Comment Rofim veut connecter les médecins entre eux

Située à Marseille, cette startup met en relation des médecins afin qu’ils puissent échanger en ligne sur les cas de patients. Lancée il y a quatre mois, la plateforme compte 200 inscrits. Pour la développer plus encore, Rofim cherche à toucher les internes et s’apprête à se doter d’un service de téléconsultation.
(Crédits : DR)

Esseulés. C'est ainsi que se sentent bon nombre de médecins dans les territoires où l'offre de soins se raréfie. Face à un cas complexe, ils ne peuvent pas toujours faire appel à un confrère d'une autre spécialité. Ou bien les solutions qui s'offrent à eux sont loin d'être idéales. Envoyer une analyse biologique par mail ? Un scanner via une plateforme d'envoi de fichiers lourds ? La qualité d'image pourrait en pâtir, sans parler de la sécurité qui serait largement mise à mal. Des difficultés de communication qui affectent en premier lieu les patients, mettant à mal leur diagnostic et donc leur traitement.

Face à ce constat, David Bensoussan, chirurgien vasculaire, et Virgile Omnes ont l'idée d'un outil fiable et sécurisé d'échange d'informations médicales entre médecins. Et ils peuvent s'appuyer sur une nouvelle règlementation encourageant la télé-expertise puisque celle-ci est désormais rémunérée à la fois pour le médecin qui donne un avis et pour celui qui le demande, selon des critères d'éligibilité assez larges. L'Assurance maladie y voyant l'occasion de réaliser des économies et de désengorger les urgences. Un cadre législatif qui sert de fondation au modèle économique de l'entreprise : celle-ci se rémunèrera via une commission sur les remboursements d'avis médicaux perçus par les établissements de santé.

Pour l'aspect technologique, les deux associés s'appuient sur la société marseillaise Klanik, spécialiste du digital, et en particulier sur son incubateur de startups, Korner. L'outil est prêt en décembre 2018, après un an de développement et deux mois de tests.

Envoi d'images de très haute qualité

"La page d'accueil est construite comme celle d'un réseau social. On peut publier ce que l'on veut : une information, le résultat d'une chirurgie alternative...", montre David Bensoussan. "Il y a aussi une rubrique Correspondants avec une fiche de renseignements pour chaque médecin : sa spécialité, ses sous-spécialités, sa ville, sa formation. Il peut préciser s'il est expert d'une maladie particulière, une maladie rare par exemple". Chacun pouvant être sollicité par un confrère.

Mais la grosse plus-value de Rofim est la possibilité de publier de l'imagerie de très haute qualité sur laquelle il est possible de réaliser des mesures. "On peut envoyer un fichier de 300 à 400 Mo en moins d'une minute. C'est le fichier source tel qu'il sort du scanner ou de l'IRM. Aucune autre plateforme ne propose cela".

Une formule qui a déjà convaincu environ 300 médecins en quatre mois, pour une centaine de cas échangés. "Les deux tiers des utilisateurs se trouvent en région Sud. Le tiers restant se répartit entre Lyon et Paris". Mais la cible prioritaire demeure les médecins isolés, dans les déserts médicaux. D'où un important travail de communication.

Les internes : un public stratégique

Rofim s'intéresse aussi aux internes qui utilisent souvent les réseaux sociaux classiques pour échanger sur des cas, en dépit de la sécurité des données. De mauvaises habitudes qu'ils pourraient avoir envie de corriger s'ils en avaient l'opportunité, et surtout une appétence pour le numérique qui en fait un marché plus facile d'accès. Un marché d'avenir qui plus est, puisque ce sont les médecins de demain.

La startup veut également élargir son champ d'action en proposant une version 2 qui intègrerait de la téléconsultation assistée d'un infirmier. "Elle devrait sortir à la fin du mois". Une idée née de la demande des clients qui n'ont pas toujours accès à leurs patients les plus fragiles, hébergés en Ehpad par exemple.

"Fin 2019, nous visons les 2500 médecins utilisateurs. Le double en 2020". Sur le marché régional d'abord, puis français. Mais l'international n'est pas bien loin ; d'ailleurs la plateforme est déjà disponible en anglais. "Nous regardons ce qui se passe pays par pays. Certains comme l'Allemagne et la Suisse sont très avancés en matière de télémédecine. On y trouve déjà beaucoup d'acteurs. Ce ne sont donc pas ces marchés que nous visons, mais plutôt ceux où ces pratiques émergent". Une destination qui reste à affiner, pour un décollage prévu en 2021.

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