et à sa preuve de concept ont été financées par les subventions obtenues à la suite de différents concours remportés par Inalve, le dernier en date étant le Concours mondial de l'Innovation 2030, phase "levée de risques", récompensé en 2018 par une enveloppe de 1,4 M€.

Multiples enjeux

La microalgue marine cultivée - la tetraselmis - a été choisie pour sa qualité nutritionnelle intrinsèque, la plus à même de répondre aux enjeux des industriels de l'alimentation animale. A savoir, pallier la pénurie de ressources annoncées en farines de poisson et protéines végétales. "Le besoin en protéines va tripler pour atteindre 60 millions de tonnes d'ici à 2050, or il n'y a pas assez de terre arable pour y répondre ni d'ailleurs assez de poissons dans les océans dont 54% sont déjà en surpêche", prévient le dirigeant. Qui souligne que cet appauvrissement des ressources maritimes a une conséquence sur le prix des farines de poissons, par ailleurs souvent porteuses de résidus de métaux lourds rejetés à la mer, qui "a triplé sur les 15 dernières années". L'enjeu est donc environnemental, sociétal, économique et de santé publique. D'où le choix d'adresser en priorité l'aquaculture, "un marché mature, structuré et prêt à absorber toutes les protéines que nous allons produire", assure-t-il.

A suivre, les fermes de production

L'entreprise, qui emploie 7 personnes, prévoit d'étoffer son effectif pour atteindre la quinzaine de collaborateurs d'ici à la fin de l'année. Elle recherche notamment un business développeur et un directeur industriel. Si Inalve ne communique pas sur son objectif de chiffre d'affaires, elle affiche toutefois la volonté de prendre rapidement pied sur le marché français - tout petit producteur de microalgues avec 60 tonnes par an sur les 10 000 tonnes produites dans le monde - et européen. "Le pilote industriel va nous permettre de continuer à prouver la qualité de nos farines sur différents poissons et crevettes. Il s'agira ensuite de se lancer à plus grande échelle avec une première ferme de production, toujours en Provence Alpes Côte d'Azur, avant d'en déployer d'autres hors de France". Une nouvelle levée de fonds sera alors envisagée.

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